Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un nouveau regard, les mots qui se détachent
Un nouveau regard, les mots qui se détachent
Publicité
Albums Photos
Archives
13 décembre 2008

Jeanne - des mots jetés

.

Il y a ce lit

cette couette

à combler

un hiver en plein vent

un iceberg dans le ventre

sans fin fouille au cœur


Rester droit

dormir à la  verticale

fil à plomb insomniaque

cœur percé au sabre

sous l'armure

tenir debout


Un fou-rire dans un hall de gare

l'écho de soi entre les rails

dans la solitude

les bras en croix

fondre dans le métal


Jeanne je pense à toi

au creux de l'âtre

à mes engelures

dans cette aire glaciaire

je porte l'armure d'acier

sous la morsure elle a plié


Nue je me soumets

à la mort du passé

du présent inutile

l’avenir dans les braises

dans les cendres le devenir

Jeanne ta douleur est mienne


Jeanne je me battrai

dans les draps

face à l'ennemi

je vaincrai


lutine

Publicité
Publicité
30 décembre 2008

Mille morceaux et quelques poussières

.

.

La terre s’est noyée
le cri même si on ne l’entend pas se prolonge
comme la distance se rapproche ou s’éloigne
l’écho rappelant le chemin
autour d’un cercle en attente de sa courbe

C’est une route entre deux forêts noires
longue et tendue - derrière rien
c’est une mobylette réveillant le silence
cintrant la route dans sa roue - devant rien

C’est un objet en suspension
le visage en vrille entre deux arbres
les freins ralentissant le temps
la route est son aimant
papillon de nuit attendant un halo de lumière
mâchoires serrées

Elle voudrait brûler l'absence
le moteur asphyxiant l’air de ses accélérations
les phares blancs s’enfoncent dans la pente
quelle angoisse le ciel qui se penche
le sang qui  glace les veines
le silence et le noir

Il fait encore nuit
le corps déboulonné dans le sable
il y a la tempête dans la tête dévissée
loin du cœur elle gît
une tornade l’a emportée tordant la bouche
en noeud marin - autour du cou
le long de la gorge - coulant
elle a l’air ravagé
autrefois les seins rebondis
elle sentait bon

Les oiseaux tourbillonnent - ailes déployées
carnassiers piquent du bec
un festin à l’heure de la fin
une bouillie de mots éjectés
entre les dents à manger

Macabre direz-vous
vos pensées si fortes prennent voix
sur vos visages froissés
à multiples facettes
la vermine tisse ses formes
la lance de vos yeux  - crève-cœur
ainsi gisent les opprimés
veines éclatées
ventre à terre

Il faut écrire sans détour
avant la gifle fatale
une tige de fer se tord
elle a perdu les formes voluptueuses du gant qui l'emmurait
dénudée au sol elle se rouille
le sel rampant sur la matière
la peau à ses côtés en milles morceaux

Il y a la vague saline – la terre s’est noyée
têtue elle piétinera
progressivement digèrera
atmosphère étrange - électrique
un semblant de couleur monte au ciel
une ombre peut-être

Tu n’es plus moi – tu es l’autre
l’androgyne dans un pantalon d’homme

Je suis toi dans moi
35 mn
semelle dans la terre glaise
il était temps face aux couteaux
cran d’arrêt ou papillon
acier 420 ou 440 chirurgical dans la gencive
dans le jardin marqué au fer rouge sept cygnes
à  l’unisson un décollage en accueil
un autre monde sans armure au dessus de la lame refermée

Tu es moi dans toi

58 secondes de survie -  le sang pulse les chagrins
je t’ai donné le sein ce matin
je t’ai donné la langue
couteau à double lame
manche d’ébène de frêne ou d’olivier
tranchant le fil sous l’aiguiseur assassin

Nous nous sommes croisés si peu
une voix chaude habillant mes mains ensanglantées
je n’ai plus de doigts
je ne sais plus compter jusqu’à dix
je n’ai plus de pouce à sucer
je ne t’ai pas donné le ventre
je suis l’enfant apeuré dans l’écume des visages fossoyeurs

