Instants
Des instants de bonheur déferlent
s'éloignent pour mieux revenir
d'un pas de danse
c'est la mer
L'eau court sur la peau en caresses
telle l'écriture, calme ou nerveuse
manège de tous les joies ou tourments
c'est la mer
Bruyante ou silencieuse, elle écrit l'histoire
à jamais ici demeure son humeur
tel l'homme elle parle doucement ou hurle
bonheur ou tristesse
ainsi sont ses vagues
Intouchable elle glisse entre les mains
se laisse désirer jusqu'à l'abandon à l'étale
cela rend fou l'attente, l'humeur de ses eaux
mer prend moi dans tes bras de silence
29/07/2023
L'intervalle
Je sais que rien ne m'appartient
J'ai regardé passer les gens avec leurs secrets décevants
tombant en poussière le long de leurs pas
Je pouvais les contempler je n'étais que fantôme
un parfum juste pour le souvenir d'avoir été
suspendu telle une plume n'appartenant à personne
Je sais que je ne possède rien
une cité endormie occupe mes nuits
elle est venue de loin resserrer son étau
au petit jour l'asile de ce monde paralyse mes bras
tandis que sombre la nuit
J'étais assise, imperceptible mort
il ne reste que l'indifférence
le chagrin qui creuse la terre
où s'enfuient les souffrances des autres
j'ai tendu les bras, aussitôt mis en pièces
Le regard droit au seuil d'un hiver éternel
vêtue de brume j'ai fait quelques pas sans but
pour arrêter de chercher
ce que je n'ai jamais trouvé
peut-être un autre monde
l'intervalle
Qui était Nina
Qui était Nina dans le verre que j'ai bu près de la table ronde ? Sous ses cheveux noirs trempés d'écume il y avait une forêt et des oiseaux au fond d'un lac gelé, quelques nuages où je marchais en équilibre sur un long fil d'or alors que vous me baisiez la main.
C'était un sourire que vous me tendiez au fond de mon abîme.
J'étais l'oiseau rouge dans un ciel de nuit rempli de vent, j'étais ce cri qui s'obstine où quelques phares brillent encore alors que vous me teniez la main entre deux mondes. J'étais le long d'un mur ténébreux égarée accomplissant mes rituels sur la pointe des pieds.
Qui était cette femme aux jambes brisées dans cette boisson liquoreuse ? oiseau au cou gracile d'un autre univers. J'en devins aveugle.
C'était un ballet flou derrière la vitre.
Entrez dans la danse pleurs le long de mes joues jusqu'aux reins qui se cambrent un peu plus désespérés.
Je vous offre mes bras oubliés du printemps et que l'on recommence les mêmes pas jusqu'aux fleurs dans les cheveux au cœur bordé de pluie et bouleversé.
C'est une obsession la douceur du chiffon, swingue la fièvre sous la fenêtre ouverte, les voix me sautent au visage et me traversent comme l'éclat d'un miroir.
Il y a des ailes d'ange tout au bord de mes cils, des traits d'amande douce au dessous de sourcils soigneusement courbés, une bouche couleur coquelicot, embrasse-moi dans l'herbe folle aux ailes déployées.
Ce sont de drôles d'oiseaux ces masques que l'on traverse sur la table et ta parole cette drôle de langue navigue dans ma maison de poupée où le radeau de la méduse en noir et blanc tangue sous un faisceau de lumière blafarde.
Je vais tomber entre les chaises du désordre dans le feu du désert. Mes maîtres je devrais haïr les tableaux inventeurs de nouvelles vies.
Sac de femmes (sur le site "paroles vagabondes")
Les pieds défilent dans un chassé-croisé sur les trottoirs du bord de Seine, toutes sortes de chaussures ou de bottes à bout pointu ou rond, à talons hauts ou bas se faufilent au rythme de la femme d'affaires pressée. Il est 13 H, l'heure de manger sur le pouce un sandwich.
https://parolesvagabondes.fr
C'est aussi simple....
C’est aussi simple que la pluie, aimer
Offre-moi un sourire dans du papier de soie
qu’il m’éclabousse le visage
Offre-moi un écrin pour l’enfermer
Laisse-moi le ruban j’en ferai un bracelet
C’est aussi simple que de peindre, l’amour
Le geste dessine un baiser
Virtuose le poignet se délie
Paupières fermées la nuit reprend forme
Naît une rose dans une main d’homme
C’est aussi simple que l’écriture enfantine, l’amour
Offre-moi une déclaration d’amour
Dans un écrin j’y déposerai tes mots
Offre-moi un petit rien de palpable
C'est aussi simple que cela, l'amour
Sac de femmes
Les pieds défilent dans un chassé-croisé sur les trottoirs du bord de Seine, toutes sortes de chaussures ou de bottes à bout pointu ou rond, à talons hauts ou bas se faufilent au rythme de la femme d’affaires pressée. Il est 13 H, l’heure de manger sur le pouce un sandwich. Mes bottes lacées sont sous la table, jambes croisées j’ai posé mes pieds au chaud, je bois un chocolat viennois en vitrine, en tête l'homme qui m'a fait découvrir le café de l'Editeur. La mode est sur le macadam, les collants noirs opaques mettent en valeur les jambes qui à grands coups de ciseaux taillent la route. Le long manteau noir ouvert balance ses pans comme des drapeaux en bord de mer. L’écharpe nouée donne la direction du vent. Le blouson de cuir montre la mini jupe qui l’accompagne. Saint Michel est une immense couverture de Vogue dont on a animé les personnages. Je tourne les pages de gauche à droite, mon regard change de trottoir, j’attends que les corps disparaissent remplacés par d’autres. Mimétisme de la gestuelle la rue est un film qui tourne en boucle.
