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Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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30 mai 2008

Buée

O

C'est la vie qui s'échappe et que l'on regarde, drôle d'image que l'on ne comprend pas et qui hypnotise au point qu'elle reste encrée de rouge, de noir, de blanc dans le cerveau. C'est le buste qui ne se gonfle plus, comme l'enfant dans le berceau endormi. Ce sont des yeux absents comme des yeux de verre, des prothèses pour handicapés. Ce sont les mains jointes, les infirmières vous les posent d'office, sans connnaître votre religion. Ce sont les pieds enrobés d'un ruban de tulle. La position est déjà faite pour la mise en bière, il faut que le corps rentre dans le cercueil. Tout est pensé tant que le corps est encore chaud. On en fait des peintures, des toiles remplies de noir et de blanc, on ne risque pas de se tromper, selon les religions une des deux couleurs est la bonne alors que la mort c'est le rouge, c'est le sang perdu, c'est le rouge baiser qui ne se posera plus sur la joue, c'est le mot que l'on n'entendra plus, c'est le mot papa, c'est le mot maman, que l'on ne prononcera plus jamais au présent, avec le sourire, dans l'attente des fêtes à venir, c'est le mot qui restera coincé au fond de la gorge, c'est le mot qui étouffera dans le refus de l'absence, c'est la trachée atrophiée qui se rétrécira dans l'angoisse. Au secours là haut, j'ai besoin de vous, m'entendez-vous ? dois-je crier, dois-je pleurer, dois-je prier, me mettre à genoux. A genoux je le suis souvent, vous riez là haut, jamais vous n'auriez imaginé cette position, ne vous moquez pas je le suis, j'ai tant compris dans votre silence me faisant mes questions et vos réponses. J'ai compris l'humilité les mains tendues dans le vide. Je ferme les yeux souvent pour me rapprocher de vous. Aujourd'hui est un jour de souffrance, un nerf que l'on retire du coeur, le sang que l'on ponctionne des entrailles, un assèchement total de la filiation, c'est la rupture d'un bassin de rétention, le béton va exploser en mille cailloux, un fleuve de mots, un torrent d'amour va déferler emportant sur son passage tous les livres vécus, dans les mains seulement des photos paralysées, figées, clic clac kodac faites un sourire à la dame. Aujourd'hui est à 20H30 la perte de ma création. S'ils avaient été morts avant ma naissance, je ne serai pas là à écrire leur absence. J'en ferai un livre, une histoire à trois tomes, eux, moi, et nous mon amour.

lutin 30-05-2008

bu_e

Elle cherchait quoi tout à l’heure, la pelure d’orange sur le radiateur, le souvenir de l’arôme distillant sous ses narines les images de la petite fille qui jouait à la balle. Elle collait son nez à la fenêtre, soufflait sur le carreau, elle admirait l’étendue de la buée qui progressivement rétrécissait. En cachette elle laissait l’empreinte de ses lèvres, elle se disait, j’ai embrassé un garçon. Vite il fallait effacer la marque, une femme aux cheveux noirs allait gronder cette petite dévergondée.

C’est écrit quelque part dans un livre, là où les images jaunies sentent bon l’écorce du fruit.

Non vous n’êtes pas morts dans les pages de l’histoire. Je suis cet enfant transporté au creux de la page, petite figurine entre la robe et l’imperméable au Champ de Juillet où le Dimanche je faisais du poney autour du bassin alors que d'autres enfants plongeaient leur tête dans le fleuve imaginé. Je grattais le sable avec mon râteau comme l'ongle gratte maintenant le coin de la photo. Non il n’y a rien en dessous, seul mon imaginaire et l’arôme de l’orange.

Un silence, deux grosses larmes sur la feuille, l’hématome ne se résorbe pas. Je mange le fruit et avale les souvenirs. Pourquoi ce poids lourd sur mon cœur, j’ai deux petits trous en son centre. Mon amour tend tes mains pour obturer la brèche, comme l'enfant jadis approche tes lèvres et souffle...

bu_e1

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28 mai 2008

le vent

tourbillon5

Poussée par le vent

Depuis si longtemps

Me voilà dans le champ

Combien de temps ?

Des années, quelques heures, combien ?

Mon amour je ne sais pas

Cela dépend du vent

De sa fougue à me pousser dans le cadre

A me retenir

A me jeter hors du champ

Cela dépend de tes bras

Quand le vent tombera

Poupée de chiffon je tomberai

Comme le vent

Si ta main ne se tend pas

Lutin – 28–05-2008

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Echo de Sylvie

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Que j'aime le rouge vif en terrain vague,
l'écume écarlate qui flamboie le long des bastions,
l'abondance en grand tapis rubescent.

Mes songes se remplissent de sourires vermillons,
en voyant les coquelicots...

Le rouge colle à ma peau comme un venin secret,
je le dévoile en filigranes comme un doux poison,
je l'exhibe en incandescence dans l'instant.

Mes chimères se peuplent de rires papillons,
en voyant les coquelicots.

Bon sang!
Que j'aime le rouge vif,
il colle à ma peau
comme un filet à rêves.

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28 mai 2008

Dédoublement

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lutin - 28-05-2008

27 mai 2008

Réplique

pascal_balancoire

C’est encore un jour qui ressemble à tant d’autres
l’aile du corbeau tend son ombre
traître et poisseux il recherche notre ciel à noircir
il aura notre peau à coups de pierres
aux allures de la mort il approche

ergots enracinés creusant la tombe.            

Il faut fermer les paupières et oublier la couleur du deuil
imaginer l’oiseau blanc dans son sillage
il te dira je suis perdu sur un chemin de pluie
je tourne en rond dans l’enfer de vos doutes
il te dira  j’ai perdu la lumière de mes ailes
l’odeur de mes congénères
je suis seul dans l’éphémère
j’ai froid.

