Pages blanches
D’un ciel trop bleu je suis partie
j’ai laissé la voiture sous le soleil
une lettre sur le tableau de bord
dans mes mains un livre
Je me suis évadée
du regard de l’homme
j’ai fermé les yeux
j'ai mis mes mains dans mes poches
juste pour le contact de la peau
serrant les poings j’ai regardé d’autres hommes
ils m'ont pris la main
j’ai senti la glace parcourir mes veines
et ma parole s’enfouir
dans cet espace clos
qu'est ma bouche
J’ai avalé mon corps
le mouvement de mes doigts
la pluie pour éteindre le feu
Ecrire pour ne pas mourir
écrire avec le cœur
coupée du monde
quand les pieds se balancent
Je me suis trompée de folie
la phrase se dérobe
la phrase prend corps
à l’arbre me ligote
sous les paupières closes se dessinent les formes
le dessin de ses yeux
le nez long et droit
le tremblement de la bouche
les cheveux démêlés par le vent
filaments transparents
jusqu'aux épaules
Les phrases se lisent à haute voix
déliez-moi les mains
que je puisse écrire
des pages blanches
jetées au vent
lutine - 26-04-2011