C'est trop tôt ce besoin de démolir la mer
C'est trop tôt ce besoin d'écrire quand l'amour s'en va aussi vite que la poussière. J'ai aimé cette maison au toit de tuiles dont les racines soulèvent la terre jusqu'à la chambre dedans, le manque de bruit, les promenades de nuit dans le ronflement qu'est la mer sans réverbère je l'ai affrontée, l'œil est un guide plus lumineux encore, une façon d'être dans le monde habillé de vent. Ma poésie est une souffrance que je retourne entre les mains comme une pâte blanche écrite au tableau ainsi je ne possède rien du soleil ou de la table et du mur refermé. Aujourd'hui elle est un refuge et c'est elle qui commande le repas à ses heures hypnotiques, méandres de l'arbre des formes et des contours elle m'habite alors qu'émergent les visages du réel. Je ne suis que l'ange, la lumière qui s'éteint, le bruit d'un corps de passage, dedans ce feu qui bouge.
Je suis dangereuse ne comprenant pas le mot "aimer" assez vite, j'effleure, je loupe les trains, les messages des murs, émergent des visages, des yeux encore. Dans ma mise en examen je ne suis pas l'auteur volontaire, juste des mains procédurières pour accompagner la tarte aux pommes renversée au fond du plat, nos sets de table gris et rose flottent au vent emportant les arômes du repas et le parfum de ma peau distillé avec lenteur, on ne l'appellera pas Dévotion juste Envie d'être à la hauteur, Encre je cherche encore la journée devant, le vrai sur la peau.
De toi je ne sais rien si ce n'est que les poils poussent même la nuit, alors que dehors il fait frais j'ai perdu mon rôle au numéro 55 de la rue. Il n'y a pas de cigarette mais je la sens comme l'ivresse si proche du canapé muet dans sa position langoureuse, point lumineux marbré de gris je respire l'intérieur et mes peurs de souliers sur le trottoir. Dans cette maison je m'appelle Barcelone ou Béatitude sur la nappe rectiligne qui n'existe pas lorsque le téléphone sonne, tu hésites à décrocher, tu décroches, yes dis-tu au monde, c'est une pub pour les radiateurs de la mer, les peluches circulent dans la tête.
On est deux face à face, profils captés si peu pressés de s'effilocher tu me frottes le dos jusqu'à la salle d'embarquement d'un nuage d'avion alors que tout se crée dans le cerveau les bateaux mémorisent un désir enlisé où habite le silence et la douche déjà prise.
C'est trop tôt ce besoin de démolir la mer et ses ponts.
Billie - 14 - 01 - 2012
Jaune lune
Dune
Nue
Rides de sable
Dans l'attente d'une escarcelle de rêves...
Peau au microscope de notre regard
Quand rien ne va plus
Il pleut
.
Il pleut sur la peau à regarder la lune
Un rire d'exception
Derrière de mes lèvres
De l’eau à laver les pliures
As-tu déjà prié la lune quand elle est bien ronde ?
Où se pose le regard de Dieu
Billie - 15-01-2012
Bleu vers
Inutile d'aimer
de vouloir
le chagrin
Dérive la mer de plus en plus loin
vers l'incertain
Fuit sa peine
Le corps entre la peau
déshabille
Le reste du cerveau
dans l'air
se plie
Billie - 14 - 01 - 2011
Jusque dans la pierre
Prière secrète
.
.
Il y a quelque chose qui se casse
Quelque chose qui bouge
Jusque dans le ciel s’agitent les formes et les couleurs
Les pensées ne savent plus nager
Loin des rives embrassées
Dans l’océan lestées de phrases enroulées
Elles se sont enfoncées
Quelques bulles en signe de la main
Le remous de jupe retardant la disparition
L’eau est un train fantôme
Les vagues un incendie
Il faut aimer le cimetière qui s’enfonce
Les pierres usées
Et les indices laissés danseront
Il faut aimer les sanglots
Comme le prochain orage viendra du ciel
Nourrir les mers et leurs chants
Telle est la prière secrète des voix mêlées
Où le vent souffle
.
Billie
Identité
Ne plus être sous la lampe
quand les mots se délient
on les retient et on les tresse
le corps se dresse frileux
de sa prison dont il est le geôlier
amant de son propre cerveau il se libère
fermant les pages
La crainte a besoin de roses
dans cette agitation forcenée
on ne force pas l'intimité
pour s'exprimer au monde
en dehors d'un terrain vague
et l'eau dévale si peu pressée
au long d'un corps hivernal
Jolies mains d'écrivain effilochées
Le voyageur ne voit pas ta métamorphose
quand le soleil couchant vient jouer du piano
les buées pressent en arc-en ciel
l'écho halluciné de ce qui aurait pu être
j'en aime l'immobilité
et l'espérance au bout des doigts
Billie - 06-01-2012
Ombres phalliques
C’est ici les colonnes et les mots sur le sable
Un endroit rempli d’eau
La mer crache
Se vautre sur le sable
Ce n’est plus un jeu
Dessus – Dessous
Où est l’homme ? qui est la femme ?
Le bleu pour les garçons, l'autre pour les filles
La mémoire s’inscrit
Violente et ivre
Dans des éboulis de sable
Pleure mille fois amplifiée
A l’envers le sable sur la tête
Un monologue s’instaure d’entre les vagues
Que j’accompagne comme un chien
Dans la mer devinée
Sur la plage marchent nos ombres phalliques
Les drapeaux ont ouvert le champ de vision
Les cabines de bain ont disparu
Ta voix m’appelle
Traçant des lettres énormes qui barrent le chemin
Un caillou entre les doigts
J’attends la courbure de la terre
Il fallait faire demi-tour en haut de la butte
lutine