Tourne manège
tournent les yeux dans les coins
j’entends le compliment serré au bras gauche tout contre cœur
l’hématome encore marqué du son presque audible
mâchoires serrées dans le souffle vers moi
sous les applaudissements les viscères en torsion
la chienne pissant son territoire de l’autre côté

Je suis fœtus
je t’ai donné mes dents et ma salive
de chiffon j’ai plié la poupée en moi
ne me déshabille pas le ventre
de corne ou d’os quelques couteaux encore
des veines à entailler au fil des jours
des révolutions dans les couloirs du métro sur la ligne Ménilmontant
à cran d’arrêt la lame s’éjectera

.

Mille morceaux et quelques poussières
en toi ou moi
androgyne



lutine - 30-12-2008



7 janvier 2009

Maison déshabillée

.

.

Derrière le papier peint
il y a une autre respiration
un passé écrasé dans le creux de la main
poing à jamais amnésique
si on n’en soulève pas le coin


Il y a la lumière diffuse dans l’œil
la voix faïencée qui tombe du plafond
dans l’ombre du tapis
les mots que l’on croyait morts
s’infiltrent sous la porte


Les draps blancs jetés comme des fantômes
pour ne pas perdre l’envoûtement
grimacent dans le désordre de la pièce
et les mots rampent en poussière de plâtre


Derrière la couleur des murs
il y a la blancheur des corps qui se mangent
dans la nudité, à même le sol
et les sons résonnent en cristal
au vent des sentiments


Dans une maison déshabillée
il y a une église
une amplitude dans le son de la voix
un ciel haut où se retrouver
une maison nue, c’est le monde à l’envers
fenêtres ouvertes



lutine

9 janvier 2009

Oxygène en bouteille

.

.

J'ai un verre à la main
la bouteille dans la poche
je ne sais pas boire sans un verre à pied
même si mon pied frôle le caniveau
et que le talon casse en angle droit
comme ma voix dans les ritournelles de mes désillusions

Je veux boire chic le petit doigt en l'air
je ne serai pas pocharde aux yeux cernés

le corps comme un arbre sec
les lèvres au goulot
je ferai illusion dans mes chansons articulées

au son d’un accordéon sous-marin
il ne faut pas avaler les mots
il faut du liquide chaud chatouillant les cordes vocales
le rond de la bouche formant des sons audibles

Je serai princesse de la nuit
Messieurs vous me baiserez la main sans l'espoir de soulever mes jupes
vos chansons à la cantonade ne sont pas miennes
je n'aime pas la vulgarité
je suis bon genre et me couche seule
sur le lit je tangue et m'accroche aux souvenirs d'un amour d'eau
les yeux fermés
seules les vagues puissantes de l'investigation du ventre remontent à la gorge
créant une paralysie du pharynx

C'est le chlore qui nettoie la peau
au matin d'une gueule de bois
ce n'est pas clore sa bouche
mais en chlorer les cellules humaines
comme l'éther sous le nez anesthésie la pensée
c'est le coton imbibé sous la langue
sniffé par le nez endormant la douleur
quand ça fait mal on se fouette au sang
on ouvre et l'on verse

.
Ce n'est pas éclore à l'air libre
c'est donner de l'oxygène en bouteille
des bulles blanchies montent à la surface
la peau est désinfectée
d'un mal trop profond
en cratère sous la peau
au fond d'une piscine
d'eau chlorée
c'est aussi la naissance de bulles
éclatant en surface

.

.

lutin

.

.

09-01-2009

18 janvier 2009

Rien que le sel

.

.

Oiseau j’ai nourri ta main de mon sel

m’enroulant dans le paysage de tes doigts
en son creux - les grains sur mes ailes
de l’intérieur j’ai arrêté le sens - dans une cage
spirale d’or autour du cou -  je me pends
grande strie sanguinolente

A  ton cou je suis l’anneau

écrivant sur ton dos
la patte cerclée de l’oiseau - migrateur
quand le vent un peu plus me porte
vers l’épuisement
à l’intérieur - notre démesure

J’ai couché les bourrasques

comme la vague contre le sable
quand la peau se tord – eau contre vent
ce sont les balbutiements de la renaissance
notre premier geste maladroit
autour de nous - rien que le sel

De nous - doigts liés

notre écriture sur le dos

.

