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Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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18 février 2010

A la Basquiat

21626297_p


C'est un bateau
une coque métallique
coupée en deux
dans le fracas du plexus solaire
jusqu' en dessous du ventre
ainsi se vide l'eau sale
des égouts à la mer


C'est une corde prise dans le vent
une forme à deux bouches
l'anneau du cou
l'étau de la taille
la flèche les mixant aux éléments
au fond d'un trou
la pointe acérée
sans voilure
tirant vers le bas
la chape de plomb
de la terre à la mer


C'est un métal rouillé
griffé à la chair
au coeur chargé d'amour
à donner à la mère

à la mer
le chagrin en pâture
les larmes en prime
le sel des yeux aux poissons
 

C'est le gris des cargos
la sirène hurlant la mort
à la fenêtre de la vie
un toit sur la tête
les yeux nulle part
de part en part percés
regardant le tableau
de la mère
à la mer
loin du parapet
écoutant la corne de l'épave
engloutie


C’est la muse dans la tête
une tache rouge
sur le sein gauche
entaillé de la flèche
il pleut des coulures
de peinture
des graffitis
à  la Basquiat

.

inspiration sur une peinture de Div

.

lutin

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8 février 2008

Tandem

votive

Douce sensation de l’œil qui s’ouvre
frileuse des mois passés la fente des paupières baille
un goutte à goutte d’eau salée glisse
sur la joue
le monde s’agite dans un soleil blanc naissant
l’herbe grasse habitée d’empreintes fait place à la terre gelée
ils ne sont plus seuls roulés dans l’abandon de l’hiver
des cris tendres en cohorte défilent
une cheftaine appelle la meute
en rond armés de brindilles les enfants s’accroupissent
à même la terre
où le froid se dissout à la chaleur de la peau
et il s’étire assis à califourchon sur la selle sèche de son vélo
d’un regard d’aigle acéré le prêtre veille.

Je roule sous un ciel bleu de montagne les yeux mi-clos
à cette heure un halo éblouissant de biais s’infiltre sous les verres teintés de brun
comme l’aveugle le noir et le blanc accompagne ma route
le cri strident des mouettes rappelle la mer
elles se sont repliées là, royales sous leur plumage blanc
orphelines couronnées le temps d’une saison
l’aérodrome est loin alors qu’un vrombissement d’hélicoptère se fait entendre
j’assiste au décollage
en habit d’apparat les cygnes forment un escadron sur le plan d’eau
sous les yeux médusés des randonneurs

en appui sur leur bâton, hommes emmitouflés, leur maison sur le dos
ils jouent à être bonhommes de neige, épouvantails
dans leurs tricots de laine gris ils jouent à être laids
dans leur jogging fluo les sportifs en herbe cranent
derrière eux ils laissent leur jeunesse
et s’enfoncent  dans la mélancolie de l’âge mur.

Rêveuse en ce lieu magique je promène mon vélo, mains gantées de rouge
croisant des visages sans nom, je veux toucher la terre
et entendre le silence de la roue imprimer son passage
laissant double empreinte
les yeux emportés au-delà
étrange cette sensation d’être accompagnée ainsi
spectatrice un bien-être m’envahit
toi contre moi je veux danser mon plaisir.


lutin – 08-02-2008

10 septembre 2007

Elucubration

acrobatemax

.

.

Elle avait le style

le sourire au coin de l’œil

le regard brillant

elle se laissait éblouir

souriait lorsqu’il parlait

c’était une femme tout simplement

elle courbait son corps au son de sa voix

comme une fleur elle s’était laissée cueillir

.

Quand on perd un parent on est orphelin

quand on perd un conjoint on dit qu’on est veuf

quand on perd son compagnon on dit rien

on est rien, plus jamais

la vie n'est que fumée

.

Où se trouve la frontière entre l'amour et la folie

aimer à la folie, être fou d'amour
où se trouve la frontière entre l'amour et la haine

elle est sur ce lac mémoire au regard de feu

quand les bras ne sont pas assez grands pour faire un pont

quand les mots restent collés empêchant l'écriture

.

