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Un nouveau regard, les mots qui se détachent

Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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19 mars 2008

Vieille chouette

Tristement_t

fusain http://devillers.viabloga.com/

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C’est un drôle d’oiseau échoué au fond de la salle prostré entre les chambranles de la porte alors que je suis assise là depuis vingt minutes, on ne peut pas le louper quand soi-même on est chaque semaine assis au dernier rang, on devient spectateur de l’entrée alors que la scène se tient sur l’estrade.

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Cet oiseau est monté sur deux longues et fines pattes dont on imagine les griffes de harpie , un échassier sûrement, il suffit de lever la tête pour en  mesurer le cou, un pélican même, une membrane molle se balance de gauche à droite à la recherche d’un lieu où se poser. Les flancs marquent la respiration du retardataire, pourtant à vol d’oiseau tout est possible. L’œil à la paupière globuleuse quant à lui reste fixe en dessous d’une tête pointue et fripée de couleur grise en guise de plumage clairsemé. A coups de bec de corbin, perturbateur, il s’est posé à côté de moi, haletant, à perdre le fil de la prose bourgeoise et javanaise qui se lisait sur scène. Dérangée, intérieurement je traite de noms d’oiseau le gêneur et l’envie de le renvoyer  à coups de savates dans son nid près de ses congénères me démange.

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Reprenons le cours de l’histoire qui se déroule sur scène, comme nous l’avons dit précédemment et comme vous l’avez tous compris, le Dormeur du Val etc.…et me voici perdue, une heure de train pour une heure de cours envolée par des bruits de crécelle entre les sièges d’une salle comble d’élèves assidus.

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Drôle d’oiseau cette chose pliée en deux couchant des mots en virgules sur une feuille blanche, la tête dodeline de bas en haut doucement, le mouvement se fait de plus en plus brusque, dé vertébré  en génuflexion le cou s’affaisse de plus en plus bas, les yeux sont clos, la tête lâche prise et la voilà posée sur le poitrail bicolore, le volatile s’est endormi laissant choir au sol non un fromage mais la nourriture intellectuelle venue chercher à coups de becquées en ces lieux. Un hoquet, quelques soubresauts, la tête se ressaisit, droite comme un héron à l’affût des mouches qui volent, l’œil acéré. Après quinze minutes d’une sieste en semi-apnée, l’ouïe reprend le cours de l’histoire, le stylo entre des ergots jaunis pose d’autres mots en suspension.

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Au bout des griffes il y a la main, il n’y a pas d’aile mais elle, un bras décharné, un torse aplati, un cou, une tête, la tête d’une très vieille femme oisive, une chouette peut-être qui dort le jour et vit la nuit. Promis la semaine prochaine je serai au premier rang au chant du coq .

