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Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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11 avril 2011

Les murs ont des racines dans l'eau

 

 

Les murs ont des racines dans l’eau
Je cours - deux pas ne font qu’un
Quand la musique s’étend - rien ne bouge
Mes yeux vers l’autre rive
Je voulais être vide - sereine

Silence, j’avais la main sur le ventre
J’avais les mots à dire au bout de la langue
Une voix à élever dans un monologue
Des gestes - au bout de mon doigt

Je t’embrasse dans le passé

Me tordre.... je n’ai plus le temps

Quand se créa le manque
J’ai tué le silence - pendu mon insomnie au rideau
Je ne sais pas vivre dans un ciel rouge - grince la folie

Au travers de la tête - séparée
Les nuits sont passées - c’est encore hier
Emmène moi danser là où on ne dort pas
Il y a en moi un monde qui flambe

En nous
Il n’y a plus rien à penser
Une maison réfractaire
Et nos langues à mouiller
Balbutiements des sexes à ré-habiter

Oxygène de tes yeux
En l’air vers où …
Je te regarde - vers moi
A travers moi - dans toi

Des pavés jalonnent ta route
J'en fais un miroir - aspirant

Le retour du tympan à soi
Ce n’est pas rien
C’est le retour de la mère
Ta main - un coquillage - que je caresse

En spirale je t’avale à vie - vers où….
dans les méandres de moi - vers toi

Les murs ont des racines dans l’eau
Derrière les murs
Il y a nos racines....

Nos têtes dans l’eau

En terre porteuse de nous



 

lutine

 



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12 avril 2011

Nocturne

 

 

 

Cette lumière chaude
alors que j’ai froid
lourdeur rigide de la nuque
orange elle tape aux carreaux
ronde elle danse

Dans la chute des heures
alors que les lustres s’illuminent
les arbres noirs étendent leurs bras
chaque soir elle fait son tour de manège

Horloge ou faille
elle creuse le temps
range doucement le printemps
jusqu’à demain

Il n’y a plus de mémoire
comme une eau
dormante est la route
la maison en feu

Je suis là à contempler l’herbe teintée de gris
les girouettes flanquées d’habits noirs

Dans l’ombre
un visage et sa voix
posent le long des dimanches

Mille doigts chaque soir annoncent la résurrection
aux yeux levés sur elle
je marche sur la lune
et me tiens debout

Les mains poursuivent




lutine – 12-04-2011

 



19 mai 2011

Matin

 

 

 

 

 

Secouer les draps
les rêves et les larmes
alors que le soleil poursuit son destin
sentir l’air qu’on ne voit pas
la fièvre tombe fenêtres ouvertes

Plume échappée d’un lit défait je te regarde choir
rejoindre la rosée qui habille le printemps

Les seins écrasés au bord du balcon

yeux mi-clos protégés d'un nouveau jour 
se pencher vers le bas et regarder
la chute de la nuit
les corps en suspension
lentement se défaire des odeurs

Les heures d'insomnie se balancent

dans un faisceau de lumière
sur le ventre doucement se posent
cheveux défaits
peau usée
la mort se nettoie
et on ne peut la toucher

C’est ainsi que les oiseaux trouvent matière à leurs nids

Lumière d’or venue du ciel
le monde est à deux pas
le fleuve submerge le lit
invisible mer devenue silence

.

 

lutin - 21-04-2011

 

 

26 avril 2011

Pages blanches

 

 

D’un ciel trop bleu je suis partie
j’ai laissé la voiture sous le soleil
une lettre sur le tableau de bord
dans mes mains un livre

Je me suis évadée
du regard de l’homme
j’ai fermé les yeux
j'ai mis mes mains dans mes poches
juste pour le contact de la peau
serrant les poings j’ai regardé d’autres hommes
ils m'ont pris la main
j’ai senti la glace parcourir mes veines
et ma parole s’enfouir
dans cet espace clos
qu'est ma bouche

