La cage
Je me tais
me barre la bouche
la colère cercle mes dents
ampute ma parole
chaque jour est un tour de vis
Une toile d'araignée croît
d’une peau intérieure
chassant de mes lèvres
pacotille et éphémères
Les chaises pendent
les corps se cambrent
le sexe sous le bras est
dans son fauteuil roulant
Dans le rétroviseur je ne supporte plus
l'or et la rouille
où surfe le handicap des faux bourgeois
dans la cage
on ne me pêche pas
Géante au dessus de la terre
jusqu’aux Tuileries
je glisse
écartant les jambes
entre deux rives
il me faut boire
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Tout au bord
Donnez-moi le temps
l'air
voile épais sur le pont
je jette mon corps ici
au bas du ciel
comme un passage secret
syllabes à peine prononcées
dissoute
ma pensée est un escalier
J'ai faim de l'amour
du blanc lunaire
vers l'horizon mêlé
j'ai besoin de temps
de la main qui s'ouvre
se resserre
Derrière elle je me cache
j'appréhende
m'ouvre
et me ferme
dans un lit.....ouvert
s'il ne me ferme
en eau profonde
Je suis le "bateau ivre"
aux mains de chair
l'esprit et la colombe
la bouche tendue
aux lèvres de velours
oubliant de compter les heures
suspendues
Jolies mains d'écrivain effilochées
le voyageur ne voit pas ta métamorphose
quand le soleil couchant vient jouer du piano
les buées pressent en arc en ciel
l'écho halluciné de ce qui aurait pu être
j'en aime l'immobilité
l'espérance au bout des doigts
Quand le corps n'existe plus
Quand le corps n’existe plus
Courbé tel un roseau
Habillé de chair
Il n’y a plus bruit ni odeur
Les ombres s’échappent
Voleuses encapuchonnées
Le jardin n’a plus de secret
D’un geste de la main
Quelques cristaux de couleurs
Dans la nuit de ton visage
Illuminent le ciel
Et de la vie, le manque !
Ma robe s'en est allée
Sous la dépouille
La chair voilée de cire
Dans le vent flotte le ruban
De velours était la peau
De marbre l'aile s'est posée
Une statue semble rêver
Sous les graviers de l'allée
Les pas sont toujours là
Crissent les mots de l'oiseau
Se tendent les baisers
Contre l'épaule le rêve fige
Préparation exposition "dessin" à Elancourt
Je pense autrement la fin du jour
‘Wolkengespenster’ by Richard Riemerschmid, 1897
Il y aura toujours des notes de piano sur le bord de la fenêtre
Il y aura toujours le chant de l’orage déclarant l’amour à la terre
Sur les pétales de roses le musicien et son archet
La nudité qui donne vie
L’orage à venir anime le pouls
La maison intérieure endormie
J’ai dans la poche quelques cailloux à compter
La distance entre l’éclair et le grondement du tonnerre
Le silence fait sa route
Un vide du cœur avant la rupture des eaux
Tout près du ciel on ne voit pas la chasse aux étoiles
Les nuages sont cratère gorgé de flèches
Ici est un jardin suspendu
Une bouche ouverte vers le monde
Sur la fragile chaise je m’assieds les jambes sur la table
Dans cette position je pense autrement
Je pense autrement la forêt
Le sol et le plafond
Le couvercle au-dessus de ma tête
Les mouvements de l’espace qui se tait
Il n'y a point d'heure
J'irai entre les herbes faire tourner mon cœur
les ronds dans l'eau embrument le matin
comme la boussole dépend du soleil
Points cardinaux vos flèches me distraient
dans le fil du temps laissez-moi courir
entre les mailles j'ai besoin d'épines
de boursouflures sur un corps trop lisse
Je ne peux me poser au chien qui fume
il me faut quelques renards apprivoiser
avant de m'asseoir à la table
mille cris d'oiseaux encore
Demain est la terre dont je cherche la semence
la rebelle derrière le giron en sueur
il n'y a point d'heure dans les yeux
Sur un banc hier et demain se côtoient
se décousent les voyages perdus
les vêtements défaits à coups de ciseaux
un vide hagard tenaille le prolongement des mains
Peu importe l'ombre et la lumière
la niche du chien
à l'heure où les fantômes se parent de blanc
je suis un coureur de fond au bout de la route
Ma mémoire est là entre les herbes
Eric Holder
Cet écrivain décédé en 2019 à 59 ans disait à peu près cela,
Lorsqu'on écrit on est dans une transparence totale, une transparence dont nous n'avons même pas conscience.