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Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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9 novembre 2009

Ecrire de Marguerite Duras

"Il y a une folie d'écrire qui est en soi-même, une folie d'écrire furieuse mais ce n'est pas pour cela qu'on est dans la folie. Au contraire.

L'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait rien de ce qu'on va écrire. Et en toute lucidité.

C'est l'inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n'est même pas une réflexion, écrire, c'est une sorte de faculté qu'on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d'une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d'en perdre la vie.

Si on savait quelque chose de ce qu'on va écrire, avant de le faire, avant d'écrire, on n'écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.

Ecrire c'est tenter de savoir ce qu'on écrirait si on écrivait - on ne le sait qu'après - avant, c'est la question la plus dangereuse que l'on puisse se poser. Mais c'est la plus courante aussi.

L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie."

Marguerite Duras

.

J'adhère tellement à ces mots, je les ressens si profondément, que j'ai du les lire mille fois cette semaine, et c'est ainsi que j'ai écrit lors de la création de mon blog dans son en-tête

Un mot déclenchant une tempête et mes doigts tissent sur le clavier....

lutine

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17 novembre 2009

Khéops libérée

  

On a quitté le mouvement
Les portails sacrés se sont refermés
Sur un fond camaïeu les lasers lancent flammes
Au plafond les papiers se sont envolés
Les armes pointées criant la mort
Tuent les mots
Treize balles dans la peau pour un mot de trop
Le corps est droit
Les mains pressant le ventre

Des aiguilles sous les pieds agitent les braises
Comme la lumière réveille les jambes devenues rouges
C’est une résurrection la chambre souterraine
Le chant qui monte
Le faisceau encercle la taille et l’étrangle
La voix flambe écartant les barreaux
A la recherche du sommet elle ne cesse de monter
Et se tait

Autour d’une nuit si particulière
J’étais debout sur la tranche d’une vie
C’est un révélateur intense la trachée devenue pouls
Le tournoiement des pas jusqu’au pavé qui tremble
Comme un couvercle libérant le feu



lutine - 17-11-2009

 

 

 

 

19 novembre 2009

La forêt sent l'homme

.

.

Nuit silencieuse
sur le tapis glissent les pas
détachés du corps
                             Ils ont desserré les mains


Une plume encre dans la terre glaise
                             Vole la page noircie
                             Poings déliés


Entre les mots... des Coraux
coupent la peau jusqu'à la cuisse
au travers du collant recousu


Comme la tombe profanée
ils n’ont plus de corps
les lèvres en...Suspension
en... Arrêt de mort


Les arbres résistent
sous la sentence l’humide pourrit la chair
papier mâché sous le baiser


Au sol
Silence et cheveux épars
                              Dans un livre ouvert
                              Un parfum dort
                                                         

Il n'a plus d'odeur
regarde
si elle le regarde
assise dans l'humus
                      
                            La forêt sent l'homme

.

lutin - 19-11-2009
.

4 décembre 2009

prendre le train

.

J’ai pris le train
J’ai vu mon reflet dans la vitre
J’ai regardé le carreau
Non je ne cherchais pas la ligne d’horizon
Je regardais en arrière
Assise au fond du siège
Secouée par les aiguillages
Il faisait chaud
Quelquefois un demi-vertige
Quand un train brutalement claque dans l’autre sens
lorsque les vitres se croisent
Que les regards se traversent
Où vont-il ?
Ces regards vides
Ces corps mollement calés contre le métal
La peau écrasée contre la vitre
L’empreinte de sueur laissée en souvenir
L’autre saura-t-il qu’une tête s’est appuyée là
Vite un geste de la main
Non du revers de la manche
La grippe voyage elle aussi
Ainsi que les maladies de peau
Un rayon de soleil
Un trou noir
Black out quelques fractions de secondes
Des rayures d’ombre et de lumière sur le bras
Et le cerveau reprend le fil de son histoire
Le noir du tunnel
J’ai vu mon reflet dans la vitre
Un buste à demi fléchi
La bouche faisant la moue
Attention on me regarde
Je redresse le torse
Je suis donc ce que je vois chez les autres
Une silhouette à l'abandon
Nous avons tous l’air fatigué
Bringuebalés sur cette route de ferraille
Le train rentre en gare
Chacun serre ses paquets entre les mains
Chaque tête se retourne sur son siège
Il ne reste que des fesses anonymes dessinées
Et j’entends leur pensée

"Non je n’ai rien oublié"

Et nous voilà en train de nous refaire une posture
Les corps s’animent
Redeviennent beaux
Attention à la marche


lutine

 

 

 

 

7 décembre 2009

La terre se redresse

.