J’ai avalé mon corps
le mouvement de mes doigts
la pluie pour éteindre le feu

Ecrire pour ne pas mourir
écrire avec le cœur
coupée du monde
quand les pieds se balancent

Je me suis trompée de folie
la phrase se dérobe
la phrase prend corps
à l’arbre me ligote
sous les paupières closes se dessinent les formes
le dessin de ses yeux
le nez long et droit 
le tremblement de la bouche 
les cheveux démêlés par le vent
filaments transparents
jusqu'aux épaules

Les phrases se lisent à haute voix
déliez-moi les mains
que je puisse écrire
des pages blanches
jetées au vent





lutine - 26-04-2011

 

 

29 avril 2011

Dans l'air

 



Cette musique me fait peur

c’est la première fois que je l’entends

cette musique de l’océan me fait peur

elle me dit que dehors il y a de belles choses

que je n’entends pas

même les yeux fermés 

 

La cascade est silencieuse

et me ronge 

 

Maman j’ai faim

les mains seules dans l’espace

je dénoue les fils

et je tremble

de peur ou de froid

je tremble

immobile j’attends

j’attends comme le messie

l'invisible flamme 

 

Combien de temps me reste-t-il ?

combien de temps me reste-t-il pour tout dire ? 

 

Cette musique me fait peur

quand elle résonne au fond des cathédrales

à l’orgue si on lève la tête jusqu’au ciel

reposent mes mains sur le bois de l’instrument

repose un pied habillé d’ombre

plus haut des papillons au crépuscule 

 

Cette musique me fait peur

c’est la première fois qu’elle dessine une posture

tête baissée que l’on ne voit pas

à côté des bancs désertés

je dessine les corps par terre

.

.





 

lutin - 29-04-2011

.



 



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6 mai 2011

Roulette russe

 

 

 

Le vent n’a pas fini de discourir
comme s’il me réconciliait avec ma bouche
dans le décor que j’habite.

Je parle aux arbres
aux murs qui mangent ma voix
alors que l’endroit se vide
à la vitesse du cheval au galop
comme les vagues se retirent.

La vie s’arrête brusquement sur une terre labourée
dire, que dire qu’elle ne sache déjà
qu'elle ne transpire déjà
assoiffée de l'avenir
l'eau n'a pas fini de couler.

L’épaisseur de l’air s’est enroulée autour de moi
dans la tête c’est le tocsin
une aspiration vers le ciel
et la main qui désigne la nuit
le voyage accompli en profondeur
amas de promesses et de cendres.

Il s’agit de renouer l’envie
à grands coups d’étincelles
roulette russe, amie ou ennemie
foudre quoi qu'il advienne.

On efface tout de la mer et de la terre
le sable devient lisse, beau et pur
quand la mémoire est là
comme une perle dans son écrin.

Il faut en faire des pas et des pas
jusqu’aux marches à l'angle d’acier
les peaux gommées à l’usure de la trame
ouvrant l'horizon en miroirs successifs
vers l’autre rive.

 

 

lutine

 

  

 

10 mai 2011

Poissons de pierre

  

Tu mourras de tes insomnies
nos mains tremblent
nos doigts se cherchent
tout est différent
nous avons basculé
petites bêtes au bord du vide

Les poissons de pierre
enfantent sur le trottoir
reste donc un peu tranquille
j'aimerais te regarder encore
trop bleu éteindre la lumière

Nous nous sommes enfermés
dans la fenêtre ouverte
quand je tourne la tête
l'arbre se meurt dans sa maison
et invente des nuages



 

lutine - 10-05-2011

 



 

25 mai 2011

Claquement d'aile

 

 

Comment dormir ?
je veux jouer à colin maillard
tissu de soie contre les reins

Quand la vie s'efface
dans le dos il n'y a rien
que des paroles inutiles
et les orages ouvrent la terre

Sous le bandeau
courent l'arbre et son ombre 
petites bêtes accrochées à l'écorce
je suis le tronc
sans pardon
l'empreinte et le souvenir
dans le nœud du bois
on y compte les âges
le désert qui emplit la nuit