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lutin - 19-03-2008

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17 mars 2008

Jeunesse perdue

Un fusain pour quoi faire...aux heures creuses charbonner

DSCN1940

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Jeunesse_perdue

lutin - 18-03-2008

13 mars 2008

Fumée

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C’est Wagner endossé

à coups de butoir

oreilles agressées

caverne des sons

à vouloir creuser sa tombe

ne plus entendre

elle a soulevé la peau de la mer

cascades de mots en étau

échos barbares

fauchés au bord des lèvres

noués aux chevilles

ne plus sentir

la plèvre perforée de ce monde

cigarette incandescente

elle se jette à l’eau

comme on monte à l’échafaud

puisqu’elle est condamnée

elle se déforme

c’est Liszt cajolant les reins

sonate gommant les traumatismes

les mâchoires de son esprit en perpétuels mouvements

friction de la matière

femme tronc

corps en mutation

cargo de braise

s'enfonçant dans la mer

vidé de sa substance

elle part en fumée

libre, elle sera libre

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lutin - 13-03-2008

Fum_e1

lutin - 10-03-2008

4 mars 2008

Manhattan

DSCN1800

lutin - 04-03-2008

Acrylique sur toile 38 x61

28 février 2008

Verticolor

Verticolor

Rien n’est droit rien n’est penché

il n’y a pas d’horizontal

il n’y a pas de vertical

c’est une diagonale qui s’empale dans la chair bleue

une corde vocale pointant son dard dans la couche d’ozone

pluie d’épines dans le plexus solaire

pente glissante à remonter

tapis roulant à rattraper le fil

épi planté buvant le sang

hématome bleu ciel

des jours noirs

c’est une érection tendant vers l’infini

vaisseau via la mer

en multicolore

une embouchure renversée

un entonnoir fermé

une tangente sans soleil

au choix les rails couchés

hampes hissées

sans drapeau

métal brossé d’espoir

le désespoir au bout gravé

un peu plus bas, un peu plus haut

une combinaison à deux trames

en biais le mur

au centre la clef

c’est un labyrinthe en deux triangles à la recherche de l’angle droit

le phallus érigé

personne ne voit jamais la même chose

lutin – 27-02-2008

peinture acrylique  38 x 46 faite le 27-02-2008

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27 février 2008

Le Crachat

Je cherchais ce matin "Le Crachat" de Léo Ferré que je vous livre ci-dessous

Le crachat

by Léo Ferré

Glaireux à souhait avec des fils dans l'amidon
Se demandant s'il tombera du mur ou non
    Le crachat au soleil s'étire

Son œil vitreux de borgne où la haine croupit
Brillant d'un jaune vert pâlot et mal nourri
    Sous la canicule chavire

D'où viens-tu pèlerin gélatineux et froid
De quelle gorge obscure as-tu quitté l'emploi
    Pour te marier à cette pierre

D'un gosier mal vissé ou d'un nez pituiteux
D'un palais distingué d'un poumon besogneux
    Ou d'une langue de vipère

Avant que de finir au plat sur ce granit
Etais-tu préposé au catarrhe au prurit
    Ou bien à résoudre une quinte

Es-tu le doute du rêveur l'orgueil du fat
La solution d'un douloureux échec et mat
    Ou l'exutoire du farniente

Agacé par l'insecte au ventre crevant d'œufs
Décoloré, suintant, le crachat comateux
    Sur le trottoir enfin débonde

Tandis qu'agonisant sous des pieds indistincts
A l'aise enfin chez lui il me dit l'air hautain
    " Je suis la conscience du monde "
 

24 février 2008

Recto verso

bouche

Bouche décousue
coupée en deux
mots plus bas
plus haut la voix
cisailles ouvertes
voilà
attends un peu
ne ferme pas les yeux
en eau forme la haine
à coups de rasoir
et crache
papier buvard
saturé
c’est le sang dans la voix
injecté dans la salive
langue pointue du serpent pris au piège
c’est du mercure au chrome sur la plaie de l’autre
le venin antidote sous-cutané
cargo de mots puants
projetés dans la tête lacérée
tissu de chair vivante
émietté dans l’assiette
entre deux couteaux
tempête pulvérisée dans un verre d’eau
mensonges
en médicament  de rémission
embryon de mort
glissant dans la salive avalée
un clou au fond de la gorge
dans l’œsophage un marécage
s’enfonçant dans l’estomac
un cri au bout de la langue
l’écho dans le ventre
sans oxygène
cherchant la porte de sortie
vers le bas
la haine sur le visage
le crachat est authentique
on l’apprend dans la rue
on l’offre à la pute bottée de noir
ramassis de fiente humaine
crachats sur la mèche de cheveux
bouche laquée du fiel de l’homme
le nerf sectionné
elle ne sourit plus
lèvres en suspension
une balle
trois balles
plombée d’écume rouge
plus bas la voix
arrêtez la musique
capsule blanche pour quoi faire
sous la langue sèche
et si c’était la fin
embrasse Marie pour moi

lutin – 24-02-2008

20 février 2008

Sacs de femmes

 

 

 

page_3050

Les pieds défilent dans un chassé-croisé sur les trottoirs du bord de Seine, toutes sortes de chaussures ou de bottes à bout pointu ou rond, à talons hauts ou bas se faufilent au rythme de la femme d’affaires pressée. Il est 13 H, l’heure de manger sur le pouce un sandwich. Mes bottes lacées sont sous la table, jambes croisées j’ai posé mes pieds au chaud, je bois un chocolat viennois en vitrine, en tête l'homme qui m'a fait découvrir le café de l'Editeur. La mode est sur le macadam, les collants noirs opaques mettent en valeur les jambes qui à grands coups de ciseaux taillent la route. Le long manteau noir ouvert balance ses pans comme des drapeaux en bord de mer. L’écharpe nouée donne la direction du vent. Le blouson de cuir montre la mini jupe qui l’accompagne. Saint Michel est une immense couverture de Vogue dont on a animé les personnages. Je tourne les pages de gauche à droite, mon regard change de trottoir, j’attends que les corps disparaissent remplacés par d’autres. Mimétisme de la gestuelle la rue est un film qui tourne en boucle.