L'herbe et les feuilles ont les empreintes
les semelles portent la terre et les odeurs
les pieds connaissent le chemin
même nus ils marchent à reculons

Et si c'était l'enfer
les plaisirs à la chaîne
les clous semés
on dit que les arbres en crèvent
de la faille labourée
dans les jardins aux grilles fermées

Derrière les armures au regard scrutateur les cordes se nouent
la lame s’affûte
d’un seul coup tombera sans cesser de regarder le ciel
et les voix se tairont

Un visage s’interpose entre la terre et moi
écrasé trop foulé
un pont levis s’érige
sur la pointe les pieds s’accrochent
comme on change les roues d’une voiture
se chaussent d’un autre destin

La terre se redresse
seuls des vêtements vides battent au vent
si fort qu’il emporte les parfums




lutine - 07-12-2009

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10 décembre 2009

Rien que...

.

.

Rien que le vent et la terre
c’est Hiroshima
jusqu’à la forêt pétrifiée
aux grands arbres on leur demande de se taire
on s’asphyxie sur des plaques de glaise ou de fumée
on y court comme l’on va à une manifestation contre le nucléaire
à la sortie du musée quelqu’un distribue des tracts
on prend le papier, on y parle du don d’organes la main sur le cœur
de peur qu’on nous l’ôte, il tape à l’intérieur
du bout des doigts on  le calme
le berce comme l’enfant flaire l’abandon


Est-ce aujourd’hui nos derniers pas en dehors de la ville
est-ce demain  que nos corps s’enrouleront dans la cendre
sans entendre le cri de la douleur mécanique
le genou replié sur le ventre
les chaînes font silence, je cherche ta présence
les poumons entravés par l’étreinte
si puissante elle nous couche à terre, sur le trottoir
je sais maintenant que les cartes sont distribuées
cartes retournées,  il n’y a plus de jeu sur la table
ni de clauses particulières


C’est le monde qui rétrécit jusqu’à ce que les peaux se touchent
se contaminent
lèvres closes on enchaîne chaque jour une série de rituels
d’espérance, d'amour sans repos collés à la sève des arbres
la maladie est trompeuse
elle se couche sur les épaules
glisse le long du corps
s’arrête insidieuse
broyant quelques os sur son passage
lentement elle ira jusqu’à la plage où l’on soigne les maux
les lumières s’éteindront dans un monde silencieux
pollué jusqu’au fond des mers

.

lutine – 09-12-2009

16 février 2010

La voix

.

.

Elle est là si présente
Je l
avais laissée ce matin sous la glace engloutie
A la cime des arbres suspendue
Ecras
ée au sol dans la foulée ardente

.
C
œur assassin je m’étais déshabillée delle
Paupi
ères baissées comme le vêtement choit
La col
ère à genoux

.
Le h
éron enroulé dans son cou tant il faisait froid
Se souvenait d
images plus heureuses
Chevelure d
ombres le long des arbres
Au creux des ailes la caresse des mots

.
Silence, tout est silence, la terre glisse
Autour de l
’œil les larmes
Sous la peau les bruits du c
œur

.
Dans un monde o
ù je marche pieds nus
La voix n
est plus
Comme mes pensées au bord du sommeil

.
Dans l'espace elle s'est envol
ée
Rebondissant la nuit le long du dos
Si pr
ésente, elle déchire les draps

.

lutin - 16-02-2010

21 février 2010

Soulages

(histoire d'enfoncer le clou auprès de la Vendetta)  "Les cons ça ose tout...
... et c'est même à ça qu'on les reconnait - Audiard"

Une interview de Pierre Soulages

http://www.lefigaro.fr/culture/2009/10/02/03004-20091002ARTFIG00401-pierre-soulages-l-artiste-est-une-ame-primitive-.php

Le refus de l'ornement ou déjà le noir ?