Les oiseaux ne chantent pas
témoins du soleil
il faut attendre le premier cri
de nos âmes insipides
lorsque je suis assise
il arrive juste avant le premier claquement d'aile

 

 

 



lutine - 24-05-2011

 



26 mai 2011

Child

  

 

 

La roche est friable
et la mer de sel s'évapora
fille de l'air elle quitta la terre
propriétaire de l'espace

Epouse du soleil
le cadenas clos
elle danse le dimanche
loin du puits creusé
entre cercueil et montagne
au domaine des morts

Pose tes mains sur la pierre
encore chaude l'eau reviendra
mouiller tes mouchoirs







 

lutine - 25-05-2011

 





  

10 juin 2011

Traversée blanche

 

 

La lumière enfouit son visage
c'est l'heure de l'absence
quand elle incline la tête c’est la forêt qui s’éclipse
fruit gorgé de mémoire
de l’arbre et la racine elle se détache
comme un nuage 
son corps enterre le jour

La pluie s’abat
lave le jour écoulé 

alors que tout sommeille
on crie

on crie dans le noir les heures perdues
dans la fenêtre ouverte on se penche
à la recherche de la voleuse de nuit

Contre le mur les peupliers pleurent à genoux 
courbé devant la table le monde devient irréel
la rue est déserte
les feux tricolores imperturbables éclairent les rêves
les mots alignés et les couleurs changent leurs habits
Vert, on peut écrire
Rouge, la musique fredonne un chant inaudible

Le non-être c’est être là où rien ne se passe
c’est dormir quand le monde s’éveille
la nuit expulse les orages internes
change l’humeur dans l’ombre du réverbère
lui veille sur les trottoirs les passants absents
les vivants et les morts
bleu est le gyrophare, pas besoin d'hôpital
c'est le cœur qui joue à saute-moutons

Derrière les portes il y a un autre monde
derrière la porte close il n’y a plus personne
demeure un somnambule livré à ses couleurs
aux histoires qu’il s’invente assis à sa table de travail

Au bout de la nuit quand le ciel relève la tête
il n’y a rien
rien que du vent tricoté en écharpe autour du cou
une traversée blanche qu’on appelle insomnie

 

lutine - 10-06-2011

 

 

14 juin 2011

Parenthèses

 

 

Les pas se perdent
Dans le chemin de terre
Le ciel oublie les ombres
Et leur marche dessus

Les jambes s’enfoncent
Les mots aussi au fond de la gorge
Ragent de ne pouvoir se taire
Close la bouche se perd aussi

Les pas se perdent
Dans un bain d’eau salée
Et je me perds
Et je me tais
Ou je me terre

Les bateaux descendent le fleuve
Le château de cartes prend l’eau
L’écho est celui de l’esprit
Qui ne s’oublie pas

Derrière les arbres se cache une seconde maison
Une chambre
Forêt humaine

Visible seulement le soir
Appuyée aux nuages elle allume les corps

Les yeux se perdent
Les yeux sont ronds comme l’animal de nuit
Phares des noctambules ils comptent les battements d’ailes
Les heures comme la main compte ses doigts

Les mains se perdent
La pensée s'envole
Paralysant le livre encore ouvert
Quand le corps se relève
C’est un clin d’œil au marchand de la nuit

Les yeux se ferment
Les yeux sont parenthèses
Dans le chemin de terre devenu chair
Cher à mes pas

 

lutine - 14-06-2011

 



 

20 juin 2011

La terre sent l'homme

 

 

 

La terre n’est pas forcément là où l’on croit, on y entre sans clef
c’est toi que je cherchais dans la forêt sur les sentiers battus
un livre ouvert tenu entre les mains, un visage à découvert non prisonnier de la page
un visage et ses ailes
il n’est pas utile de le fermer le livre
sous les draps de papier il y a le regard et les pieds qui dépassent.