.

lutine

Publicité
Publicité
29 janvier 2009

Toupie dans le désert

.

.

Ce n’est pas de la barbe à papa
ce n’est pas de la réglisse
c’est du goudron dans le Sahara
aux heures chaudes
un homme est enroulé dans une masse pâteuse
on y voit la tête
on y voit le bras tendu
il tire vers l’extérieur
déformant sa prison élastique
les pieds sanglés dans un pneu crevé
sorti de sa roue

la route ailleurs

il y a le sable brûlant
blanchi de lumière
c’est le contraste de la matière
un mur souple et ferme

entre corps et terre
des yeux noircis
dans une tête cagoulée

sa deuxième peau

géôlière

c’est la vitesse de l’affolement

vrille bloquant le ventre
le ressort de la montre s’épaissit
d’autres sont passés
on en voit la trace
voyageurs pressés
ils n’ont pas pris les ciseaux
pour couper le fil
en d’autres lieux plus cléments

une fête foraine peut-être
ils ont fui

c’est un homme cyclone
une toupie dans un désert

.

.

.

lutin - 21-01-2009

inspiration d'une peinture abstraite d'ailleurs

29 janvier 2009

Agnès Schnell

Mosane ou presque

42 chants pour l'Ardenne

Agnès Schnell - Inédits

Un jour nouveau

un de plus…

Une déchirure au loin

des chemins s'ouvrent

plus vastes    plus lumineux.

Nos pas dans d'autres pas

d'autres marches

plus heurtées.

 

La forêt puissante

nous possède

nous aspire

en sa paix humide

la forêt nous éloigne

de nos énigmes

nous relie à d'autres secrets

plus profonds.

 

La vie

chemins pétrifiés

ou osseux

toujours autres

les sources    une pause

à peine

dans l'infini du temps.

 

Lente maturation

dans l'obscur   dans le tiède

voix éphémères

souffles feutrés

mille haleines nous lient

à l'invisible.

la suite ici http://www.mondalire.com/votre_espace/Agn%E8s_Schnell.htm

18 février 2009

le vent - la vague

.

.

Lente la vague de la pensée
au bord de l'écriture
à l'aplomb de la falaise

Le vent se nourrit des mots - gonfle la vague
lit un livre ouvert - feuilles volantes
curieux - tourne les pages
sous l'eau noie les premières joies

Monte la vague - chargée de mots
des mots de larmes
des mots d'enfants

En dessin de nuages emportés par le vent - les rêves
sous la brûlure du soleil reviennent
en cortège de cendre

Gonfle la vague
en chemin une éolienne brasse le vent
parle la vague

Des mots engloutis dans la tempête - vague
pour eux qui s'aiment
chasse les algues - les feuilles mortes

lutin - 18-02-2009

22 février 2009

"Quelque chose de cette mère où s'entrouvre ton ventre"

.

.

J’ai peur de me taire
j’ai peur de perdre la voix, amie qui me tient la main
il faut que je me taise
j’avale le mot dans l’oubli de moi
les secrets seront écrits plus tard

Je vous aime dans l’atmosphère poussiéreuse
les secrets dans les recoins me collent au sol
ma mort n’y changera rien
ma mémoire a le cafard vidée d’espérance

Blafard est le teint
sur les murs sont écrites vos confidences
sur le canapé aussi des gestes incrustés
jusqu’à la salive dans le tissu, marqué du sexe aussi

L’avenir a perdu son chemin
un désert monochrome peuplé d’absence
voute les épaules dans l’air paralysé

Rien ne circule, les trains électriques se sont arrêtés
la musique aussi, le chat miaule
la mémoire en couleurs torture le ventre
le jouet est cassé
la toupie fait du sur place
le long d’un mur si haut se cogne le jour

Une part de vie dans les paquets en partance
en vrac le passé à même le sol froisse le tissu
comme la peau
des nœuds dans la tête, des lacets accrochés à la fenêtre
les pieds en suspension, la tête ailleurs
le chat se roule dans l’odeur fantôme

Je vous laisse les clefs
ma mémoire a le cafard
mon corps est un désert
une gare la nuit peuplée de vous
je choisis l’insécurité qui me colle déjà aux os


lutine - 22-02-2009

27 février 2009

Les confidences d'une toile

.

et mon inspiration

.

