Enfant
Enfant je marchais le long des murs tapissés d'une toile de Jouy comme d'autres ont du marcher sur la lune. Enfant j'ouvrais les portes de mon armoire elle aussi tendue du même décor. J'y entrais par effraction pour aller au devant de la forêt. Mon armoire était sans fond et n'avait pas de limite dans les sous-bois. Les yeux fermés j'étais l'enfant dans l'enfant dans un autre ciel car mon armoire n'avait pas de plafond. J'étais le rêve à côté de la chambre des parents qui elle ne pouvait être que sérieuse. Enfant on n'imagine pas le voyage des grands quand ils s'isolent la nuit. Deux mondes parallèles construisent la nuit alors que tout est silence.
Enfant d’un signe de la main alors que nos doigts se cherchent quand l’ombre se penche et que les portes se ferment je ne suis pas seul, voilà le vent. Enfant je te laisse les souvenirs à garder sans haine et sans peur. D’un si long regard je sais qu'en plein soleil je deviens somnambule entre nos deux chambres et la terre m'échappe alors que ton corps se tend. Au travers de mes yeux c’est l’incendie que je transmets, ton devenir sans moi comme une veine court sous la peau. Dans mes larmes je construis un fleuve où tu devras nager sans moi, une route où tu devras courir sans moi et nos mains tremblent. Ne pleure pas alors que la musique me berce et caresse tes cheveux il y a cette vitre qui déforme. Les courants marins m’emportent et les contours se brouillent dans la fenêtre ouverte.
lutin 28-02-2011