Abandon des mots
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L’eau nous tombe sur la tête, des aiguilles de pluie percent les crânes, le cerveau devient éponge. Gonflé de toutes ses amertumes il perd la raison et les hommes s’orientent vers la mer, des moutons frôlent les vagues après la mousson pour aller plus avant.
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Je suis allongée sur le sable et regarde ces mille-pattes assaillir l’eau, traîtrise humaine vous fuyez la terre, mes yeux obliques contemplent cette danse macabre de bras et jambes mélangés. Mourir n’est pas si simple, de leur voix affolée ils crient leur angoisse.
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Sur le sable reins plaqués je vous laisse partir, être seule là dans l’attente.
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Des pieds ont laissé la trace d’un passage, des empreintes dont nous ne saurons que faire. Je serai là pour raconter leur fuite. D’une langue déliée je raconterai leur peur.
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Le soleil quitte l’horizon, tombe dans l’eau qui s’embrase, des corps en feu, des cris, et le silence enfin. Une nuit de trêve pour un corps déserté sur le sable mou, une prière pour un homme, un seul. Une nuit de rêve pour un corps ensablé, une feuille entre les dents.
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lutin - 30 - 03 -2006