Au travers de la serrure rien n’échappe
jusqu’aux odeurs de la peur, cette peur de tout perdre
les arbres ont écarté leurs branches
le corps s'est retourné
il n’y avait ni douleur ni joie
il l'a fait comme on ferme la portière de sa voiture pour rentrer chez soi, dans sa propre prison de fer
la terre est peut-être là quand la mouche prise au piège tape au carreau du silence
pour tromper la mort il écoute de la musique de plus en plus fort
la terre, celle qui habite la tête, se rebelle.

La forêt sent l’homme
dans les sous-bois l’on devine les corps accroupis esquivant le monde pour un besoin pressant
le pantalon aux genoux on s’y croit dans un désert
on se croit dans le noir ne faisant que fermer les yeux
comme lorsqu’on était enfant
la terre est un mélange des autres et de soi
on l’alimente de nos littératures intimes, ravivant la mémoire des traces laissées, si bien coiffées puis décoiffées par le vent
il exhume les souvenirs comme les cadavres nourrissent la fibre.

Dans la forêt le corps s’y relâche
parfois il rêve d’une femme sans mœurs
d’une voix et de sa peau
les sexes à découvert, en dehors d’un lit on devient animal.

La traque a commencé dés que les bouches se sont avalées
comme la terre absorbe les excréments et le papier journal que l’on trimbale avec soi
les faits divers couchés dessus
la terre a ce pouvoir surnaturel, elle se coupe en deux quand on fend l’interdit
elle devient terrain vague sous l’outrage
vague souvenir d’un corps abandonné dans l’impudeur, le portable à la main, il a envie d’être seul
le dos droit il reprend sa course.





lutin

 

 

 

27 juin 2011

Ephémère

 

 

Ce qui tue ce ne sont pas les couleurs vives
De l’été fait en hâte
C’est l’éphémère

Tout est vert et humide encore
Des nuages froids glissent dessus
Voilà ce qui tue

C’est l’orage, la pluie
La terre lavée offerte au silence
D’abord elle a un parfum puis prend un goût d’eau

L’eau me tue
L’eau sans peine s’évapore
Dans ma bouche j’attends le goût du sel

La moiteur est seconde peau
Palpable et odorante
Elle prend la couleur de la plage

J’apprends la paix allongée
Vénère la lumière sous les paupières closes
L’anonymat de la nuit

Je suis voilier confiant mon corps à l’infini
Alors que dimanche étale ses débris sur la table
Il accapare l'attention

De la chair, des os 
Un trèfle à quatre feuilles
Ephémère

 

 

lutin – 27-06-2011

 

4 juillet 2011

Indigo

 

 

Il y a ce mur tout près de la fenêtre
Chaud, absorbant le soleil
Le froid court sous la peau
Un mur de mots contre mon dos
Dis comment fais-tu pour ne pas vivre ?
Dis comment fais-tu quand saigne l’envie ?
Le mur rougit face à l’été


J’observe avec résignation
La lumière qui délimite des carrés
J’ai vu les carrés s’arrondir
Il est quinze heures
Rayons meurtriers
Les ombres dorment
Les oiseaux ne parlent plus aux humains
Couchés on ne sait où


Si le soleil souriait, il serait l’or du plaisir
Sur la chape de ciment enflammée
Le cri avant que ne bougent les ailes
Contre le mur il n’y a qu’une couleur uniforme
Sans profondeur
Déjà la terre se fissure
Les fleurs se penchent dans la même direction
Les yeux se ferment


Dis comment fais-tu pour entendre la musique ?
Le jour est comme une veine coupée
On n’arrose plus les jardins
Il ne reste que les heures à compter
Le long du mur qui décline
C’est bientôt la nuit
Contre le mur la voix ne tarit pas


Est-ce l’océan qui me berce ?
Doigts tendres sous les paupières
Ou mon cœur qui bat sur la pierre
Dis que sera demain ?
L’amour et les ombres
Les rideaux que l'on ferme
Serons-nous secrets jusqu’à l’infini ?
L’écho contre le mur
Rougissant de plaisir





lutin – 04-07-2011

 

 

26 septembre 2021

Les chevaux du temps


Jules Supervielle et les chevaux du temps
envoyé par supervielle. - Découvrez plus de vidéos créatives.