À 5 ans, j'aimais déjà le noir, je préférais tremper mon pinceau dans l'encrier plutôt que dans les couleurs. Une cousine plus âgée, morte à 102 ans, a raconté à Pierre Encrevé, auteur de mon catalogue raisonné, que je dessinais un jour, noir sur blanc, « de la neige ». Mon explication avait fait rire toute la famille, ce qui m'a sans doute humilié puisque ce n'était pas une provocation. J'ai dû essayer de rendre le papier plus blanc par le contraste. Rien de sophistiqué comme dans les paysages de neige de Monet ou de Sisley. Je me sentais directement concerné par des choses plus élémentaires. Du noir à côté d'une couleur sombre : elle cesse d'être sombre. J'ai commencé à réfléchir à la peinture assez tôt, sans le savoir. J'aimais peindre. Quand je suis retourné à Conques, j'ai compris qu'il y avait une chose importante dans la vie : l'art. Je trouvais que les adultes perdaient leur vie à la gagner, que leurs comportements étaient étranges : ils ne pensaient qu'au dimanche et le dimanche venu, ne savaient pas quoi en faire. Je ne serai pas de ces gens-là.

Quels sont vos principes d'artiste ?

J'ai compris très tôt que l'artiste était celui qui était attentif à ce qu'il ne sait pas, à l'inverse des artisans qui savent quoi et comment faire. Mes racines, je les trouve avant le Quattrocento et sa peinture « illusionniste ». Même si j'admire Giotto et les chefs-d'œuvre nés dans son sillage, ce qui m'intéresse est ailleurs. Je citerai saint Jean de la Croix : « Pour toute la beauté, jamais je ne me perdrai. Sauf pour un je-ne-sais-quoi qui s'atteint ou qui se rencontre. » Il y a de l'effort, du hasard et une rencontre. L'artiste ne sait pas toujours ce qui va se faire, c'est indépendant de sa volonté et, souvent, le plus intéressant de son œuvre.

21 avril 2010

Edvard Munch ou L'"ANTI-CRI"



"Edvard Munch ou l'Anti-Cri" à la Pinacothèque de Paris

.

Une exposition magnifique, à voir absolument, vous en prenez plein les yeux, "Le Cri" n'est pas exposé, mais il a fait tellement mieux. La notoriété exagérée de ce tableau a eu pour conséquence d'occulter la réelle dimension et le vrai message de l'artiste.

.

Le Cri

Vivre n’est pas là
clouée et hurlante
peau lacérée
bouche en entonnoir
sur vous elle crie

I n j u s t i c e

Dresse des barricades
au sein de vos émeutes
au bras le poing
son ralliement
les jambes nouées
de vos convictions

.
Ligotée au pilori
être n’est pas cela
elle continuera
la lutte
un sang pur

de ses veines coulera
crucifiée
elle hurle

.

I n e p t i e

.

D’un monde ficelé
bouche ouverte
cordes vocales ôtées
la force de sa pensée
en travers de vos folies
jaillit

.

lutin

.

.

7 mai 2010

Il y a des nuits

.

Rien ne s’oublie – c’est incrusté sous la peau
Les habitudes des mouvements

Les pas craquent sous le poids lent de l’absence
s’écoule le silence

Il faut apprendre à dormir dans les courants d’air
dans l’isolement – sans la bûche près du feu

La main s’est échappée – c’est la voix
dans le couloir de nuit sombre

Les yeux ne se ferment plus
le clocher sonne la fuite des odeurs - des heures aussi

Il y a des nuits - c’est la natte du temps tissé
S’instaure une relation étrange avec le vent que l’on attrape du bras

On le blottit là où les reins craignent le vide
On s’appuie dessus pour croire en la peau

La chaleur se dégage, et la voix monte de l’autre côté du rideau

C’est une descente lente dans le corps
le sucre des mots jamais entendus - jamais savouré

Si tu n’ouvres pas les yeux tu peux y croire
c’est chaud, c’est mou
mort à la fois - un corps en sommeil

Celui que l’on pose tout contre les reins
en boule ne pense pas – époux de tes formes
dans le lit il prend le cou – t’emporte




lutin

26 mai 2010

L'autrement/L'autre... ment...

.