Tu tournes le dos au milieu du désert
Les yeux en voyage au milieu d’un nuage

Tu as cassé tes chaînes
Battu à  mort la boussole au soleil couchant

Seule ta peau au bord du tombeau
Personne pour te jeter la pierre
Dans tes pas éphémères à la recherche du vent

Du sable crisse sous tes dents
La fleur au coin de la bouche
Le jus avalé en sirop d’érable

Que laisses-tu derrière toi ?
Le silence

Que cherches-tu devant toi ?
Un mirage

.

lutine - 27-02-2009

.

20 mars 2009

Funérailles dans le dos

.

.

Il n’y a que le soleil sur les ombres

il n’y a que des poupées de chiffon noircies

les cheveux monochromes arrachés

quand une nouvelle saison se lève

notre corps est un livre

on en tourne la page

on déchire la souffrance de quelques lignes

les morts ne volent pas

les morts ne salissent pas

on déplie son corps encastré dans le vide

à l’angle des raies de lumière

on relève la tête

lançant un long regard vers l’homme

respirant avec lui

on enfourne ses doigts dans la bouche

hors d’haleine on en extirpe les mots

les morts ne parlent pas

rien qu’un verre d’eau pour laver le linge

de l’eau sucrée-salée à chaque souffle

rien qu’une épaule pour expulser le froid

une main sur le ventre reconnue

on lui lave les pieds

on lui lave le sexe

dans l’intervalle des gouttes d’eau

la toilette faite on le caresse

l’escalade des doigts pousse les heures

il n’y a que les corps vivants

les armes au poing

qui se souviennent

un terrain sur lequel s’ébattre

et s’abattent nos souffles à genoux

les funérailles dans le dos

.

lutin - 20-03-2009

22 mars 2009

Tripe humaine

.

.

La nuit je ne suis plus là
je pars en voyage
dans une atmosphère cérébrale fantomatique
la vitesse l’emporte souvent
la spéculation aussi
sur un fond de colline rocailleuse
la musique en parallèle
c’est entre deux gares dans un confort aléatoire
que je grave et peins des personnages insensés
à l’épreuve de l’horreur
le burin martèle les rails
la rouille sur la peau persécutée
dépose ses pigments
le chiffon à la main bat la toile
les particules comme une pluie s’échappent
reste l’ombre du déporté
à peindre au risque de la vie
des électrochocs invoquant  la furie du monde
happent les aiguillages chargés de bruit
la déglutition est difficile dans les secousses
et les tripes se nouent
le ventre accouche sur le quai d’une gare
dans l’énergie sourde d’un autre défi
visage qu’on dévisage
par peur de mourir sans laisser de trace



lutine - 22-03-2009

9 mai 2009

Le cerisier

Une peinture d'ailleurs / un souvenir d'enfance

                            .

.

                           J'ai grimpé jusqu'à la cime du cerisier, dans un short trop court mes jambes balafrées m'ont emmenée à la dernière cerise écrasée contre ma bouche de petite fille gourmande, en chemin j'ai perdu ma sandalette et me voici les yeux larmoyants assise sur une branche à regarder le sol et le soleil décliner. L'ombre se fait terreuse alors que l’écureuil ami s’excite enroulant sa queue contre le tronc en éclair d’orage. Dans mon regard noirci vous pouvez lire la peur, les pupilles sont des cailloux qui tombent, le blanc est un étang qui déborde. J’ai mal au ventre, il ne faut pas avaler les noyaux, mon grand père me le disait si souvent. Une boule m’empêche de respirer, tout se noue entre la bouche et l’estomac, seul  le ventre comme un robinet ouvert réclame la sortie. Je suis perchée emmaillotée dans une culotte de coton blanc et serre des poings, le feu monte aux joues, cramoisie je crie l’échelle, c’est l’heure de la sieste et je suis seule au monde mes doigts teintés d'encre rouge comme mes lèvres, juste un caillou entre mes mains transporté du sol au plafond pris sur la table. Il n’y a plus de ciel dans l’arbre centenaire, il n’y a plus de soleil, juste le vert des feuilles sur mes épaules pesant une tonne. Quand les parents appelleront à l’heure du goûter, les bols remplis de fraises marinées dans du sucre et du vin, je serai morte.