 

.

Quand les chevaux du temps s'arrêtent à ma porte.

J'hésite un peu toujours à les regarder boire

Puisque c'est de mon sang qu'ils étanchent leur soif.

Ils tournent vers ma face un oeil reconnaissant

Tandis que leurs long traits m'emplissent de faiblesse

Et me laissent si seul, si las et décevant

Qu'une nuit passagère envahit ma paupière

Et qu'il me faut soudain refaire en moi des forces

Pour qu'un jour où viendrait l'attelage assoiffé

Je puisse vivre encore et les désaltérer.

 

Jules SUPERVIELLE (1884-1960)

13 juillet 2011

Dans ma tête

  

 

Dans ma tête il y a des nuits
Des sommeils qui tuent le silence

Dans ma tête il y a de la pluie aux carreaux
Du vent sous les paupières
Jusqu’à la vague qui noie les heures

Dans ma tête il y a des avions
Et des oiseaux dedans
Des voyages qui passent
Des déserts enlisés au fond des draps

Dans ma tête il y a la mer
Une prison entre elle et moi
Un fourreau qui protège du froid
Un bas de soie galbant l’insomnie
Dans une chaussure de verre

Dans ma tête il y a des trains
Le noir des tunnels à deux pas de la lampe
Le hurlement du métal contre la peau
Des plaies sorties de mes bras
Des précipices à hauteur d’homme

Dans ma tête il y a un cercle qui m’isole
La foudre dans l’immobilité d’un cierge éteint
Prisonnière de l'air
Elle vient chaque nuit noircir les murs

Dans ma tête je suis ailleurs
A la merci des vents contraires
Je suis en plein océan
Fluide dans mon propre poing
Enfermée

Dans ma tête il y a des mouches
Collées sur la bouche
Prise au piège
Dans mon ventre le corps s’agite

Dans ma tête il y a l'assassin de la nuit
des mains qui se portent sur le visage
la salive brille et nourrit les heures





lutine

  

 

15 juillet 2011

Fallait-il s'absenter ?

 

 

Je t'ai cherché derrière les arbres
sous mes pas
dans la terre
parmi les nuages
entre le ciel bleu et la pluie où tu me cherchais
le sol ici montre la mer invisible

On a changé d’année une fois de plus
la lampe ne s'est jamais éteinte
dans l'ombre et l'heure du repos
les voyages sont toujours les mêmes
juste dispersés dans le jardin
le temps est incertain et nous restons à l’orée

Je te retrouve au revers d'un dimanche
pair ou impair selon comme toujours
je ne sais quand l'heure dit qu'il n'est pas l'heure
quand le virage nous plie dans son ombre un autre jour
on dirait qu’elle travaille pour nous
comme les aiguilles de la montre

J'ai tes mots dans ma poche
les traces de tes mains que je retourne
tes appels cloués au fond du métal
jamais effacés
tes pas contre les miens
le souffle le long de la jambe

Expire que je te happe

On est là à dire nos poèmes
le long des routes toujours les mêmes
jusqu'à la fenêtre qui nous aspire
jusqu'au rideau que l'on tire
incertitude de deux mains se prenant le corps
demain que seront nos envies
certitudes je le sais
avalanches d’heures volées

Fallait-il s’absenter ?




lutine - 15 - 07 -2011

 

2 août 2011

Roulette russe

 

 

 

Le vent n’a pas fini de discourir
comme s’il me réconciliait avec ma bouche
dans le décor que j’habite 
 
Je parle aux arbres
aux murs qui mangent ma voix
alors que l’endroit se vide
à la vitesse du cheval au galop
comme les vagues se retirent 
 
La vie s’arrête brusquement sur une terre labourée
dire, que dire qu’elle ne sache déjà
qu'elle ne transpire déjà
assoiffée de l'avenir
l'eau n'a pas fini de couler 
 
