Encre de Chine
.
.
Des flaques d'eau sous les paupières, ses yeux prennent de plein fouet le vent la pluie le froid ou le soleil, trop grands ils affrontent les intempéries le mouchoir à la main. Derrière ce film opacifiant l’espace le cerveau refuse le trouble et perce l'écran. Rien ne l'empêchera de crever la lumière pour aller plus loin.
Elle y va, elle est là et ailleurs sur cette page blanche. Des mots nectar pour étancher la soif, des mots légers comme les pas d’une danseuse, souplesse de l’esprit pour la beauté du geste qui couche sur le papier des vers libres et aériens.
Et si l’indiscrétion du buvard entre des mains encore plus indiscrètes volait ses pensées les plus secrètes quelles seraient les retombées, l’amour ou la guerre. Le mot sans l’intonation est une arme à double tranchant, les pleins et déliés absents font retourner la balle en plein cœur. A la croisée des taches sur le papier rose on peut se perdre.
Elle a levé le voile à l’encre de chine, le vent peut emporter ses larmes imbibées par ce buvard, elles ne sont que joie. Un papillon a volé les empreintes de ses mots et les transporte au-delà des mers, elle dort tranquille il ne se perdra pas en chemin, sur le buvard elle avait laissé l’essentiel un nom, l’obsession de ses nuits.
lutin - 13-08-2006