Elles se ressemblent ces femmes bariolées dans leur différence. Elles ont une chose en commun, le sac à main, tenu en bandoulière il tape la hanche, coincé sous le bras il cache ses secrets dans le manteau, l’anse à la main élégant il se balance, lanières croisées dans le dos il adhère aux mouvements.  Il y a le gros, le petit, le rond, le carré, le difforme mais chaque sac est une pochette surprise. Je suis là depuis une heure maintenant jouant au jeu, chercher l’intrus, j’attends la femme les bras ballants qui ne viendra pas. Dans cette peau de cuir ciré elles ont englouti leurs histoires dont elles ne se séparent que la nuit, peut-être parce qu’elles les retrouvent en rêve. J’imagine une immense pièce de théâtre improvisée, les sacs ouverts sur la place publique, chaque objet divulguant la raison de son enfermement, revendiquant sa liberté ou jalousant la poche la plus secrète du sac, celle où se cache l’amour le plus fort.

Il est 18 heures, la porte du café cachée par un lourd rideau de velours rouge s’ouvre souvent, les couples se retrouvent. J’observe cet homme non loin de ma table qui tient la main de sa compagne, sait-t-il s’il fait partie du capharnaüm qui règne dans le sac gonflé posé près de sa propriétaire ? Une femme regarde sa montre, elle ouvre son sac et se met du rouge à lèvres un regard critique dans le miroir. Dans le brouhaha de la salle mon portable se manifeste à mes pieds. Pressée je saisis sous la table mon sac à main, il est petit et lourd, il est en cuir noir, l’anse se met sur l’épaule et je peux ainsi coincer sous le bras mes petits secrets. Trop rempli sa fermeture éclair n’est pas fermée, je dois faire vite pour attraper le téléphone qui a la mauvaise manie de se cacher au fond. Nerveuse je le retourne maladroitement sur la table étalant aux yeux de mon voisinage ma personnalité de gribouilleuse, les petits papiers jaunis font un monticule disgracieux, les numéros de téléphone sans nom, les papiers officiels s’étalent entre l’aspirine, les carrés de sucre collectés, les stylos, le gloss de chez Guerlain, le centre Pompidou, le musée d’Orsay, Paris en couleurs, la bibliothèque et le dernier film vu au cinéma. Dans ce lieu clos où tous les yeux sont vissés sur moi on sait maintenant que je porte des lunettes pour lire, que mon groupe sanguin est B positif. Ma vie est un roman photos offert aux consommateurs du lieu. La serveuse gentille comprenant mon désarroi se baisse et ramasse quelques photos qui risquaient d’être piétinées. Je l’imagine avec un grand sac en bandoulière frappant la hanche.



Lutin – 20-02-2008

19 février 2008

Clair de lune

DSCN1779

8 février 2008

Tandem

votive

Douce sensation de l’œil qui s’ouvre
frileuse des mois passés la fente des paupières baille
un goutte à goutte d’eau salée glisse
sur la joue
le monde s’agite dans un soleil blanc naissant
l’herbe grasse habitée d’empreintes fait place à la terre gelée
ils ne sont plus seuls roulés dans l’abandon de l’hiver
des cris tendres en cohorte défilent
une cheftaine appelle la meute
en rond armés de brindilles les enfants s’accroupissent
à même la terre
où le froid se dissout à la chaleur de la peau
et il s’étire assis à califourchon sur la selle sèche de son vélo
d’un regard d’aigle acéré le prêtre veille.

Je roule sous un ciel bleu de montagne les yeux mi-clos
à cette heure un halo éblouissant de biais s’infiltre sous les verres teintés de brun
comme l’aveugle le noir et le blanc accompagne ma route
le cri strident des mouettes rappelle la mer
elles se sont repliées là, royales sous leur plumage blanc
orphelines couronnées le temps d’une saison
l’aérodrome est loin alors qu’un vrombissement d’hélicoptère se fait entendre
j’assiste au décollage
en habit d’apparat les cygnes forment un escadron sur le plan d’eau
sous les yeux médusés des randonneurs

en appui sur leur bâton, hommes emmitouflés, leur maison sur le dos
ils jouent à être bonhommes de neige, épouvantails
dans leurs tricots de laine gris ils jouent à être laids
dans leur jogging fluo les sportifs en herbe cranent
derrière eux ils laissent leur jeunesse
et s’enfoncent  dans la mélancolie de l’âge mur.

Rêveuse en ce lieu magique je promène mon vélo, mains gantées de rouge
croisant des visages sans nom, je veux toucher la terre
et entendre le silence de la roue imprimer son passage
laissant double empreinte
les yeux emportés au-delà
étrange cette sensation d’être accompagnée ainsi
spectatrice un bien-être m’envahit
toi contre moi je veux danser mon plaisir.


lutin – 08-02-2008

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