Elles se ressemblent ces femmes bariolées dans leur différence. Elles ont une chose en commun, le sac à main, tenu en bandoulière il tape la hanche, coincé sous le bras il cache ses secrets dans le manteau, l’anse à la main élégant il se balance, lanières croisées dans le dos il adhère aux mouvements. Il y a le gros, le petit, le rond, le carré, le difforme mais chaque sac est une pochette surprise. Je suis là depuis une heure maintenant jouant au jeu, chercher l’intrus, j’attends la femme les bras ballants qui ne viendra pas. Dans cette peau de cuir ciré elles ont englouti leurs histoires dont elles ne se séparent que la nuit, peut-être parce qu’elles les retrouvent en rêve. J’imagine une immense pièce de théâtre improvisée, les sacs ouverts sur la place publique, chaque objet divulguant la raison de son enfermement, revendiquant sa liberté ou jalousant la poche la plus secrète du sac, celle où se cache l’amour le plus fort.
Il est 18 heures, la porte du café cachée par un lourd rideau de velours rouge s’ouvre souvent, les couples se retrouvent. J’observe cet homme non loin de ma table qui tient la main de sa compagne, sait-t-il s’il fait partie du capharnaüm qui règne dans le sac gonflé posé près de sa propriétaire ? Une femme regarde sa montre, elle ouvre son sac et se met du rouge à lèvres un regard critique dans le miroir. Dans le brouhaha de la salle mon portable se manifeste à mes pieds. Pressée je saisis sous la table mon sac à main, il est petit et lourd, il est en cuir noir, l’anse se met sur l’épaule et je peux ainsi coincer sous le bras mes petits secrets. Trop rempli sa fermeture éclair n’est pas fermée, je dois faire vite pour attraper le téléphone qui a la mauvaise manie de se cacher au fond. Nerveuse je le retourne maladroitement sur la table étalant aux yeux de mon voisinage ma personnalité de gribouilleuse, les petits papiers jaunis font un monticule disgracieux, les numéros de téléphone sans nom, les papiers officiels s’étalent entre l’aspirine, les carrés de sucre collectés, les stylos, le gloss de chez Guerlain, le centre Pompidou, le musée d’Orsay, Paris en couleurs, la bibliothèque et le dernier film vu au cinéma. Dans ce lieu clos où tous les yeux sont vissés sur moi on sait maintenant que je porte des lunettes pour lire, que mon groupe sanguin est B positif. Ma vie est un roman photos offert aux consommateurs du lieu. La serveuse gentille comprenant mon désarroi se baisse et ramasse quelques photos qui risquaient d’être piétinées. Je l’imagine avec un grand sac en bandoulière frappant la hanche.
Femme en flammes
Sur une sculpture de Dali
Reflet de lumière
peau méticuleusement enrobée
d’une couleur or
rayon de soleil sur ce carré de verre
elle est la femme en flammes
A trop s’y frotter
elle s’est embrasée
à trop lisser ses formes
la peau s’en est allée
coulée de bronze
carapace incandescente
On nous dit de ne pas toucher
on nous dit de laisser le temps au temps
la cicatrisation glacée du métal
prépare son oeuvre
De ce brasier en forme d’ailes
naîtra une statue au cœur de fer
dévoilant ses facettes
les tiroirs entrebaîllés seront son histoire
Départ
Où vont les couleurs ?
un lent brouillard opacifie le devenir
au bord de la plage le soleil veille encore
je voudrais écrire ton nom
d'un ongle dans les grains de sable
alors que l'ombre ronge la lumière
tel l'écureuil sa noisette
Quelle étrange atmosphère
l'aiguille du temps
alors que le flux gonfle
j'imagine demain, vers quel destin ?
la mort s'avance doucement
alors que mes mains tissent de l'eau
entre mes doigts
Quelle étrange solitude
cette cascade éphémère
fraîches les larmes montent
au rythme de l'eau à peine salée
amères peut-être, troublées de l'intérieur
La seule grâce est ma flamme de l'avenir
je m'y enfonce, je prie
y a t-il un reflet à deviner ?
dans cette eau que je ne boirai pas
y a t-il une invisible source ?
l'oxygène au parfum d'espérance
N'y a-t-il pas d'autre chemin ?
que la peur
dans le cocon de l'obscure
quand la parole rejette la mort
au fond du jour je prie encore
au regard de la lune, j'espère encore
Les chevaux du temps
Jules Supervielle et les chevaux du temps
envoyé par supervielle. - Découvrez plus de vidéos créatives.
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Quand les chevaux du temps s'arrêtent à ma porte.
J'hésite un peu toujours à les regarder boire
Puisque c'est de mon sang qu'ils étanchent leur soif.
Ils tournent vers ma face un oeil reconnaissant
Tandis que leurs long traits m'emplissent de faiblesse
Et me laissent si seul, si las et décevant
Qu'une nuit passagère envahit ma paupière
Et qu'il me faut soudain refaire en moi des forces
Pour qu'un jour où viendrait l'attelage assoiffé
Je puisse vivre encore et les désaltérer.
Jules SUPERVIELLE (1884-1960)
Énigme d'un visage