.

lutin - 10-09-2007

20 février 2008

Sacs de femmes

 

 

 

page_3050

Les pieds défilent dans un chassé-croisé sur les trottoirs du bord de Seine, toutes sortes de chaussures ou de bottes à bout pointu ou rond, à talons hauts ou bas se faufilent au rythme de la femme d’affaires pressée. Il est 13 H, l’heure de manger sur le pouce un sandwich. Mes bottes lacées sont sous la table, jambes croisées j’ai posé mes pieds au chaud, je bois un chocolat viennois en vitrine, en tête l'homme qui m'a fait découvrir le café de l'Editeur. La mode est sur le macadam, les collants noirs opaques mettent en valeur les jambes qui à grands coups de ciseaux taillent la route. Le long manteau noir ouvert balance ses pans comme des drapeaux en bord de mer. L’écharpe nouée donne la direction du vent. Le blouson de cuir montre la mini jupe qui l’accompagne. Saint Michel est une immense couverture de Vogue dont on a animé les personnages. Je tourne les pages de gauche à droite, mon regard change de trottoir, j’attends que les corps disparaissent remplacés par d’autres. Mimétisme de la gestuelle la rue est un film qui tourne en boucle.

Elles se ressemblent ces femmes bariolées dans leur différence. Elles ont une chose en commun, le sac à main, tenu en bandoulière il tape la hanche, coincé sous le bras il cache ses secrets dans le manteau, l’anse à la main élégant il se balance, lanières croisées dans le dos il adhère aux mouvements.  Il y a le gros, le petit, le rond, le carré, le difforme mais chaque sac est une pochette surprise. Je suis là depuis une heure maintenant jouant au jeu, chercher l’intrus, j’attends la femme les bras ballants qui ne viendra pas. Dans cette peau de cuir ciré elles ont englouti leurs histoires dont elles ne se séparent que la nuit, peut-être parce qu’elles les retrouvent en rêve. J’imagine une immense pièce de théâtre improvisée, les sacs ouverts sur la place publique, chaque objet divulguant la raison de son enfermement, revendiquant sa liberté ou jalousant la poche la plus secrète du sac, celle où se cache l’amour le plus fort.

Il est 18 heures, la porte du café cachée par un lourd rideau de velours rouge s’ouvre souvent, les couples se retrouvent. J’observe cet homme non loin de ma table qui tient la main de sa compagne, sait-t-il s’il fait partie du capharnaüm qui règne dans le sac gonflé posé près de sa propriétaire ? Une femme regarde sa montre, elle ouvre son sac et se met du rouge à lèvres un regard critique dans le miroir. Dans le brouhaha de la salle mon portable se manifeste à mes pieds. Pressée je saisis sous la table mon sac à main, il est petit et lourd, il est en cuir noir, l’anse se met sur l’épaule et je peux ainsi coincer sous le bras mes petits secrets. Trop rempli sa fermeture éclair n’est pas fermée, je dois faire vite pour attraper le téléphone qui a la mauvaise manie de se cacher au fond. Nerveuse je le retourne maladroitement sur la table étalant aux yeux de mon voisinage ma personnalité de gribouilleuse, les petits papiers jaunis font un monticule disgracieux, les numéros de téléphone sans nom, les papiers officiels s’étalent entre l’aspirine, les carrés de sucre collectés, les stylos, le gloss de chez Guerlain, le centre Pompidou, le musée d’Orsay, Paris en couleurs, la bibliothèque et le dernier film vu au cinéma. Dans ce lieu clos où tous les yeux sont vissés sur moi on sait maintenant que je porte des lunettes pour lire, que mon groupe sanguin est B positif. Ma vie est un roman photos offert aux consommateurs du lieu. La serveuse gentille comprenant mon désarroi se baisse et ramasse quelques photos qui risquaient d’être piétinées. Je l’imagine avec un grand sac en bandoulière frappant la hanche.