L’épaisseur de l’air s’est enroulée autour de moi
dans la tête c’est le tocsin
une aspiration vers le ciel
et la main qui désigne la nuit
le voyage accompli en profondeur
amas de promesses et de cendres 
 
Il s’agit de renouer l’envie
à grands coups d’étincelles
roulette russe, amie ou ennemie
foudre quoi qu'il advienne 
 
On efface tout de la mer et de la terre
le sable devient lisse, beau et pur
quand la mémoire est là macérée
comme une perle dans son écrin 
 
Il faut en faire des pas et des pas
jusqu’aux marches à l'angle d’acier
les peaux gommées à l’usure de la trame
ouvrant l'horizon en miroirs successifs
vers l’autre rive

 

lutin

 



 



3 août 2011

Enigme d'un visage

   

Est-ce que la nuit a des portes
quand la lune ronde fuit 
le tonnerre gronde 
saigne dans le jour tournant

C’est lourd le mâchefer
l’embûche sous les pas
la circulation de l’eau
les odeurs chimiques et organiques
au milieu des décombres
sous les doigts avides on se donne rendez-vous

L’air pesant fait partie des errants
le vol des abeilles autour de nos corps 
tout s’arrête 
il est temps de lancer les dés
dans un brouillard de plomb
et combattre la violence des êtres

Le ciel s’appuie contre un ballon gonflé d’hélium
d’en bas je ne vois pas la vie
les sourires masqués près de la bouche
c’est l’océan que j’entends
écoute ! ses sabots résonnent

L’été se noie comme l’énigme d’un visage 
et se referme
encore une saison s’efface
suit la ligne indécise des pensées

 

Nous aimerions ne pas porter la haine
mais l’orage gronde si fort galopant
sans courage se rabat dans l'ornière 
suspendues au grain de ses coups
les mains se croisent et se décroisent

 

 

lutin – 03-08-2011

 



6 août 2011

C'était un rêve

 

 

Chemin noir, paroles noires
secrets diaboliques
dans la chambre déraison
les portes de l’enfer ne mènent nulle part
contre peau des couloirs sans fin

Sur la peau toute mouillée 
c'est un jeu entre les cordes
la langue de l’amour
la vengeance du fouet
creuse la chair comme s'effrite une île 
 
Jusqu’où s’étend l’ombre de papier
les pages offertes aux étoiles
dans le rêve retenu si longtemps
jusqu’où brûle la nuit
sur les pas de la lune
traversant les flammes

C’était un leurre 
chaud comme le miel
le poison distillé lentement sous la peau
auréolé d’éphémères
de la poudre aux yeux sous les jets du désir

 

lutin - 06-08-2011

 

 

 

12 août 2011

L'écho

 

 

 

Le ciel porte-il un nom au dessus de la conversation ?
la terre porte-t-elle un nom dans le bac à sable ?
angoisse pétunias et myosotis
j'ai écrasé un moustique contre le barreau de la chaise
ce bruit qui efface l’écriture
dans le reflet des vitres

Prends garde à toi
il reste la table où nous sommes si nombreux
les fleurs et les miettes
sous les ongles bat l’horloge contre la peau
le bruit de l’eau et les yeux vagabonds

Le long de l’archet
l’araignée tisse sa toile
me tranche la gorge
claque et se rétracte prisonnière de la nappe

Que reste-il des livres écrits ?
que reste-il du silence ?
une tasse de porcelaine livrée aux fourmis
des airs de musique
chauve-souris
yeux de chouettes et noctambules
petites cuillères à dormir debout
dans le sucre glace

Entends-tu les montagnes dans le ciel
l'écho des trottoirs vides
poursuivis par les ombres
les pelouses sèches au fond du cimetière
le sel le poivre sont orphelins
la rose blessée se pose à genoux

Petite flamme il est minuit
les aiguilles restent à la verticale
ébréchées



lutin – 12-08-2011

 



 

6 septembre 2011

Une seule porte de sortie

 