.


Les balançoires vides tanguent  au vent de la nuit
les pieds ont imprimé une dernière page
on en fera un livre de folies
des armées de mots sous la langue.

Il y avait le diamant sous la paupière
les bas de dentelle qui laissent la chair paraître
le sein caché
dans le pull croisé noir près du cœur
une main sur la peau
le baiser sur la main.

Le soir est si doux dans la chambre
quand les draps offrent l’empreinte du livre
les yeux mi-clos dans l’attente de l’ombre qui s’allonge
sur l’oreiller le poids de la tête dessine les rêves
tanguent les mots, s’agite le corps.

Il y avait un grand trait noir sous l’abat-jour du ciel
des jambes longues et silencieuses
des pas si lents au bord du lit
un genou à terre embrasse la main tenant le livre
dans l’amnésie/amnistie du temps.

.

lutin - 26-05-2010

.

27 juin 2010

La nuit

.

.

Elle marche face à nous bousculant les heures un peu plus chaque jour

Dans le couloir du ciel à la cime des arbres elle se fait plus pressante
arquant inéluctablement sa couleur opaque
elle ombre la racine qui se cache sous la feuille d’automne
son voile flottant entre ciel et terre devient foulard
puis manteau dans sa chute sur les épaules

Elle enveloppe comme un drap sur son passage ce qui est vertical
les plus grands seront touchés les premiers
petit bout de femme il me reste un peu de temps avant de sentir son piège se refermer sur moi
progressivement  elle m’enroulera dans sa peau
m’habillant d’un fourreau de deuil
le chien sur la route subira le même sort
ainsi que l’insecte rampant

La nuit balaye tout
quand elle s’allonge
nous faisant disparaître d’un claquement de doigt ensorceleur
la goutte de pluie poreuse se remplira de noir
seule la lumière artificielle résistera à sa force

Inutile de se cacher elle voit dans les angles
inutile de se vêtir de noir
elle superpose les couleurs

Fenêtres closes
s'ouvrent les images librement
au bout de mes doigts enrubannés de la nuit

.

.

lutine

20 juillet 2010

Odeur intime

"L'odeur est une couleur" B

 

 

 Que chantent les parfums
Les éphémères dans le vent
Familière et secrète – L’odeur  intime enivrante
Chaude comme le ventre expulse le plaisir
Elle est un nom dans le noir
Une silhouette
Une empreinte digitale que l’on renifle
Un drapeau avec un air d’oiseau peignant le deuil dans la lumière
Suspendue à la haute grille
Elle dégage ses arômes
Animal on la lèche

Mémoire  profonde tu ne peux t’en défaire
Dans les courants d’air elle flotte
Habille l’ombre d'un frisson
Etoile filante
Perle de sueur
Pluie
Ou larme
Effort ou réconfort
Vie ou souffle de la mort
Au milieu des masques inaccessibles
Quand le bras se tend
L’odeur est comme l’eau on ne la serre pas contre soi
Elle se sauve pour devenir silence

Qui êtes-vous - Pas subtils et fuyants
Filtrant les volets clos
En ce lieu de mémoire
   
Un code sous la peau
Ecrit de sel

L’odeur est une couleur furtive
Sur laquelle on s’appuie
Quand le ciel a baissé les paupières

.

.


lutine - 20-07-2010

 

 

 

 

10 juin 2010

Secrets d'alcôve

.

.

Est-ce parce que la terre a perdu son parfum

Ou parce qu'il n'y a plus la neige et les pas

Mais des flaques d'eau remplies de nuages

Que l'on sent le vent et son chant

Au travers de la peau

.

Le ciel pleure comme on murmure

Alors que dans l'air sèchent la pluie

Les fleurs et les oiseaux

S'enfuient les orages

Jamais les larmes retenues

.

Les arbres sont la maison

J'écris d'un secrétaire de bois

Entre ramures et chemins flottants

Les secrets d'alcôve

Dans les cris de la scie

.

lutin - 10-06-2010

.

.

9 novembre 2010

Claude Monet au Grand Palais

.

Constamment à la recherche de la lumière, créant des atmosphères lumineuses ou floues Claude Monet a eu ce don de me transporter dans ses couleurs, j'ai ressenti hier sous ma peau ce courant électrique que je connais si bien quand j'aime.