Lutin – 20-02-2008

28 février 2008

Verticolor

Verticolor

Rien n’est droit rien n’est penché

il n’y a pas d’horizontal

il n’y a pas de vertical

c’est une diagonale qui s’empale dans la chair bleue

une corde vocale pointant son dard dans la couche d’ozone

pluie d’épines dans le plexus solaire

pente glissante à remonter

tapis roulant à rattraper le fil

épi planté buvant le sang

hématome bleu ciel

des jours noirs

c’est une érection tendant vers l’infini

vaisseau via la mer

en multicolore

une embouchure renversée

un entonnoir fermé

une tangente sans soleil

au choix les rails couchés

hampes hissées

sans drapeau

métal brossé d’espoir

le désespoir au bout gravé

un peu plus bas, un peu plus haut

une combinaison à deux trames

en biais le mur

au centre la clef

c’est un labyrinthe en deux triangles à la recherche de l’angle droit

le phallus érigé

personne ne voit jamais la même chose

lutin – 27-02-2008

peinture acrylique  38 x 46 faite le 27-02-2008

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10 octobre 2006

Page blanche

page_blanche

Reste avec moi mon amour, il n'est pas besoin d'un miroir pour se regarder nus, la page pleine suffit. La nervosité de la plume, l’appui de l’encre sur la feuille donne l’intensité du moment, nul besoin du reflet. Etrange main qui donne le caractère de la relation.

Les choses mortes ne m’intéressent plus, ne raconte pas les phrases du passé, il est mort, regarde la feuille est vierge, le passé est un néant. Notre présent est une autre histoire, la naissance d’un livre. N’aie pas peur mon amour de cette amnésie naturelle, quand je tourne la page, quand je pose le livre, l’enfant renaît dans l’attente du premier amour, toi.

Reste avec moi mon amour pour le début de la phrase dictée au futur, en italique elle prend la pose d’un devenir, le vent entraîne le mot amour au-dessus de l’horizon. C’est une question de vie ou de mort ce mot sur la page silencieuse.

Et je remplis la page comme le peintre étale sa peinture sur la toile, guidé par les sentiments le poignet ne ment pas. La fleur dépose son point, le papillon met l’accent sur la lettre. La force est dans le trait, elle vient du cœur mon amour quand ses pas se déplacent sur la moquette rouge.

Tiens-moi la main mon amour, notre chambre est un grimoire, une autobiographie à quatre mains enlacées pour mieux tenir la plume. L’encre séchée laisse une odeur incrustée sous la peau, des pastels au mur tels des nus dans le miroir signent notre dédicace, le fusain trame un couple, la sanguine pointe son nez quand les lèvres se touchent.

Il est presque l’heure de tes pas dans l’escalier, mes doigts se bloquent sur le clavier, j’écoute le silence, j’attends ta main sur la page blanche, tes yeux sur mes doigts pour me dicter ce que je ne sais pas encore, des levers de soleil.


lutin - 10-10-2006

30 mai 2008

Buée

O

C'est la vie qui s'échappe et que l'on regarde, drôle d'image que l'on ne comprend pas et qui hypnotise au point qu'elle reste encrée de rouge, de noir, de blanc dans le cerveau. C'est le buste qui ne se gonfle plus, comme l'enfant dans le berceau endormi. Ce sont des yeux absents comme des yeux de verre, des prothèses pour handicapés. Ce sont les mains jointes, les infirmières vous les posent d'office, sans connnaître votre religion. Ce sont les pieds enrobés d'un ruban de tulle. La position est déjà faite pour la mise en bière, il faut que le corps rentre dans le cercueil. Tout est pensé tant que le corps est encore chaud. On en fait des peintures, des toiles remplies de noir et de blanc, on ne risque pas de se tromper, selon les religions une des deux couleurs est la bonne alors que la mort c'est le rouge, c'est le sang perdu, c'est le rouge baiser qui ne se posera plus sur la joue, c'est le mot que l'on n'entendra plus, c'est le mot papa, c'est le mot maman, que l'on ne prononcera plus jamais au présent, avec le sourire, dans l'attente des fêtes à venir, c'est le mot qui restera coincé au fond de la gorge, c'est le mot qui étouffera dans le refus de l'absence, c'est la trachée atrophiée qui se rétrécira dans l'angoisse. Au secours là haut, j'ai besoin de vous, m'entendez-vous ? dois-je crier, dois-je pleurer, dois-je prier, me mettre à genoux. A genoux je le suis souvent, vous riez là haut, jamais vous n'auriez imaginé cette position, ne vous moquez pas je le suis, j'ai tant compris dans votre silence me faisant mes questions et vos réponses. J'ai compris l'humilité les mains tendues dans le vide. Je ferme les yeux souvent pour me rapprocher de vous. Aujourd'hui est un jour de souffrance, un nerf que l'on retire du coeur, le sang que l'on ponctionne des entrailles, un assèchement total de la filiation, c'est la rupture d'un bassin de rétention, le béton va exploser en mille cailloux, un fleuve de mots, un torrent d'amour va déferler emportant sur son passage tous les livres vécus, dans les mains seulement des photos paralysées, figées, clic clac kodac faites un sourire à la dame. Aujourd'hui est à 20H30 la perte de ma création. S'ils avaient été morts avant ma naissance, je ne serai pas là à écrire leur absence. J'en ferai un livre, une histoire à trois tomes, eux, moi, et nous mon amour.

