Décoction

Demain quand la terre s’entrouvrira
creusée de nos mains
quand les cadrans s’arrêteront de tourner
les forêts asséchées
d’un soleil trop ardent
le bois mort avant d’être brûlé

Demain quand la terre sera un terrain vague
un entonnoir dégoulinant de nos poubelles
les rapaces encore vivants
engrossés de nos erreurs
l’argent de tous bords traqué
la puissance individuelle à son paroxysme

Demain quand les voleurs d’âmes
au regard de chiens aux abois
léchant le cul pour mieux ensorceler
les mains cloués au pilori
je me surprendrai
fétu de paille défenestré
à tordre les inepties

L’horizon est un mur sans altitude
transpercé d’une flèche
pivotant autour de moi comme le foulard autour du cou
demain est ma mémoire en haut d’un gratte-ciel
un ultime vertige jusqu’à vos bras tendus

lutine

Comments

[lutin]

Je comprends ce que tu veux dire, mais ce qui est général finit par devenir personnel inévitablement car c'est bien l'ineptie qui déclenche l'appel au secours. L'épaisseur poétique, je le prends comme un compliment. Merci Hamster.

Merci Renaud, avec filet de préférence, ainsi l'ange ne mourra pas pour reprendre le commentaire de Jeanne.

[Hamster]

J'aime bien ton texte, même si je trouve qu'il y a une distorsion (fond) entre le message du début du texte (général) et la fin, désespérante, qui reflète un sentiment plus personnel, et qui semble disproportionné, comme si tu étais encore plus concernée toi-même je ne sais pas si je suis très clair...)

Sinon, l'épaisseur poétique est importante (si je peux m'exprimer ainsi)

Amicalement

[renaud]

J'adhère pleinement à ton texte fort et vrai.
Ce qui est insupportable c'est l'indifférence et
le mensonge de l'homme par rapport à lui même.
Il sait qu'il détruit et se détruit mais il
continue inexorablement comme si la saleté, la
méchanceté et l'égoïsme étaient inéluctables.
Bien sûr je te tends les bras mais je préférerais
que tu ne sautes que du premier....

[jeanne]

le saut de l'ange ...

[lutin]

Merci Michel