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Un nouveau regard, les mots qui se détachent

Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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14 décembre 2007

Maison déshabillée

 

 

 

DSCN1635

 

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Derrière le papier peint

il y a une autre respiration

un passé écrasé dans le creux de la main

poing à jamais amnésique

si on n’en soulève pas le coin
 

Il y a la lumière diffuse dans l’œil

la voix faïencée qui tombe du plafond

dans l’ombre du tapis

les mots que l’on croyait morts

s’infiltrent sous la porte
 

Les draps blancs jetés comme des fantômes

pour ne pas perdre l’envoûtement

grimacent dans le désordre de la pièce

et les mots rampent en poussière de plâtre
 

Derrière la couleur des murs

il y a la blancheur des corps qui se mangent

dans la nudité, à même le sol

et les sons résonnent en cristal
 

Dans une maison déshabillée

il y a une église

une amplitude dans le son de la voix

un ciel haut où se retrouver

 

.

.

.

.

 

Brûlante douleur
Cramponne la main
si forts les mots

La pensée
Voûtée - envoûtée
Entraînée

 

A genoux
Je la couche là
Enroulée

Tu me roules et me déroules
Et je t’écoute dormir
Enserrée tu me serres encore
Me desserres et je me presse

Ligne
En dehors de
Tout contre
Toi

A bout de bras
Immergée
Etre là

Avec toi

.

 

 

lutin - 13-12-2007

 

 

  

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6 décembre 2007

Parchemin

cuisinier420a

Elle ira ce soir au bout de la rue
Quand le réverbère allumera la chambre
La petite fille pleure
On l’appelait Souris cette gamine aux cannes de serein
Comme le disaient les garçons boutonneux
Elle aurait voulu disparaître dans le soupirail
En même temps que l’eau avalée goulûment
Gloup gloup à ses oreilles
Dans les mouvements anarchiques
Trop timide elle baissait la tête rougissante

Dans le bleu arraché qui s’écoule du mur
Le sang gicle
Il faut brûler les petits papiers
Casser les fenêtres
Détacher les empreintes
Changer l’air
Il faut frapper dans les portes
Briser les serrures
Un nœud coulant à la gorge la voilà grandie
La petite fille pleure

Les mains encollées se souviennent
Sans bruit s'offrent au vide
Il faut couper leurs extrémités
La tête se souvient
Alors détachez la du corps
Sur un plateau d'argent offrez la aux rapaces
Le ventre se tord dans le sarcophage
Ouvrez la peau que le pus suinte
Que le corps devienne parchemin
A piétiner

lutin - 06-12-2007

1 décembre 2007

Arythmie

DSCN0408

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Il n’y a rien que le silence

Et mes pas qui ne veulent pas mourir

Se tordent dans la terre de l’hiver

La boue colmate la semelle

Laissant un trou béant

Les cygnes fidèles m’accompagnent

.

.

Les rapaces en habit de deuil craillent leur faim

En couple ils se détachent des branches nues

De leur marche funèbre

L’œil ironique revendique les lieux

.

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Le noir et le blanc sont ma bannière

Alors que le sang s’est figé dans mes veines

Il n’y a qu’arythmie

Et cet organe qui ne veut pas mourir

Cogne au thorax comme le bec de l’oiseau

Sur ce  lombric sorti de terre.

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lutin - 01-12-2007

plume_20oie

30 novembre 2007

Premier cours

Imaginer le fond... à chaque étape, regard perplexe, de l'imaginaire à la concrétisation, il y a mille pas.

Je sais ce que je veux, je ne sais pas ce que j'aurai...

DSCN1608

29 novembre 2007

La cour des miracles

mendiante_sculpture

D’où venez-vous Madame, vous que je viens de croiser, j’ai baissé les yeux, happée je  me suis retournée, on aurait pu lire dans mon regard cet étonnement, cet effroi, ce froid qui s’est glissé en moi. J’ai marché encore dans mes réflexions de l’instant tragique, me voilà en train de penser que j’avais atteint le nœud de la misère sur ce trottoir où les gens se bousculent sans se voir.

Que vous est-il arrivé Madame pour que je ne puisse pas faire autrement que m’en retourner vers votre corps déformé. Je garde les yeux baissés pour ne pas vous effaroucher et je vous examine penchée en équerre. Vous êtes si petite et fragile, votre jupe noire traîne sur le macadam mouillé, votre veste aussi noire que votre misère se déchire aux coudes, je les imagine pointus, je vous imagine décharnée derrière vos tissus. Sur votre tête vous portez un foulard gris comme le ciel, est-ce la couleur de vos cheveux ?  En bandeau une écharpe noire nouée derrière votre cou cache votre visage, et vous voilà tremblotante un gobelet blanc en plastique au bout d’un bras tendu en avant. A chaque pas indécis vous avancez lentement devant une bouche de métro, vous faites quelques mètres seulement et vous vous en retournez sur vos propres pas.