lutin 30-05-2008

bu_e

Elle cherchait quoi tout à l’heure, la pelure d’orange sur le radiateur, le souvenir de l’arôme distillant sous ses narines les images de la petite fille qui jouait à la balle. Elle collait son nez à la fenêtre, soufflait sur le carreau, elle admirait l’étendue de la buée qui progressivement rétrécissait. En cachette elle laissait l’empreinte de ses lèvres, elle se disait, j’ai embrassé un garçon. Vite il fallait effacer la marque, une femme aux cheveux noirs allait gronder cette petite dévergondée.

C’est écrit quelque part dans un livre, là où les images jaunies sentent bon l’écorce du fruit.

Non vous n’êtes pas morts dans les pages de l’histoire. Je suis cet enfant transporté au creux de la page, petite figurine entre la robe et l’imperméable au Champ de Juillet où le Dimanche je faisais du poney autour du bassin alors que d'autres enfants plongeaient leur tête dans le fleuve imaginé. Je grattais le sable avec mon râteau comme l'ongle gratte maintenant le coin de la photo. Non il n’y a rien en dessous, seul mon imaginaire et l’arôme de l’orange.

Un silence, deux grosses larmes sur la feuille, l’hématome ne se résorbe pas. Je mange le fruit et avale les souvenirs. Pourquoi ce poids lourd sur mon cœur, j’ai deux petits trous en son centre. Mon amour tend tes mains pour obturer la brèche, comme l'enfant jadis approche tes lèvres et souffle...

bu_e1

19 mars 2008

Vieille chouette

Tristement_t

fusain http://devillers.viabloga.com/

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C’est un drôle d’oiseau échoué au fond de la salle prostré entre les chambranles de la porte alors que je suis assise là depuis vingt minutes, on ne peut pas le louper quand soi-même on est chaque semaine assis au dernier rang, on devient spectateur de l’entrée alors que la scène se tient sur l’estrade.

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Cet oiseau est monté sur deux longues et fines pattes dont on imagine les griffes de harpie , un échassier sûrement, il suffit de lever la tête pour en  mesurer le cou, un pélican même, une membrane molle se balance de gauche à droite à la recherche d’un lieu où se poser. Les flancs marquent la respiration du retardataire, pourtant à vol d’oiseau tout est possible. L’œil à la paupière globuleuse quant à lui reste fixe en dessous d’une tête pointue et fripée de couleur grise en guise de plumage clairsemé. A coups de bec de corbin, perturbateur, il s’est posé à côté de moi, haletant, à perdre le fil de la prose bourgeoise et javanaise qui se lisait sur scène. Dérangée, intérieurement je traite de noms d’oiseau le gêneur et l’envie de le renvoyer  à coups de savates dans son nid près de ses congénères me démange.

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Reprenons le cours de l’histoire qui se déroule sur scène, comme nous l’avons dit précédemment et comme vous l’avez tous compris, le Dormeur du Val etc.…et me voici perdue, une heure de train pour une heure de cours envolée par des bruits de crécelle entre les sièges d’une salle comble d’élèves assidus.

