Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un nouveau regard, les mots qui se détachent
Un nouveau regard, les mots qui se détachent
Publicité
Albums Photos
Archives
30 décembre 2008

Mille morceaux et quelques poussières

.

.

La terre s’est noyée
le cri même si on ne l’entend pas se prolonge
comme la distance se rapproche ou s’éloigne
l’écho rappelant le chemin
autour d’un cercle en attente de sa courbe

C’est une route entre deux forêts noires
longue et tendue - derrière rien
c’est une mobylette réveillant le silence
cintrant la route dans sa roue - devant rien

C’est un objet en suspension
le visage en vrille entre deux arbres
les freins ralentissant le temps
la route est son aimant
papillon de nuit attendant un halo de lumière
mâchoires serrées

Elle voudrait brûler l'absence
le moteur asphyxiant l’air de ses accélérations
les phares blancs s’enfoncent dans la pente
quelle angoisse le ciel qui se penche
le sang qui  glace les veines
le silence et le noir

Il fait encore nuit
le corps déboulonné dans le sable
il y a la tempête dans la tête dévissée
loin du cœur elle gît
une tornade l’a emportée tordant la bouche
en noeud marin - autour du cou
le long de la gorge - coulant
elle a l’air ravagé
autrefois les seins rebondis
elle sentait bon

Les oiseaux tourbillonnent - ailes déployées
carnassiers piquent du bec
un festin à l’heure de la fin
une bouillie de mots éjectés
entre les dents à manger

Macabre direz-vous
vos pensées si fortes prennent voix
sur vos visages froissés
à multiples facettes
la vermine tisse ses formes
la lance de vos yeux  - crève-cœur
ainsi gisent les opprimés
veines éclatées
ventre à terre

Il faut écrire sans détour
avant la gifle fatale
une tige de fer se tord
elle a perdu les formes voluptueuses du gant qui l'emmurait
dénudée au sol elle se rouille
le sel rampant sur la matière
la peau à ses côtés en milles morceaux

Il y a la vague saline – la terre s’est noyée
têtue elle piétinera
progressivement digèrera
atmosphère étrange - électrique
un semblant de couleur monte au ciel
une ombre peut-être

Tu n’es plus moi – tu es l’autre
l’androgyne dans un pantalon d’homme

Je suis toi dans moi
35 mn
semelle dans la terre glaise
il était temps face aux couteaux
cran d’arrêt ou papillon
acier 420 ou 440 chirurgical dans la gencive
dans le jardin marqué au fer rouge sept cygnes
à  l’unisson un décollage en accueil
un autre monde sans armure au dessus de la lame refermée

Tu es moi dans toi

58 secondes de survie -  le sang pulse les chagrins
je t’ai donné le sein ce matin
je t’ai donné la langue
couteau à double lame
manche d’ébène de frêne ou d’olivier
tranchant le fil sous l’aiguiseur assassin

Nous nous sommes croisés si peu
une voix chaude habillant mes mains ensanglantées
je n’ai plus de doigts
je ne sais plus compter jusqu’à dix
je n’ai plus de pouce à sucer
je ne t’ai pas donné le ventre
je suis l’enfant apeuré dans l’écume des visages fossoyeurs

Tourne manège
tournent les yeux dans les coins
j’entends le compliment serré au bras gauche tout contre cœur
l’hématome encore marqué du son presque audible
mâchoires serrées dans le souffle vers moi
sous les applaudissements les viscères en torsion
la chienne pissant son territoire de l’autre côté

Je suis fœtus
je t’ai donné mes dents et ma salive
de chiffon j’ai plié la poupée en moi
ne me déshabille pas le ventre
de corne ou d’os quelques couteaux encore
des veines à entailler au fil des jours
des révolutions dans les couloirs du métro sur la ligne Ménilmontant
à cran d’arrêt la lame s’éjectera

.

Mille morceaux et quelques poussières
en toi ou moi
androgyne



lutine - 30-12-2008



Publicité
Publicité
Commentaires
L
une fusion porteuse ou destructrice. Merci JLG
Répondre
J
Je m'y reconnais bien<br /> désir de sang mêlé<br /> lutte à mort pour la vie<br /> ou inversement<br /> mélange saisissant<br /> de notre vulnérabilité<br /> j'aime ce texte...<br /> <br /> amitié<br /> JLG
Répondre
L
Pour répondre à quelques MP, pourquoi ce mot "androgyne" lors du mélange du moi du toi, du toi du moi, lors de cette fusion on ne sait plus qui est qui et cela fait un seul et unique être androgyne, caractéristiques des deux sexes.
Répondre
Publicité