lutine

14 mai 2009

Les assis


Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;


Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !


Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.


Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L'âme des vieux soleils s'allume emmaillotée
Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains.


Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S'écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour.


- Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.


Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d'habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l'oeil du fond des corridors !


Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l'oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez pris dans un atroce entonnoir.


Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales
Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever.


Quand l'austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;


Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules
- Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.

Arthur RIMBAUD, Poésies 1870-1871

18 mai 2009

les enfants de Don Quichotte

.

.

.

.

"On est capable d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace, d’identifier un criminel à partir d’un cheveu ou d’une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d’informations. ON EST CAPABLE DE LAISSER MOURIR DES GENS DANS LA RUE."

.

.

On est capable d’ériger des gratte-ciel de six cents mètre de haut, de construire des hôtels sous-marins et des îles artificielles en forme de palmiers, on est capable d’inventer des matériaux de construction « intelligents » qui absorbent les polluants atmosphériques organiques et inorganiques, on est capable de créer des aspirateurs autonomes et des lampes qui s’allument toutes seules quand on rentre chez soi. ON EST CAPABLE DE LAISSER DES GENS VIVRE AU BORD DU PERIPHERIQUE.

.

.

.

No et moi de Delphine de Vigan

.

.

.

Colère
Laisse couler les mots
Sans retenue
Comme lave en fusion
Déferle sur la ville

.

Crie !

.

Que ta voix
Réveille les sans questions
Hurle le poids de tes déchirures
Bouge cette inertie
Crève les tympans
Des aveugles

.

Rage
Livre-toi
Sans pudeur
A ce monde léthargique

.
Comme voiture folle
Déferle sur la ville

Regards affolés
La mort en face
Dernier soubresaut
Des yeux expressifs
Des têtes qui se relèvent

.

Enfin !

.

En fleuve déchaîné
Sur la ville
Laisse couler tes eaux
Chargées d’éboulements

Des yeux épouvantés

.

Enfin réveillés !

.

Au travers de ta peau

Hurle à exploser les vitraux
De cette église
Qui est tienne

Dans leur dénuement
Qui sait …

.

lutin

19 mai 2009

Juste au bord

.

.

.

C’est un grand terrain vague

Brèches invisibles

Les murs saignent de la violence de la table

On ne chasse pas les images à coups d’éponge

Nous portons notre dernier habit

La mort est envie jusqu’aux chuchotements des rêves

Et le fleuve continuera de couler

Dans le gouffre que nous sommes



On ne cache pas les résonnances du silence

Du fil inversé à la pliure de la main

C’est un inventaire dans une ligne suturée

Où les contours sont perméables
   
 



lutine - 18-05-2009

22 mai 2009

A la manière d'une autre écriture

.

.