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Drôle d’oiseau cette chose pliée en deux couchant des mots en virgules sur une feuille blanche, la tête dodeline de bas en haut doucement, le mouvement se fait de plus en plus brusque, dé vertébré  en génuflexion le cou s’affaisse de plus en plus bas, les yeux sont clos, la tête lâche prise et la voilà posée sur le poitrail bicolore, le volatile s’est endormi laissant choir au sol non un fromage mais la nourriture intellectuelle venue chercher à coups de becquées en ces lieux. Un hoquet, quelques soubresauts, la tête se ressaisit, droite comme un héron à l’affût des mouches qui volent, l’œil acéré. Après quinze minutes d’une sieste en semi-apnée, l’ouïe reprend le cours de l’histoire, le stylo entre des ergots jaunis pose d’autres mots en suspension.

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Au bout des griffes il y a la main, il n’y a pas d’aile mais elle, un bras décharné, un torse aplati, un cou, une tête, la tête d’une très vieille femme oisive, une chouette peut-être qui dort le jour et vit la nuit. Promis la semaine prochaine je serai au premier rang au chant du coq .

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lutin - 19-03-2008

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30 décembre 2006

Le Mendiant

mendiant


Il était là
Suppliait le ciel
L’œil blanc à trop regarder la lumière
L’esprit bien plus loin que les nuages
Là où les voyants n’osent l’imaginable

Abandon des bras
Doigts dans la poussière
Il gratte son passé
Ongles chargés d’une vie trop lourde
Frêles épaules à la courbure du temps

Il a marché longtemps
Une route trop longue pour un seul homme
A genoux il mendie son trépas
Nus face au néant les yeux réclament clémence
Du creux de ses paumes il appelle Dieu

Si vous le rencontrez
Déliez ses chaînes
Il attend l’aile blanche
A son sommet il croit en l’oubli
Neige éternelle

Roulé dans les sanglots de sa vie
Il pleurait là

A la morsure du passage
Cet inconnu

lutin  - 30-12-2006

27 février 2007

Eclair de vie

envol

L’aile de l'oiseau

Sur sa plume une place

Etre du même voyage

Un habit de lumière attend dans les courants ascendants

En arabesque le vent dessine la blancheur de l’esprit

D’un ailleurs invisible

Ecoute ces rafales

Comme un fouet elles dépouillent des grains de sable

L’air se charge de poussières

En tourbillon elles éclatent en orages

Chargée d’éclats de verre ou de tonnerre

La terre devient enfer

Je t’invite au voyage

Un nuage de fortune comme tremplin

Pour rattraper l’oiseau

Les doigts dessinent des pluies acides sur les lèvres

Et la peau se ronge plaquée dans ses obsessions

Tremblement de la main en ôtant ses oripeaux

Prisonnière de la terre

Elle s’accroche au sol comme l’aveugle à sa lecture

Lutin – 27/02/2007

7 juin 2007

Pictural

autoportrait_ombre

Il ne faut pas que les oiseaux se taisent
Il ne faut pas que la lumière s’éteigne
J’aimerais être dans l’image
Peindre la vie dans un grand carré
Le noir ne serait pas sur la palette de couleurs
L’eau et l’ombre des ramures comme arrière plan
Je veux fossiliser le temps
Dans de beaux draps

Je lève le pinceau
Je me suis habillée d’une robe de dentelle
Sur une peau dorée
Je prends du recul
Pieds nus seule j’avance
Un fantôme m’habite
Il n’est que l’ombre de mes rêves
Quand ses lèvres touchent le papier glacé

Qu’attends-tu à l’angle de l’image ?
Que les souvenirs annulent la déchirure
Je tends la main
Et cueille une pensée
Vision floue
Providentiel le vent balaye les grains du papier
Dans l’herbe foulée je retrouve ton pas
Sa force fait craquer le vernis
Dans la fissure la chaleur pénètre


Lutin – 07-06-2007

2 avril 2008

A méditer

M_ditation

Je ne suis pas poète
j'écris avec le muscle
et laisse le mot gonfler
l'impulsion

Je ne suis pas poète
je vis avec le sentiment
et laisse le doigt tracer
l'expression

Je ne suis qu'une apparence
des mots de sang
remontés du puits
au poignet

Je suis l'iceberg accroché au glacier
bras émergés
enlacés
aux coudes

Je ne suis rien
que de l'eau colmatée
à fendre
les mots

Au fond du trou
il coule de la neige
sous mes paupières
je ne vois rien


lutin - 02-04-2008

24 juillet 2007

Zénith

z_nith.