Sous mon parapluie à l’abri du crachin je vous étudie Madame, cherchant votre vérité. Les passants pressés et aveugles vous évitent comme le lépreux sa cloche à la main. Aviez-vous des chaussures je ne sais pas, on ne voyait rien de vous si ce n’est que cette apparence la béquille à la main traînant ce corps rachitique et délabré, vous aviez 100 ans Madame, vous sortiez de la cour des miracles.

Madame j’avais envie de vous prendre la main, il me semblait que ce soir était votre dernière nuit, je voulais être celle qui vous conduise dans un lit blanc, je voulais que votre tête s’endorme en paix sur un oreiller de plumes. J’ai tendu la main Madame, ma main nue voulait rassurer votre vie chancelante, je voulais être celle qui borde ce passage si douloureux, je voulais mettre mes yeux dans les vôtres le temps de passer de vie à trépas.

J’ai avancé la main vers vous Madame tout doucement pour ne pas vous effaroucher, je tremblais d’émotion dans la crainte de ne pas être à la hauteur, il me semblait que le moindre geste maladroit pouvait vous achever dans le bruit des voitures et je vous voulais un lieu de chaleur, une soupe comme dernier repas.

Je me suis penchée pour vous parler et plus je me courbais pour vous rejoindre plus votre corps se pliait comme si vous vouliez disparaître sous terre. Je cherchais vos yeux, vous fuyiez les miens. Votre bras tendu le gobelet vide à la main dans un sursaut s’est replié brusquement, votre autre main a remonté cette écharpe noire au plus haut de vos yeux, vous vouliez être transparente dans le noir de vos habits.

Vous Madame qui chanceliez il y a quelques minutes, vous  dont chaque geste était minutieusement ralenti par l’usure d’une vie de souffrance, je vous ai vu lever la tête pour chercher une aide sur le trottoir d’en face. J’ai suivi votre regard, en face il y avait une diseuse de bonne aventure. Madame vous n’étiez qu’une mascarade, une imposture.


Lutin – 29-11-2007

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25 novembre 2007

Extension

 

 

Le_d_sesp_r__Courbet

le désespéré de Gustave Courbet

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C’est étonnant comme on reproduit toujours la même chose

c’est étrange ces mêmes sensations à chaque voyage

alors il faut s’asseoir auprès d’un arbre et attendre


 

Sur le rebord du drap

c’est écrit dans le couffin au rebord de l’anse

au bracelet rivé au poignet

c’est écrit que le voyage ramène à la position fœtus


 

Le corps balance d’arrière en avant

c’est étrange l’amplitude de la pensée dans les jeux d’ombres

les yeux aveuglés passent et trépassent


 

Il faut taper aux carreaux avant que le monde ne se soit endormi
leur expliquer

sous le voile il y a un humain en danger

derrière cette prison d’étoffe un être a perdu la chair qui se constitue dans le ventre de la mère

Il a perdu la langue et s’exprime avec les doigts

Il s’en retourne à l’origine du monde


 

Il faut broyer la machine à cloner

les genoux écorchés ne peuvent plus reconstruire la marche flexible

il faut déterrer la hache de guerre à jeter aux mauvaises fées

A quoi bon continuer si les maléfices perdurent


 

Il faut arrêter d’écrire contre la vitre
cela ne sert à rien

il faut ouvrir les fenêtres
crier dans le vide tête levée

dans l’extension d’une flèche brisée

 

 

lutin - 25-11-2007

 

 

 

 


 

18 novembre 2007

Arrêt sur image

dali1au6

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C’est drôle le hasard, quelques heures de sommeil seulement, les yeux s’ouvrent sur le silence, la bouche reste close, le pas hésite vers la fenêtre, la main soulève le rideau blanc et le clocher manifeste le réveil, comme s’il attendait la levée du corps, il est 9 heures, la nature est figée, les arbres tirent leurs bras amaigris  vers un ciel laiteux sans tolérance comme l’aspirateur du cantonnier qui a avalé l’été.

Un homme en casquette passe sous les fenêtres un bouquet de fleurs à la main, fier il marche droit vers l’élue de son cœur, je le suis du regard jusqu’à perdre de vue ce papier argenté qui protège du gel sa déclaration d’amour, va-t-il la rejoindre par surprise sous les draps,  je croise mes mains, les décroise, mes doigts sont comme ces tiges nues, ils ne savent pas quoi faire de l’espace.

Une femme  au rythme de la vessie de son chien contourne les arbres dépouillés, frileuse son cou s’enfonce dans son pull col roulé, elle a l’air bossu enveloppée dans ce chandail trop grand pour elle, je la soupçonne de l’avoir piqué rapidement à son mari, la voilà en train de taper du pied sur la pelouse blanchie, mes pieds sur la moquette se recroquevillent de froid, je suis pourtant près du radiateur. Délicatement elle ensache les déjections de son caniche, j’ai mal au ventre.

Un survêtement bleu dans une démarche militaire avance à grandes enjambées la baguette de pain fraîche à la main, à pas lents je m’en vais vers la cuisine prendre un café, je n’ai pas de croissant. C’est dimanche nul doute,  la rue est calme, les voitures grelottent le long des trottoirs,  elles trempent leurs roues dans les caniveaux gelés. Je n’ai plus de pain à plonger dans le bol.