......................Il suffit de presque rien, une rotation peut-être programmée, par un appareil photos, ou du vent, ou son propre souffle, au creux de l'oreille, tout doucement, ou dans la bouche, un peu plus fort, un doigt, sous le menton, pour que le portrait devienne manège, un cheval de bois dont on tient les rênes, un animal qui se cabre, face à son miroir, il suffit d'un réglage focal, écartant la lumière, pour un fond blanc sans barreaux, une tête à l'endroit de l'enfant qui a fini sa dernière pirouette, dans un autre monde, dans un autre voyage, à la dernière page du livre, il suffit d'en commencer un autre, la table des matières répertorie les chapitres, à lécher une barbe à papa, le sourire en bouche, le premier promet l'ouverture d'un angle, il est un cercle à lui tout seul, un ballon rond qui dévale la pente, à toute allure, dans un champ de coquelicots, pourquoi tant de vitesse, me direz-vous, c'est parce qu'on lui a dit que c'était là où on avait écrit le titre "je veux être heureux" que c’était là l’équilibre des choses, l’aiguille cherchant sa verticale, entre deux plateaux, vous avez l’air d’un excellent jeune homme, mais je ne connais rien de vos pulsions meurtrières, disait cette histoire stylisée, écrite depuis toujours, je croyais aux maisons, aux volets, aux chevaux, je croyais à la sauvagerie de l’âme, je ne savais rien de la lame de fond, des os tranchés, hier soir, j’étais la femme parlant à l’homme, des éclats de soleil qui passent dans la rue, les bras le long du corps, suspendus, dans ce geste impossible, pour mieux danser avec un vélo, elle a quitté sa vie.

.

lutine - 22-05-2009

.

.

21 octobre 2009

J'ai oublié le sens

J'ai oublié le sens

.

pour une meilleure lecture cliquez sur le 6ème icone "voir en plein écran"

pour la lecture pointez votre curseur à l'angle droit de la page et cliquez, ainsi vous tournerez les pages

si la musique gène votre lecture  cliquez sur le micro en bas à gauche de votre écran pour enlever le son

lutin - 25-05-2009

1 août 2009

Alliance

.

.

Une main tendue
Pierre précieuse
On l’aime comme elle est
La chair
Musique envahissante
J'ai peur
Du ciseau
Du chant qui monte
On peut perdre la tête
Quand file entre les doigts le silence
Un bras se balance
A la craie il a raconté
Appuyé sur les coudes
Martelant les mots
Que meurent les jours
Et le corps flottant dans l’espace
J’ai peur de la frontière
De la guerre érigeant les murs
S’ouvrent des yeux de sang
Les réverbères s’éteignent
Reste un toboggan où le corps s’enfile
Dans les murs du sommeil
J’ai attendu le geste de l’anneau qui glisse
Que la pluie n’efface pas le blanc de mes mots
Que la pierre absorbe tous les secrets
Laissant sur la table les cris déversés
A l’état brut


lutin - 31-07-2009

22 août 2009

Syngué sabour ou Pierre de patience de Atiq Rahimi

Syngué sabour n.f. (du perse syngue "pierre" et sabour "patiente"). Pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s'agit d'une pierre magique que l 'on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... On lui confie tout ce que l'on n'ose pas révéler aux autres... Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate.... Et ce jour-là on est délivré.

Le mari, une balle dans la nuque est allongé, c'est un mort-vivant, son épouse égrainant son chapelet, à genoux près de la couche, fait un monologue de sa vie de femme, d'épouse, de mère, allant jusqu'à l'intime d'elle-même, pour la première fois de sa vie elle peut s'exprimer sans le risque de voir les coups tomber. Le mari devient sa Syngué sabour ou pierre de patience qui entend tout ce qu'elle dit, il ne bouge pas, ne parle pas, seule sa fonction auditive fonctionnerait...

***

***

Brouillard du réveil
affecté des stigmates de la nuit
en noir et blanc des lacets de mots
un trait couleur arc-en-ciel mange le visage
des rêves chiffonnés
par les mots torsadés
sous la peau

Sous la langue
le venin file
purulent dans les coins de la bouche
antidote l’amnésie
efface au fil du temps
les larmes étranglées
dans la note noire du piano

.

lutine - 21-08-2009

.

13 septembre 2009

Maison déshabillée

.

.