J'ai lu aussi que Turner et Monet ont été les précurseurs de l'abstrait, maintenant je le crois, que de suggestions qui laissent  là, rêveurs, des suggestions qui m'ont remplie.

.


17 décembre 2010

Man Striding

.

Il y a ce lit
sillon en plein vent
ruban de soie autour du cou
iceberg dans le ventre
le jeu de la pierre et du ciseau
la main se serre
se ferme le poing
sans fin fouille au cœur

Dormir à la verticale
fil à plomb insomniaque
cœur percé au sabre
sous l'armure d’acier
tenir debout
l’épée au bout des rails

Un fou-rire dans un hall de gare
l'écho de soi entre les trains
la lumière des yeux s’éteint
sous la morsure de l'outil
c’est écrit sous la peau
les pas dans le métal
qui fondent en prison de fer

.

.

lutin

25 février 2011

Enfant

.

.

 

Enfant je marchais le long des murs tapissés d'une toile de Jouy comme d'autres ont du marcher sur la lune. Enfant j'ouvrais les portes de mon armoire elle aussi tendue du même décor. J'y entrais par effraction pour aller au devant de la forêt. Mon armoire était sans fond et n'avait pas de limite dans les sous-bois. Les yeux fermés j'étais l'enfant dans l'enfant dans un autre ciel car mon armoire n'avait pas de plafond. J'étais le rêve à côté de la chambre des parents qui elle ne pouvait être que sérieuse. Enfant on n'imagine pas le voyage des grands quand ils s'isolent la nuit. Deux mondes parallèles construisent la nuit alors que tout est silence.

.

 

lutin - 25-02-2011

.

1 mars 2011

Enfant

 

 

 

Enfant je marchais le long des murs tapissés d'une toile de Jouy comme d'autres ont du marcher sur la lune. Enfant j'ouvrais les portes de mon armoire elle aussi tendue du même décor. J'y entrais par effraction pour aller au devant de la forêt. Mon armoire était sans fond et n'avait pas de limite dans les sous-bois. Les yeux fermés j'étais l'enfant dans l'enfant dans un autre ciel car mon armoire n'avait pas de plafond. J'étais le rêve à côté de la chambre des parents qui elle ne pouvait être que sérieuse. Enfant on n'imagine pas le voyage des grands quand ils s'isolent la nuit. Deux mondes parallèles construisent la nuit alors que tout est silence.



Enfant d’un signe de la main alors que nos doigts se cherchent quand l’ombre se penche et que les portes se ferment je ne suis pas seul,  voilà le vent. Enfant je te laisse les souvenirs à garder sans haine et sans peur. D’un si long regard je sais qu'en plein soleil je deviens somnambule entre nos deux chambres et la terre m'échappe alors que ton corps se tend. Au travers de mes yeux c’est l’incendie que je transmets, ton devenir sans moi comme une veine court sous la peau. Dans mes larmes je construis un fleuve où tu devras nager sans moi, une route où tu devras courir sans moi et nos mains tremblent. Ne pleure pas alors que la musique me berce et caresse tes cheveux il y a cette vitre qui déforme. Les courants marins m’emportent et les contours se brouillent dans la fenêtre ouverte.

 

lutin 28-02-2011

 

 

7 mars 2011

La parole n'est pas utile

 

 

C’est le matin dans la cuisine
mille fourmis circulent sous la peau
le marchand de la nuit que met-il dans le sable ?
allez viens prendre ton café
dans les tourbillons de l’heure le tonnerre gronde encore
je me verse un peu d’eau

Sur la table il y a le lait et  la confiture
ainsi dansent les mouvements de tes bras
les titres des journaux
les chaises vides et le bruit que l’on n’entend pas
les murmures du temps se sont effacés
cloués comme un banc qui attend

On ne peut pas arrêter la mer avec ses bras
alors j’ai froid comme si la terre m’aspirait
hier, demain quand je n’écrirai plus
je compte mes chances de courir après les mots
derrière il n’y a que la transpiration
l’effort du muscle, le pas, le saut face à la tranchée géante
il n’y a que le regard qui veille
l’ombre, le cri
et l’oubli
le corps dans les flots jusqu’à la mer
le raz de marée dans la tête et le sang qui se noie