Dans le brouillard de mon réveil je sais, mais oui j’ai mal au cœur, non pas ce mal d’un trop plein d’abondance, il y a plusieurs jours que je ne mange presque plus, j’ai mal tout court. Mes rêves portent l’estampille de mes jours, le carcan de mes doutes. Mes yeux portent les stigmates de mes nuits, en croissant de lune un trait couleur arc-en-ciel  mange mon visage. En noir et blanc des lacets de mots ont étranglé la nuit, haute en couleurs l’intonation de la voix prend du relief au petit matin. Mes rêves se sont envolés et me voilà nue comme ces arbres si laids chiffonnée de mes tortures nocturnes à regarder les autres vivre, à écouter s’égrainer quelques notes de musique. Dans la note de piano il y a des larmes, la touche noire comme un cercueil les a enveloppées et les voilà prisonnières.

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lutin - 18-11-2007

16 novembre 2007

Désert

DSCN1132

Ma tête est un désert, je m'en vais compter les grains de sable, je m'en vais refaire le chemin à l'envers.

Mes mains ont perdu l'envie de construire des châteaux en Espagne, je m'en vais les mettre au repos

Mes pieds vont retrouver la route c'est certain, je ne me suis jamais perdue, alors je vous dis à bientôt.

lutin

5 novembre 2007

Souffleur de verre

Frasco_Kirzdorf_Pavel_Souffleur_De_Verre_Flacon_Fleur_Cordon

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Je m’en vais dans mon grand jardin regarder le monde à l’envers
je prendrai mon élan dans ce vaste océan
depuis si longtemps j’ai cette envie de devenir liquide
étrangère dans le jeu des miroirs
je nourrirai la terre de mon eau
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Sous la lumière il y a dans l’air ce léger souffle
un parfum oppressant qui serre le cœur comme la traversée du désert
je tombe dans le précipice de la nuit
le moral inégal j’égraine les heures
dis est-ce que tu dors ?
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Derrière l’arbre il y avait la forêt, devant nous le hasard
empêchant les mains de se lier
les sons vibrent en moi, dansent les images
si je pouvais dissocier le corps de la pensée
comme l’archet de son violon
je serais souffleur de verre
l’eau glacée refroidirait la matière

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lutin - 05-11-2007

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pour ceux qui aiment le travail du verre, un lieu

http://www.ericsimonin.com/pages/videos.php

29 octobre 2007

Lévitation

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        Je suis dans la chambre juste à côté, la porte entrebâillée laisse filtrer la lumière de l’écran bleu, cliquetis des touches, ventilation de la carcasse qui n’en peut plus de la profusion des mots, j’entends tes mots chuchotés, j’entends le froid de ta main, la crispation de ta nuque, tu as quitté le jour, tu as quitté la nuit, tu es entre deux mondes, ni mort ni vivant, un vêtement vide sur la chaise, le corps en suspension, un ovni gravitant autour de son cerveau, un manteau de feu quand l’esprit va plus vite que les doigts sur le clavier, un volcan en effervescence laissant couler sa lave dans le débordement des heures de la nuit. Tu es l’écrivain qui fera de son lecteur un prisonnier de l’image, le tortionnaire de son cerveau.

Dans le noir je te vois flairant ma respiration sous les draps, tu as baissé la télévision, mis le casque sur tes oreilles. Il est trois heures quinze du matin, les aiguilles de la montre se superposent à l’horizontal, il est l’heure de te coucher. Electrisé tu refuses l’avancée de la nuit, la dureté de la sonnerie du matin, tu espères l’extension de cet état d’apesanteur. Je me détends la tête sur l’oreiller, les yeux  fermés, j’entends le vent, j’entends ton souffle,  j’entends la pluie tomber,  j’entends les hallebardes que tu laisses tomber en caractères de feu liés les uns aux autres, une tempête en toi qui semble ne jamais pouvoir s’arrêter. Trois heures trente, une aiguille du réveil pique du nez le tien aussi sur le clavier, je t’écoute  t’essouffler dans ta relecture, ta voix perd de la vitesse dans le triangle à angle droit de l’horloge et de l’écran, contre les volets le vent perd de sa puissance, à croire que tu faisais corps avec les éléments.

Dernière lutte tu ouvres le frigo, mange un yaourt, il n’y a plus de jus d’orange, tu vas aux toilettes, encore un regard sur l’ordinateur, derniers cliquetis Ctrl S – Ctrl C – Ctrl V, couperet d’une nuit en lévitation, tu donnes en pâture ce qui a secoué tes tripes plusieurs heures durant, tu seras le bourreau du lecteur ficelé à son écran. Dans le noir je devine tes gestes, tu enlèves ton slip, ton tee shirt, tes gestes sont lents, tu respires calmement, lentement tu soulèves la couette, tu te glisses contre moi, me prends par la taille, tu fais le mort pour ne pas me réveiller à quatre heures du matin. La pluie tape contre les volets, tes doigts ne bougent plus, tu deviens mort dans ton sommeil, à l’heure du glas dans trois heures le réveil sera sans pitié, le lecteur aussi.

Lutin – 29-10-2007

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