Derrière le papier peint
il y a une autre respiration
un passé écrasé dans le creux de la main
poing à jamais amnésique
si on n’en soulève pas le coin


Il y a la lumière diffuse dans l’œil
la voix faïencée qui tombe du plafond
dans l’ombre du tapis
les mots que l’on croyait morts
s’infiltrent sous la porte


Les draps blancs jetés comme des fantômes
pour ne pas perdre l’envoûtement
grimacent dans le désordre de la pièce
et les mots rampent en poussière de plâtre


Derrière la couleur des murs
il y a la blancheur des corps qui se mangent
dans la nudité, à même le sol
et les sons résonnent en cristal
au vent des sentiments


Dans une maison déshabillée
il y a une église
une amplitude dans le son de la voix
un ciel haut où se retrouver
une maison nue, c’est le monde à l’envers
fenêtres ouvertes



lutine

22 septembre 2009

La chair de l'autre

.

.

Le poison s’infiltre sous la peau
Liquide entre les nerfs - durci
Ce n’est pas froid
C’est lourd comme la pierre
Là où la cheville se casse
Eclats de verre - Sans cri


Mille brisures de la chair - quand l’eau monte
A l’intérieur s’imbibe la vie
Nos mains  entrelacées - cristallisées


Eau - Vie
C’est la lame qui remplit les poumons - s'enfonce
Les bras s’agrippent - en l'air
Des pages blanches en testament
Le pied dans l’étrier - éclaboussé
C’est le vide


Au cerveau la musique - grimpe
L’organe vital – en courbe
Sous la cendre de feuilles
Le lierre resserre son étreinte
Les mots s’échappent - inaudibles
Les yeux s’absentent - solidifiés


lutin

24 septembre 2009

Espace protégé

.

.

............Il fait noir, la porte vient de se fermer, derrière, le froid et le vent poussent l’absence, dedans tombe la neige au cœur, l’odeur imprégnée reste encore. Il n’y a pas de sortie de secours avant longtemps, il faut attendre les branches construisant leurs parasols de l’été.

Et le corps se retourne sur des pages d'écriture à venir.

Il est 17 heures, il n'y a plus d'espace dans le manteau de la nuit, il n’y a que le noir de nos peaux suspendu à la cime d’un arbre éternel, en transparence on y devine leur couleur originelle.

Un drapeau flotte au vent déchirant la pierre ensevelie.

Il y avait quelque chose qui suggérait la présence, la bouche et les lèvres, la façon de les serrer sans cesser de regarder l’arbre et son drapeau. Il y avait l’odeur hormonale, la sueur expulsant son envie à travers les pores frémissants.

Il y avait un fleuve en crue dans l’autre pièce emportant la branche et sa main, c’était une fascination étrange ces milles petites bulles attirées en spirales au centre de gravité. Scrutateurs les yeux ont suivi le mouvement, derrière la porte des gens cachés chuchotaient entre la mer et nous et nos mains faites d’os et de chair appelaient à l’aide à travers un mur de verre.

Habillée j’ai brisé la glace me retrouvant prisonnière de l’eau.

Il suffira de dire que c’était spirituel ces images venues de très loin ou que la fièvre a créé un délire. J’ai senti mes jambes se dérober sous toi ou moi androgyne. J’ai peint de la neige au couteau sur une toile pour tuer l’absence et réchauffer mes mains, ou bien ai-je assassiné une autre vie et bu le sang.

A  la fenêtre c’est encore hier,  les trottoirs jusqu’à l’extinction des pas gardent leur nappe blanche. Il faudrait refaire les bonnes connexions et savoir pourquoi la semelle piétine dans le froid alors que les doigts ne gèlent plus sortis de la pierre ensevelie.

Noir le ciel, d’un noir soutenu toute l’écriture empilée, quand on ouvre les journaux à la page des faits divers, la grande histoire de la vie c’est l’amour.

Il n'y a que des cris d'amour jusqu'à la racine de soi.



lutine


20 octobre 2009

Cri primal (ou Kaléidoscope)

.

.

........       Il y a l'évidence qui surgit, les silences qui hurlent, la vague d'encre jetée au visage. Un ras de marée couvait sous une mer d'huile ramenant sur la plage les cadavres cachés au fond des placards, des morts à moitié fantômes dans leur semi présence. Dans la tête un clocher sonne les heures, en écho une voix promenée en bateau.


