Fumée
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C’est Wagner endossé
à coups de butoir
oreilles agressées
caverne des sons
à vouloir creuser sa tombe
ne plus entendre
elle a soulevé la peau de la mer
cascades de mots en étau
échos barbares
fauchés au bord des lèvres
noués aux chevilles
ne plus sentir
la plèvre perforée de ce monde
cigarette incandescente
elle se jette à l’eau
comme on monte à l’échafaud
puisqu’elle est condamnée
elle se déforme
c’est Liszt cajolant les reins
sonate gommant les traumatismes
les mâchoires de son esprit en perpétuels mouvements
friction de la matière
femme tronc
corps en mutation
cargo de braise
s'enfonçant dans la mer
vidé de sa substance
elle part en fumée
libre, elle sera libre
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lutin - 13-03-2008
lutin - 10-03-2008
Verticolor
Rien n’est droit rien n’est penché
il n’y a pas d’horizontal
il n’y a pas de vertical
c’est une diagonale qui s’empale dans la chair bleue
une corde vocale pointant son dard dans la couche d’ozone
pluie d’épines dans le plexus solaire
pente glissante à remonter
tapis roulant à rattraper le fil
épi planté buvant le sang
hématome bleu ciel
des jours noirs
c’est une érection tendant vers l’infini
vaisseau via la mer
en multicolore
une embouchure renversée
un entonnoir fermé
une tangente sans soleil
au choix les rails couchés
hampes hissées
sans drapeau
métal brossé d’espoir
le désespoir au bout gravé
un peu plus bas, un peu plus haut
une combinaison à deux trames
en biais le mur
au centre la clef
c’est un labyrinthe en deux triangles à la recherche de l’angle droit
le phallus érigé
personne ne voit jamais la même chose
lutin – 27-02-2008
peinture acrylique 38 x 46 faite le 27-02-2008
Chevauchée de l'espoir
Je vois au bord de l’écriture comme à l’aplomb de la falaise ce mouvement pour aller au fond de moi. Le vent se nourrit de mes mots pour gonfler la vague, il lit en moi comme un livre ouvert, d’ailleurs curieux de mes pensées il en tourne les pages en un geste ample. Dans le sifflement de sa trajectoire il emporte mes flèches de rêves les mixant aux éléments en dessin de nuages. Sous la brûlure du soleil ils me reviennent en cortège de cendre.
Je vois dans la peinture les images de mon écriture comme au bord d’un cratère en fusion dans lequel je trempe le pinceau. Je laisse courir sur la trame ma vie mise à plat sur la table. Par secousses les poils imbibés de couleurs chatoyantes cheminent et se déforme la mort par brûlure de la peau. Un appel au secours des tubes de peinture alignés sur le journal fait mélanger les couleurs pour obtenir la purification jusqu’à la naissance vermillon à la pointe de la toile. En chemin est née une éolienne qui brasse le vent, dans la friction des particules le cheval à peine dessiné sous le flou ardent se cabre. Les flancs sont encore prisonniers, mais il saura se libérer totalement, son odorat a perçu le printemps au bout de la route.
lutin - 04-02-2008