Ce n'est pas de moi, mais si vrai
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"...La vie créatrice est si près de la vie sexuelle,
de ses souffrances, de ses voluptés,
qu'il n'y faut voir que deux formes
d'un seul et même besoin,
d'une seule et même jouissance. "
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Rainer Maria RILKE - Lettres à un jeune poète.
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Edvard Munch ou L'"ANTI-CRI"
"Edvard Munch ou l'Anti-Cri" à la Pinacothèque de Paris
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Une exposition magnifique, à voir absolument, vous en prenez plein les yeux, "Le Cri" n'est pas exposé, mais il a fait tellement mieux. La notoriété exagérée de ce tableau a eu pour conséquence d'occulter la réelle dimension et le vrai message de l'artiste.
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Le Cri
Vivre n’est pas là
clouée et hurlante
peau lacérée
bouche en entonnoir
sur vous elle crie
I n j u s t i c e
Dresse des barricades
au sein de vos émeutes
au bras le poing
son ralliement
les jambes nouées
de vos convictions
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Ligotée au pilori
être n’est pas cela
elle continuera
la lutte
un sang pur
de ses veines coulera
crucifiée
elle hurle
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I n e p t i e
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D’un monde ficelé
bouche ouverte
cordes vocales ôtées
la force de sa pensée
en travers de vos folies
jaillit
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lutin
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Paris - 18 Avril 2010
Cela frémit quand je cours autour de la croix
Dans ce nid hier il y avait deux oeufs
aujourd'hui trois
il faut attendre plus d'une semaine entre le début et la fin de la ponte
mais les bébés tapent au carreau et naissent le même jour.
Onze petits bouchons, première naissance sur le Grand Canal
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Je ne suis pas poète
j'écris avec le muscle
et laisse le mot gonfler
l'impulsion
Je ne suis pas poète
je vis avec le sentiment
et laisse le doigt tracer
l'expression
Je ne suis qu'une apparence
des mots de sang
remontés du puits
au poignet
Je suis l'iceberg bras émergés
enlacés
aux coudes
Je ne suis rien
que de l'eau colmatée
à fendre
les mots
Il coule de la neige
sous mes paupières
je ne vois rien
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lutin
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Condamnés à avaler ce que nous sommes
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Je bois, oui je bois le verre levé
Aux lèvres entrouvertes
Pas l’absinthe mais l’amnésie
Juste pour le sommeil
Il me faut dessiner la lune
Les paupières closes
A genoux j’aspire la vague enroulée
Que vous avez divisée
Que j’ai recousue
L’absurde du sel contre la joue
D’une vie antérieure
J’ai écrasé les coquillages sur la plage
Avalé au compte gouttes le couloir de la nuit
Le noir explorant mon propre ventre
Les grains de sable semés à mes pieds
On ne peut pas mettre un couvercle sur la mémoire
Egratignée elle divise le jour et le sommeil
Alors que je les baigne sous l’eau
Les fantômes n’aiment pas que nous errions à leur place
J’ai appris à désaimer l’inverse de ce qui est
A laver les vitres du soleil couchant
Que mes larmes ternissent
On apprend à frotter les mains des mots colorés
Les ramenant au visage
Trop rêches elles s’adoucissent
Réconciliées elles balayent les traces des festins
Sous les draps il faut jeter sans regarder
Les miettes aux fenêtres
En-dessous les oiseaux picorent et se meurent
Condamnés à avaler ce que nous sommes
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lutin - 15-04-2010
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Décomposition
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Elle sort de sa peau
à jamais fermée
les yeux vers d’autres cieux
Elle contemple ce ventre énorme
qu’est le ciel et le noir
Là-haut on emprisonne les morts
là-haut on emprisonne l’amour
les amants et les fleurs
Là-haut on ne respire plus
alors d’où vient le vent
le chant et Mozart
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lutin - 08-04-2010
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Emmène-moi
avec autorisation : http://www.ipernity.com/blog/144427
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..Emmène moi en Italie jusqu’à New-York quitter les habitudes. Je ne descends de personne, écrire mon nom n’a pas d’importance, je n’ai peur de rien ni du froid. Emmène moi où la terre est vierge de sentiments, emmène moi à la mer où la terre n’est pas ronde, ange de la mort elle me tourne autour jusqu’à la vague qui m’habille de son eau drapée d’une main sur ma peau me rappelant sa façon de mettre son bras sur ses yeux au moment du plaisir.
J’ai faim comme un tremblement de terre, la langue qui pend en dehors de sa prison cherchant sa route. Que faut-il faire pour trouver la liberté, à défaut d’écarter les barreaux comment vider la tête de son fleuve et du froid qui la remplit.
Les secrets sont restés dans le tiroir où je dépose mes peurs recroquevillées dans le silence du bois, ils guettent la fuite quand la lumière de la rue éclaire le balcon, scellés ils mourront avec la maison au cimetière des objets trouvés, ma peau, mon ventre suspendus.
Je suis spectatrice des souvenirs, à l’intérieur comme à l’extérieur j’avance, au changement de saison j’aère la maison dans le silence d’une église.
Je sais maintenant que l’amour se joue dans le premier regard, dans les premiers mots, je sais qu’il est inutile de vouloir tricher, la caméra rattrape toujours l’œil en coin et les yeux qui ont voulu oublier les cartes retournées de leurs clauses particulières la tête entre les mains, on les a décuplées au Louvre la main derrière le dos.
Emmène-moi à la cime des arbres là où la sève bat jusqu’aux veines sur les tempes, emmène-moi jusqu’à l’oxygène des hauts plateaux, ne dit-on pas que les poumons viciés s’atrophient, ne dit-on pas qu’un silence inhabituel lave la tête, les bruits du cœur s’arrêteront-ils ?
Je vois un oiseau en vol plané relâchant ses ailes au dessus des hautes terres.
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lutin – 07-04-2010
La voix
La voix perdue : http://devillers.viabloga.com/
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Elle est là si présente
Je l’avais laissée ce matin sous la glace engloutie
A la cime des arbres suspendue
Ecrasée au sol dans la foulée ardente
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Cœur assassin je m’étais déshabillée d’elle
Paupières baissées comme le vêtement choit
La colère à genoux
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Le héron enroulé dans son cou tant il faisait froid
Se souvenait d’images plus heureuses
Chevelure d’ombres le long des arbres
Au creux des ailes la caresse des mots
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Silence, tout est silence, la terre glisse
Autour de l’œil les larmes
Sous la peau les bruits du cœur
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Dans un monde où je marche pieds nus
La voix n’est plus
Comme mes pensées au bord du sommeil
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Dans l'espace elle s'est envolée
Rebondissant la nuit le long du dos
Si présente, elle déchire les draps
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lutin