Comment laisser l’immaculé mourir entre ciel et terre
immense est son cri dans la forêt
ailes déployées
lourdes de la cendre des mots
les arbres tremblent
la peur au ventre

il est prisonnier des batailles humaines.




lutin - 27-05-2008

27 mai 2008

Tourbillon

Elle sort de sa peau
pour d’autres cieux
donnez-lui le pas
sur ce lit de roses
fleur rouge offerte
à jamais fermée
elle s’est laissée mourir
au fond du vase
elle n’a pas bu la dernière goutte

La mèche de cheveux vers d’autres cieux
elle contemple ce ventre énorme
qu’est le ciel
là haut on emprisonne les morts
là haut on emprisonne l’amour
là haut on ne respire plus
alors d’où vient le vent
peut-être la dernière expiration du dernier venu

Les nuages l'appellent

elle a aimé le ciel
plein de promesses
au rythme saccadé de quelques entrechats
ils lui racontent des histoires d’enfant
le lapin aux grandes oreilles
l’ours en peluche éventré
on lui a arraché le cœur
donnez lui la force de partir
statufiée dans une peau de bronze

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lutin

DSCN2332

DSCN2307

Acrylique sur toile 45 x 55

lutin  27-05-2008

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11 mai 2008

Virevolte

danseuse

Fusain - Acrylique

lutin - 12-05-2008

6 mai 2008

Débris de mots

louise_bourgeois

Sculpture de Louise Bourgeois

Il fait encore nuit
le corps déboulonné dans le sable
il y a la tempête dans la tête dévissée
loin du coeur elle gît
une tornade l’a emportée tordant la bouche autour du cou
en nœud marin
coulant le long de la gorge
elle a l’air ravagé
autrefois les seins rebondis
elle sentait bon

Les oiseaux tourbillonnent
en éclaireurs piquent du bec
un festin à l’heure de la faim
une bouillie de mots éjectés
entre les dents à manger

Macabre direz-vous
vos pensées si fortes prennent voix
sur vos visages froissés
à multiples facettes
la vermine prend forme
la lance de vos yeux crève le cœur
ainsi gisent les opprimés
veines éclatées
ventre à terre

Il faut écrire sans détour ce que les mains ressentent
avant la gifle fatale
une tige de fer se tord
elle a perdu les formes voluptueuses du plâtre qui l’emmurait
orpheline au sol elle se rouille
le sel rampant sur la matière
le corps à ses côtés en milles morceaux s’effrite

Il y a la vague saline qui souffre croisant le fer
salie elle recule pour mieux revenir
têtue elle piétinera
progressivement digèrera
atmosphère étrange en bord de mer
un semblant de couleur monte au ciel
un soleil peut-être
de la chaleur pour brûler le tout
faire table rase à coups de flammes




lutin – 05-05-2008

5 mai 2008

Ephémère

DSCN1158

Les mots de sable au sang de mes doigts
je les grave
les croyant immortels
tant ils sont sincères dans le balancement de la vague

J'oublie qu'elle va monter
j'oublie qu'elle nettoie naturellement les plages
qu'elle efface la vie humaine pour marquer la terre de la vie marine

Je voudrais être étoile de mer
je voudrais être escargot de mer
je voudrais être tout
sauf humain 

Des paroles jetées en l'air

je suis cerf-volant

au-dessus de la plage en déséquilibre

je pique du nez pour marquer la fin

Je suis sous-marin

dans le ventre de la mer

gronde ma carcasse désarticulée

à sang elle colore le sable de mes mots

Je suis l’ombre sur la plage

à la recherche de la veille

entre les grains de sable

silencieuse je chasse le vent

lutin -05-05-2008 

4 mai 2008

Achille

Achille_mort

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Du papier froissable on voudrait faire du bronze, une matière invulnérable brillant au soleil représentant un pharaon dans la vallée des Rois.

On a tous voulu cela un jour.

Je m'y suis accrochée et je me suis ensablée comme tant d’autres.

Quand je marche mes pieds s’enfoncent à devenir humides, à trop creuser ils ont pris l’odeur du puits des morts.

Dans mes mains j’ai mis une matière noble à pétrir, de l’or dégoulinant dans l’interstice de mes phalanges.

J’ai senti le feu remonter au poignet, au coude, à l’épaule, dans ma nuque penchée sur l’ouvrage, des gouttes d’émotion perlant de ma peau, mes boyaux secoués d’une nervosité telle que la matière en rebondissait le long des parois en crampes successives.

Petit poucet mal éduqué j’en ai perdu ma route donnant au corps médical une litanie suspendue au plafond. J’ai un trou dans la maison qui prend pluie. J’ai l’orage dans la tête, la tempête dans le ventre, le vent sur la couche.

Une pierre éclatée s’est enfoncée dans le cosmos à la rencontre de la dé fusion, happée elle a laissé sa racine à arroser, une tête évidée comme la coquille de l’escargot avalé d’un coup de langue.

Je vomis un goût d’ail sous le palais quand le coq reçoit le premier coup de couteau dans la cuisse.

Il faut écrire maladroitement  ce que les mains ressentent si bien sur la rive pleine de promesses abandonnée à la hauteur de la faille.  Il faut encore respirer tant que le sarcophage est ouvert, tu n’es pas mort comme Achille.

De la pâte in modelable on voudrait faire du fer forgé à planter au sommet des églises, girouette météorologique des amours pour demain, comme nourriture quelques grains de sel au bout de la queue pour immobiliser le temps.

J’ai fait des nœuds avec les veines, j’ai tressé les muscles, j’ai cousu la peau, j'ai mouillé le talon.



lutin - 04-05-2008

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