Ne m’offrez pas de fleurs au métro des Invalides
l’orgue au sommet de l’église et les bols de chocolat
c’est la voix qui me manque
jusqu’où l’ardente palpitera-t-elle ?
écoute, écoute-moi, des voix frôlent la vitre
des rires d’enfants filent sous les fenêtres
écoute et ouvre ta porte
je vois des cheveux qui ne sont pas les tiens




lutine - 07-03-2011

 

 

16 mars 2011

Hâte immobile

  

 

 

Nos pas seront nos confidents silencieux
le toit du monde suspendu à l’attente
 
Il n’y a plus d’heure
juste l’espérance qui recouvre nos os
ce matin j’ai respiré très fort
alors que dans le silence animal on balayait la terre
dix scies couraient le long d’un bras
laissant les arbres au sol
le ciel vide aux bruits de la ville
et mes doigts dans les poches
où s'enfuient les trésors
pourquoi se sentent-ils morts
dissimulés

Ce n’est pas fini, ce n’est pas coulé
l’envie de vibrer
 
Hier à midi dans les coussins du sol pas encore abîmés
j'ai traversé les cheveux mal lavés
la peau fatiguée
le corps à l'abandon
la triste voix mutilée quand l’air vient à manquer
et le blanc des yeux
j’étais seule, enfin pas tout à fait
c’est le train qui a bougé moi j’ai laissé faire
les portes automatiques dans mon dos
la hâte immobile
de l’ombre qui recule
 

 

 

lutin - 16-03-2011

 

 

23 mars 2011

Est-ce un crime ?

 

 

Comment savoir si les mots tombent dans les mains
quand les flocons blanchissent la peau
comment savoir si les traits de la main ont un avenir
quand les gants de neige habillent les lignes du cœur et de la chance

Paumes offertes je n’ai plus d’empreinte au bout des doigts
involontairement j’ai écrasé un oiseau
et mes mains ne rêvent plus

On ne retrouvera pas ma trace où sommeille la terre
criminelle anonyme inhumée au Panthéon sous les célestes pierres
on a changé de plaque pour une autre d’identité

Le sang coule - c’est le bec ou la bouche - ou le Saint Esprit
la magie noire sur un fond de glace
les tables tournent - danse sensuelle – les hanches se déchaînent
font danser la poussière

On a brouillé les cartes
la terre s’affole sous les pas en contre-jour
crisse le verglas écrasé par le mensonge
va mourir en strates – se dévorent entre elles

La métamorphose du regard - elle bondissait – cette folie qui manquait

Les mots sont dans l’air ou derrière les arbres avec l’œil
on voit basculer les heures trahies dans le fossé
une odeur de chlorophylle -  accessoire d’urgence sous la langue

Comment savoir si les moufles de laine  ont des histoires quand on les retourne
des images sous scellés tombent dans un cliquetis métallique
racontent les sous bois sans leur couvercle

Cloches sont les mains sans les gants de la forêt
grave le silence
le bois est encore dur, les nœuds si tendres


Comment savoir si d’autres on fait la même chose dit l’oiseau
comment savoir si c’est toi que j’aime où ce que tu pourrais être

Je danse, la danse du feu, au ventre nu de l’hiver
pliant le corps jusqu'à la cassure


Est-ce un crime ? 

 

lutin 

 

 

29 avril 2010

On fera des livres effacés par la mer

.

Volets clos

De bas en haut nos regards suivent les fenêtres

A quoi penses-tu ta main dans la mienne

Il y a un jardin d’eau au milieu de la ville

Au milieu du jardin flottent des bateaux

Je voudrais grimper le long des façades

M’élever comme la mouette en haut du mât

J’entends ta voix prisonnière du vent aller jusqu’à moi

Le ciel est devenu miroir

On suit la ligne d’eau

Le vent épousant nos formes

On écrira nos noms sur les portes des maisons

On fera des livres effacés par la mer

.

lutin

26 mars 2011

L'essentiel est dans l'ombre

 

 