Quand la lumière baisse sous la paupière

Quand les cheveux poussent

Quand la mer crie

On balaye par terre pour effacer

Minuscules coups de ciseau

C’est ainsi que l’on remonte



Les bateaux de papier ne traversent pas les mers

Ni les avions pliés sur la table

Le jour s'en va pour un autre regard



Fragments météorites

Les mots ne font pas avancer

Ta tête dont on visite le fond

Des cheveux tout autour

Tout du long

Est la guerre





lutine



14 septembre 2011

Traversée de vent

 

 

Que sait-on vraiment du désert au bout du regard
à l’heure où la vitre s’habille d’un visage

Du livre posé au milieu de nulle-part

En face il y a la fenêtre

Et du ciel
des gens venus habiter l’esprit
à la recherche d’une odeur
d’un indice

Trace fugitive


Sous les paupières closes
zest de matière
les yeux n’ont pas fini de creuser la nuit



Où vas-tu ainsi
alors que les chemins invisibles se replient
mémoire pleine de ressac
paupières closes

Il y a le large
les rêves enfouis dans les draps de la mer
sous le ciel dépouillé


Je me présente nue



 

 

lutin - 14-09-2011

 



3 octobre 2011

Une petite lumière

 

            

 

Une petite lumière filtre des ombres chinoises, une petite lumière se cogne contre la vitre, elle est ronde et plate, une petite lumière rayonne le long de la fente, tremble et tourne en rond. N’es-tu pas aveuglée quand elle mord la peau les dents serrées dans le silence qui déborde.

Une vie tourne derrière toi, minutes vagabondes il y a l’arbre qui s’élance dans le vide, pour rester debout il tend ses bras, serre ses feuilles contre son cœur que la sève veut lui ôter. Ne m’arrachez pas la langue qui court sous la peau et les fourmis qui me sucent, le vert de mes yeux par endroits presque morts.

C’est comme un incendie le ciel quand on lève la tête, c’est comme une veine qui fuit les ombres qui s’allongent, cela sent le pain grillé quand on foule le sol et le fer, cela craque sous la dent la peau endurcie que la saison veut éteindre, tout respire une lente agonie majestueuse avant de s’éteindre.

Il n’y a plus d’orage au moment où les araignées tissent leur toile entre deux arbres, petites bêtes en suspension il y a de la dentelle et des colliers de perles blanches qui flottent au vent et un point noir aux mâchoires crochues.

J’ai vu se former les fils sur le bord du banc mon cerveau assis sur le banc d’à côté, j’ai vu se former la rosée, nous sommes deux autour de la table, je veux dire un monde où l’on a vécu la gorge tranchée souvent dans le même lit.

Une petite lumière clignote pour les fous et bénit les jambes autour de l’arbre deux fois centenaire, une petite lumière dessine à la craie les arbres à abattre, l’herbe à raser dans un carré de silence, rai de lumière assassine. Enlace-moi dit l’arbre les mains ne mentent pas, étrangle-moi autour de ton cou avant qu’on ne me frappe. La vie nous abandonne, il n’y a pas de pont où se jeter et ressusciter, Paris où coule la Seine est un autre lieu rempli de voitures où il ne fait pas bon dormir.

J’ai tourné en rond autour de mon lit fuyant la lumière, la rivière et ses forêts, j’ai tordu les draps source de la lumière, j’ai fermé les yeux source de la fente, j’ai débranché le cerveau source de l’espérance, il était trois heures du matin quand les ciseaux ont coupé la lumière.

 

 

 

lutine - 03-10-2011

 

 



16 octobre 2011

Monde intérieur


 

 

Je te regarde et tu me fermes un œil 
l’autre veille sur toi 
je me souviens d'un visage 
quand il se penche autour de moi 
des yeux de chair immergés 
 aussi longs que la main

 
Je sens la courbure des épaules 
au-dessous d’un cou de roseau 
lame docile et coupante 
 on l'entend se dissoudre 
au fond 
comme un grelot


 

lutine - 16-10-2011

 


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