Je m'enchaînais à tes défaillances
ancre de marine
dans mon délire
je creusais ma prison
sous ton ventre
prête à casser la glace
de nos silences
une corde autour du cou
le cœur en apnée
à la frontière du miroir

là où le regard ne sait plus

Je m’impatientais de tes absences

dans l’attente de ta silhouette

derrière mes lunettes noires

un regard d’aigle

sous ma peau meurtrie

des sanglots d’espoir

des mots chuchotés

dans le vent transportés

sur ton chemin déposés

Au zénith de mes attentes

à genoux j’ai crié ton nom

bouche collée au sol

j’ai absorbé la terre

mes mots sont remontés

.

Dis-moi que dans ta lancée

tes pieds te guideront

dis-moi que dans ta pensée

tu lèveras les yeux

j’entends ton ombre

à l’ombre de mes obsessions

sur le caillou le jour se lève

tu es là

à lire mes mots de folie

lutin - 24-07-2007

http://www.francispaquet.com/

13 août 2007

Chambre 213

139_pleine_lune

Devant la mort je m’incruste de toi
mon amour j'étais riche de toi

je me suis laissée dénuder
mon amour je t'ai confié mon corps
ma seule richesse
dans tes mains je l'ai vue croître
reine je t'ai donné mes pensées
dans tes yeux j'ai fondu en toi
à disparaître comme un soleil
derrière son nuage

Il fait nuit
seule sur le sable
pauvresse j'attends la vague
ma double peau
je ne vois plus que tes yeux
le reflet d'un phare perdu
le cri sinistre de la mouette sonne le glas
et le vent malin gomme l’empreinte
les grains creusent un cratère
aux creux de mes reins il y a le vide

Je m’allongerai dans ce lit d’érosion
j’écouterai le crissement du minéral
et quand le matin viendra
je serai fossile
non pas de larmes mon amour
le goutte à goutte des regrets
ne suffira plus
le drap mortuaire me protègera


lutin – 13-08-2007

http://www.francispaquet.com/

29 avril 2008

Un marbre, un fusain

la_ch_telaine1

Fusain d'après un marbre de Camille Claudel

.

Le Regard

.

Elle a peur de la profondeur de l’œil
de la paupière en forme de guillotine
la sentence est dans la pupille quand les mots ne suffisent plus

Elle a peur de la main
quand les doigts secouent les mots sur le papier
le verdict est au bout de l’ongle quand il trace sur le papier l’incision à jamais
le pouvoir des mots ne gommera jamais la distillation

Elle a peur de la voix
caverneuse de sa tombe elle remonte
s’étale en surface et se rassemble en tourbillon
et la voilà capturée
son souffle contre le sien
un lasso autour du cou

Les larmes une à une sectionnées saignent
sur la feuille
la sueur perle
la langue boit l’imaginaire
elle entend la raison glisser son mot à l’oreille


lutin - 29-04-2008

11 juillet 2006

Plus loin que l'horizon

lesommeil_aveugle

Tel un navire
je me nourris de vagues et d'embruns
vivre de ton intensité
troublée de ton regard acier
monte en moi une déferlante
la vague grandit
érosion lente
le flux lisse nos cratères
noie nos blessures

De quel côté la vie ?
là sur le sable
quand la mer à perte de vue
nous laisse soudés
son reflux arrache les épines
lave nos maux
cicatrices gommées
nos doigts caressent
nos peaux défroissées

Tel l’aveugle
je ne conte pas de chimères
les pores de ma peau
développent leur sens primaire
l’écorchure des mots silencieux
de plein fouet  fracasse demain
ouïes tendues




lutin - 11-07-2006

5 mai 2008

Ephémère

DSCN1158

Les mots de sable au sang de mes doigts
je les grave
les croyant immortels
tant ils sont sincères dans le balancement de la vague

