Débris de mots
Sculpture de Louise Bourgeois
Il fait encore nuit
le corps déboulonné dans le sable
il y a la tempête dans la tête dévissée
loin du coeur elle gît
une tornade l’a emportée tordant la bouche autour du cou
en nœud marin
coulant le long de la gorge
elle a l’air ravagé
autrefois les seins rebondis
elle sentait bon
Les oiseaux tourbillonnent
en éclaireurs piquent du bec
un festin à l’heure de la faim
une bouillie de mots éjectés
entre les dents à manger
Macabre direz-vous
vos pensées si fortes prennent voix
sur vos visages froissés
à multiples facettes
la vermine prend forme
la lance de vos yeux crève le cœur
ainsi gisent les opprimés
veines éclatées
ventre à terre
Il faut écrire sans détour ce que les mains ressentent
avant la gifle fatale
une tige de fer se tord
elle a perdu les formes voluptueuses du plâtre qui l’emmurait
orpheline au sol elle se rouille
le sel rampant sur la matière
le corps à ses côtés en milles morceaux s’effrite
Il y a la vague saline qui souffre croisant le fer
salie elle recule pour mieux revenir
têtue elle piétinera
progressivement digèrera
atmosphère étrange en bord de mer
un semblant de couleur monte au ciel
un soleil peut-être
de la chaleur pour brûler le tout
faire table rase à coups de flammes
lutin – 05-05-2008