J’ai marché tard à la lisière de l’eau la tête dans le miroir, les pieds râpant le ciment, quelqu’un sifflait très fort, tout était calme aux alentours. Il y avait le masque frisant la démence, l’eau claire reflétant les pensées infusées, drôle de tête pensent les poissons moqueurs au-dessous expirant quelques bulles, l'air est pesant au-dessus, quelqu’un crie à l’intérieur, vous êtes dans un monde sans oxygène.

Embrassant le vide j’ai senti le vent soulever le cheveu, décoller la racine, libérant le mâle. Trébuchant j’ai vu plier mon corps, j’ai vu mes mains fouiller la terre, mes propres bras enserrer ma tête pour en faire un toit, les doigts écrasant les paupières pour fermer les volets, les ongles crevant l’œil pour ne plus jamais voir, même pas le brouillard.

Il faut crier et pourquoi ne pas chanter ou danser sa révolte dans le fumier. Cela brûle follement quand on bascule le tympan éclaté, c’est la peur qui rentre dans le corps, l’esprit qui sort, c'est un dédoublement de soi et pourquoi je pense à ce film d’horreur, l’exorciste, une tête à 180° fait le tour du passé crevé sur le pavé.

Les démons en forme de mensonges jaillissent dans le noir visant la tête, j’ai peur des balles perdues, je rampe sous les portes craquant l’allumette pour ne pas me cogner, je fais silence en moi pour ne pas déranger les voisins,  je ne suis là pour personne derrière les rideaux, je dors la porte ouverte, les flashs sont cruels sous les fenêtres, coquelicot cueilli dans la campagne, écrasé dans la main, je suis tombée empoisonnée.

J'aime les anges qui marchent avec moi emportant comme un drapeau noir la dernière étreinte et le désir sous l’étoffe. Allongée comme l’animal attaché à son arbre, l’entaille au poignet, mes mains comme deux nœuds de vipère frappent au centre de la terre la regardant sous ses jupes.

Je vais mordre la rage dans la mâchoire, le mouchoir entre les dents, je vais pousser mon premier cri primal. Je ne suis pas folle, on a volé mon sang, les mains malhabiles cherchent encore dans un panier de linge sale un ultime coït pour lui tordre le cou.

.

lutine

31 octobre 2009

Page blanche

.

.

Reste avec moi mon amour, il n'est pas besoin d'un miroir pour se regarder nus, la page pleine suffit. La nervosité de la plume, l’appui de l’encre sur la feuille donne l’intensité du moment, nul besoin du reflet. Etrange main qui donne le caractère de la relation.

Les choses mortes ne m’intéressent plus, ne raconte pas les phrases du passé, il est mort, regarde la feuille est vierge, le passé est un néant. Notre présent est une autre histoire, la naissance d’un livre. N’aie pas peur mon amour de cette amnésie naturelle, quand je tourne la page, quand je pose le livre, l’enfant renaît dans l’attente du premier amour.

Reste avec moi mon amour pour le début de la phrase dictée au futur, en italique elle prend la pose d’un devenir, le vent entraîne le mot amour au-dessus de l’horizon. C’est une question de vie ou de mort ce mot sur la page silencieuse.

Et je remplis la page comme le peintre étale sa peinture sur la toile, guidé par les sentiments le poignet ne ment pas. La fleur dépose son point, le papillon met l’accent sur la lettre. La force est dans le trait, elle vient du cœur mon amour quand ses pas se déplacent sur la moquette rouge.

Tiens-moi la main mon amour, notre chambre est un grimoire, une autobiographie à quatre mains enlacées pour mieux tenir la plume. L’encre séchée laisse une odeur incrustée sous la peau, des pastels au mur tels des nus dans le miroir signent notre dédicace, le fusain trame un couple, la sanguine pointe son nez quand les lèvres se touchent.

Il est presque l’heure de tes pas dans l’escalier, mes doigts se bloquent sur le clavier, j’écoute le silence, j’attends ta main sur la page blanche, tes yeux sur mes doigts pour me dicter ce que je ne sais pas encore, des levers de soleil.


lutine

Publicité
Publicité
<< < 10 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 > >>
Publicité