J'oublie qu'elle va monter
j'oublie qu'elle nettoie naturellement les plages
qu'elle efface la vie humaine pour marquer la terre de la vie marine

Je voudrais être étoile de mer
je voudrais être escargot de mer
je voudrais être tout
sauf humain 

Des paroles jetées en l'air

je suis cerf-volant

au-dessus de la plage en déséquilibre

je pique du nez pour marquer la fin

Je suis sous-marin

dans le ventre de la mer

gronde ma carcasse désarticulée

à sang elle colore le sable de mes mots

Je suis l’ombre sur la plage

à la recherche de la veille

entre les grains de sable

silencieuse je chasse le vent

lutin -05-05-2008 

6 octobre 2006

Oxygène

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Un automate dans la lutte
Une barre de fer transperce le corps
Droit dans l’adversité il possède la force

Elle est le chêne tendu sur la moquette rouge
Seuls ses yeux baissés dévoilent sa fragilité
La forêt l’entoure comme des fantômes

Les paysages rétrécissent autour du cercle
Des murs de béton remplacent la vie
Le peuplier ne s’élance plus vers le ciel

Il a perdu ses racines dans ce monde moderne
Seul dans la foule
Il s’invente des moulins à vent

Des clochettes d’argent tintent au loin
Un dernier soubresaut avant la mort
Et le corps se relève

La main se tend comme un étau
Attrape le mal et le broie
Entre ses doigts une encre noire

Des grains de riz pour des larmes de joie
Les arbres reprennent leur place
La clairière se remplit d’oxygène


lutin - 06-10-2006

27 mai 2008

Réplique

pascal_balancoire

C’est encore un jour qui ressemble à tant d’autres
l’aile du corbeau tend son ombre
traître et poisseux il recherche notre ciel à noircir
il aura notre peau à coups de pierres
aux allures de la mort il approche

ergots enracinés creusant la tombe.            

Il faut fermer les paupières et oublier la couleur du deuil
imaginer l’oiseau blanc dans son sillage
il te dira je suis perdu sur un chemin de pluie
je tourne en rond dans l’enfer de vos doutes
il te dira  j’ai perdu la lumière de mes ailes
l’odeur de mes congénères
je suis seul dans l’éphémère
j’ai froid.

Comment laisser l’immaculé mourir entre ciel et terre
immense est son cri dans la forêt
ailes déployées
lourdes de la cendre des mots
les arbres tremblent
la peur au ventre

il est prisonnier des batailles humaines.




lutin - 27-05-2008

5 juin 2008

Après l'amour

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Après l’amour c’est dans un bassin
d’eau bleue, bordée de carreaux blancs
que le chant des corps monte en surface
le plafond de verre en miroir explosant du cri
dauphin dans un verre d’eau je me cambre
tête hors de l’eau pour l’embrasser
le dresseur de poissons

Reins immergés
devenus eau
à fleur de vague je veille entre bleu et blanc
tu es au-dessus de moi tête baissée
mon œil en haut à la recherche de ton air
chuchotements de nos chants
je devine tes contours
reconnais le pied cambré dans la margelle
dans un trop plein de salissures
ta peau est là d’un rayon de soleil habillée
nettoyée du chlore
brillante comme une plante aquatique
en vie

Ni sable, ni algue
dans mon monde aseptisé
à ciel ouvert entre eau et terre
je ne suis qu’onde chaloupant vers tes yeux
dans un verre d’eau
ainsi était mon rêve
entre mort et vie
vie et mort
je ne sais, en plongeant j’ai oublié le sens



lutin – 05-06-2008

5 décembre 2012

Ephémère

 

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Ce qui tue ce ne sont pas les couleurs vives
De l’été fait en hâte
C’est l’éphémère

Tout est gris et humide encore
Des nuages froids glissent dessus
Voilà ce qui tue

C’est l’orage, la pluie
La terre lavée offerte au silence
D’abord elle a un parfum puis prend un goût d’eau

L’eau me tue
L’eau sans peine m’évapore
Dans ma bouche j’attends le goût du sel

La moiteur est seconde peau
Palpable et odorante
Elle prend la couleur de la mémoire
 
J’apprends la paix allongée
Vénère la lumière sous les paupières closes
L’anonymat de la nuit

Je suis voilier confiant mon corps à l’infini
Alors que dimanche étale ses débris sur la table
Il accapare l'attention

De la chair, des os
Un trèfle à quatre feuilles
Ephémère

.
.