C’est la nuit et les ombres sont à leur place habituelle
la rue et ses maisons
les cheminées éteintes
le vent chaud s’enroule autour des réverbères

détachés ils peignent le ciel
formes obliques auréolées de silence

Il flotte une odeur de sève
et les mêmes gens avec des chiens en laisse
(rien n’a changé alentour)
hument le changement de saison
s'ébrouent dans leurs vêtements de l'hiver
les yeux s’ouvrent en même temps que la terre
qui chante là ?  Alors que d’autres sont enfermés

Partir amoureux quand les doigts se replient
partir quand le sommeil est immense


Contre mon dos tu reposes toujours
lumière affaiblie d’une étoile consumée
j’ai tué ma muse il y a quelques heures
comme un grelot qui tintait dans mes bras
mais la mort oublie toujours quelque chose

Alors que le temps n’a plus d’importance
la nuit écrit le long d’un mur blanc

plante ses griffes assoiffées de noir

il faut aimer lire les mots sales
et les indices semés
jusqu’au fond du lit où les fantômes se dressent

 

 

 

lutin - 26-03-2011

 

 

 

4 avril 2011

Tout s'annule

 

 

Sur la route le sang circule, on sent le pouls de la vie, on y danse, on double. Les chevaux sous le capot on se projette en avant tandis que sombrent les rêves. Séparée d’un certain nombre de choses l’aiguille dit toujours plus vite, on la méprise comme la température du corps. Devant on aura tout le temps de respirer, derrière on n’y croit plus, il n’y a plus l’ombre d’une ombre dans le rétroviseur, juste un radar pour la photo souvenir en noir et blanc, le silence des mots, et l’air, cet air glacial qui siffle et brûle les heures.

C’est un jour de semaine sur le macadam, de longues herbes dans l’attente de l’automne et éoliennes croissent et les bras ne pèsent rien, déjà ton corps est moins réel. Pourquoi la fumée monte-t-elle au ciel ? Pourquoi le vent transport-t-il les odeurs jusque dans l’habitacle ? Pourquoi les souvenirs font partie du voyage ? On entend des cris  alors qu’ils étaient cadenassés à la roue d’un vélo. Devant les paysages parlent, les champs et les bois ouvrent leurs mains et le fleuve longe le corps. Dans le dortoir silencieux je pense obscurément, qu’avons-nous fait de tout ce temps si chaudement drapés ? Etait-il nécessaire d'aérer les fenêtres ?

D’hier je me suis retirée très tôt juste avant l’aube, avant le vol bruyant des oiseaux se jetant dans le ciel encore à demi éteint, avant que je ne me réveille tout à fait, avant que les mots ne soient vains préférant l’apparition des framboises dans les fossés que je nargue, des fleurs et des chevaux. Assise, à pas de géant je déroule la France, les coteaux  et les bois. Combien de pâquerettes et de coquelicots avant l’enfance sur le grand drap de la route, Combien de virages dans la pénombre pour aller jusqu’à vous sous le linceul.  

Les bulldozers ont creusé la terre, les hommes ont posé un drain noir conduisant vers le faîte des toits que nous voulons contempler, et nous voici en péril grimpant aux arbres, aux branches tortueuses, nous enfonçant à nouveau propulsés par l’accélération et l’aiguille qui s’affole comme un météore, c’est aussi le sang qui bouillonne entre réverbérations et le soleil qui se fane comme un phare perce le brouillard.

Etrange voyage lorsque le réservoir se vide, l’énergie du corps perd sa puissance, dissociées les mains poursuivent. Alors que le compteur tourne les kilomètres parcourus renvoient à la case départ et les images à atteindre fuguent. Pourquoi les chemins mènent toujours là où la maison n’existe plus. J'y suis enfermée, tout s’annule, les heures, les choses en hauteur ou en profondeur.




lutine - 04-04-2011

 

 

10 avril 2011

Brisures

 

 

Liquide entre les nerfs - durci
Ce n’est pas froid
C’est lourd comme la pierre
Là où la cheville se casse
Sans cri

Mille brisures de la chair - quand l’eau monte
C’est la lame qui remplit les poumons - s'enfonce
Les bras offrent
Leurs pages blanches

Au cerveau la musique - grimpe
Le lierre resserre l'étreinte
Les mots s’échappent - inaudibles
Les yeux s’absentent – solidifiés

 

 

lutine – 07-04-2011

 

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