Reste avec moi mon amour, il n'est pas besoin d'un miroir pour se regarder nus, la page pleine suffit. La nervosité de la plume, l’appui de l’encre sur la feuille donne l’intensité du moment, nul besoin du reflet. Etrange main qui donne le caractère de la relation.
Les choses mortes ne m’intéressent plus, ne raconte pas les phrases du passé, il est mort, regarde la feuille est vierge, le passé est un néant. Notre présent est une autre histoire, la naissance d’un livre. N’aie pas peur mon amour de cette amnésie naturelle, quand je tourne la page, quand je pose le livre, l’enfant renaît dans l’attente du premier amour, toi.
Reste avec moi mon amour pour le début de la phrase dictée au futur, en italique elle prend la pose d’un devenir, le vent entraîne le mot amour au-dessus de l’horizon. C’est une question de vie ou de mort ce mot sur la page silencieuse.
Et je remplis la page comme le peintre étale sa peinture sur la toile, guidé par les sentiments le poignet ne ment pas. La fleur dépose son point, le papillon met l’accent sur la lettre. La force est dans le trait, elle vient du cœur mon amour quand ses pas se déplacent sur la moquette rouge.
Tiens-moi la main mon amour, notre chambre est un grimoire, une autobiographie à quatre mains enlacées pour mieux tenir la plume. L’encre séchée laisse une odeur incrustée sous la peau, des pastels au mur tels des nus dans le miroir signent notre dédicace, le fusain trame un couple, la sanguine pointe son nez quand les lèvres se touchent.
Il est presque l’heure de tes pas dans l’escalier, mes doigts se bloquent sur le clavier, j’écoute le silence, j’attends ta main sur la page blanche, tes yeux sur mes doigts pour me dicter ce que je ne sais pas encore, des levers de soleil.
lutin - 10-10-2006