 

10 décembre 2012

C'était Paris

 

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C'était Paris aujourd'hui
le train d'un point A vers un point B
stations aux miroirs gris 
griffées de tags ensanglantés
ils ont l'air si fatigué les gens
inexistants sans arbre ni oiseaux
les pierres le long des rails métalliques

Silhouettes de papier mâché
il n'y a que l'aigreur de la pluie aux carreaux
flèches empalées aux couleurs de mouette
certaines plus vivaces touchent terre
rejoignent congénères piétinés

C'est la course
au crochet de la lune
la morosité que la saison dissimule
les journaux coulent l'encre
ne pas lire
non ne pas lire lors du dernier train 
sous le pied l'encre effacée
alors qu'on illumine les rues
sombrent les yeux sous la rame
pour toujours écarquillés

Tout dégouline dans l'espérance du sommeil
les cernes lavés d'indifférence
courent vers la solitude
à l'abri de quoi
à l'abri de rien
du moindre bruit de pas





lutine - 09-12-2012

  

 

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5 février 2013

La vie circule - suivi d'une lecture de C.

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Viens, tu crois ne rien voir
c'est le ciel qui t'inonde

tu es venu tête nue comme un avenir rebondit
un corps et ses gestes puérils
tu es venu déposer de l'autre côté du rideau
ta pelote de laine et ses mailles
rumeur d'écume.

Qu'y puis-je s'il me semble te voir
liant les branches de nos premiers pas
et c'est le ventre qui bouge
la peau se gonfle si peu mais doucement
alors je te dessine un lit
sous la robe blanche
une source où l'ombre persiste.

Viens, ne crains pas les sons qui se voilent
le silence
l'écho énigmatique des ténèbres
le chiffre des jours dont la fleur se défait.

Je t'écris de ma table
comme je m'adresserais au brouillard
fluide entre mes mains
lorsqu'il me libère
tes lèvres se vêtent d'un sourire
gorgé d'attente

 

lutine

 

un écho de c. ici

http://leforumbleu.net/message.php?id=211245&page=0&fredblog=0

 

 

12 octobre 2012

Le regard du ciel

 

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Une photo de Peter Cornelius (Voyage en voiture sous la pluie, 1955)

 

Je pense au corps en action
parce que j'aime traverser l'air
au-dessous d'un ciel intouchable
je n'en sortirai donc jamais
de tous ces sens qui transpercent l'espace
l'inverse de tout ce qui est la course
dans les flaques d'eau alors je retourne
la vie à l'envers
il y a des jours où l'on pourrait presque
cueillir à portée de main
le soleil dans son ombre


Nous sommes plusieurs
dans la même forme incassable
à passer un coup de chiffon dans le ciel
ce qui compte c'est la petite lumière
le moment flottant entre virage et ligne de pluie
c'est le pas rythmé au début du dimanche
on s'en revient toujours au même endroit
on couvre l'herbe trempée d'été perdu
il suffirait d'un roncier plus touffu
il suffirait d'une gorgée, presque
juste une faille entre

 

lutine

 

 

 

7 janvier 2013

L'arbre aux trois visages

Francoise Dolron

 

Lorsque s'éclaire la lune
dans un grand silence
que rien ni regard
au travers d'un brouillard de plomb
ne voit au fond des yeux
l'arbre aux trois visages
solitaire dans ses bras ouverts
tisse une roue de lumière
au milieu de l'eau
sa forme n'est jamais vaine
aux heures interdites
la lente chute de ses membres humides
comme une question arrachée au ciel
te surprend à parler une autre langue
inflexion de voix pour qu'elle devienne musique

ce ne sont que des mots insufflés
l'inscription d'une présence
qui n'a pas de nom
ses paupières clignent
fidèles à la nuit

 

 

lutine - 06-01-2013

 

 

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