Cendres
Ouvrir les yeux refusant le prolongement de la lumière aveuglante
Les ombres s’allongent de l’œil au sol
De la terre à la main surgit l’éclaboussure de l’évidence
Un monstre était là tapi sous la paupière
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La main vers l’extérieur conduit l’œil clos
Les doigts mêlés aux barreaux du regard
Le soupirail noirci de la cécité craque
Dans les yeux décousus vient danser la mort
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Rouille accumulée au fond de l’orbite
La poutre dans l’ossature de la machine cède
Au creux du ventre la main se brise
L'holocauste était là dans toutes ces mémoires empilées
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lutine
A la Basquiat
C'est un bateau
une coque métallique
coupée en deux
dans le fracas du plexus solaire
j'ai rampé
jusqu' en dessous du ventre
ainsi se vide l'eau sale
des égouts à la mer
C'est une corde prise dans le vent
une forme à deux bouches
l'anneau du cou
l'étau de la taille
la flèche les mixant aux éléments
au fond d'un trou
la pointe acérée
sans voilure
tirant vers le bas
la chape de plomb
de la terre à la mer
C'est un métal rouillé
griffé à la chair
au coeur chargé d'amour
à mourir
à donner à la mer
le chagrin en pâture
les larmes en prime
le sel des yeux aux poissons
C'est le gris des cargos
la sirène hurlant la mort
à la fenêtre de la vie
un toit sur la tête
les yeux nulle part
de part en part percés
regardant le tableau
de la mère
à la mer
pris entre deux sentiments
loin du parapet
écoutant la corne de l'épave
engloutie
C’est la muse dans la tête
une tache rouge
sur le sein gauche
entaillé de la flèche
il pleut des coulures
de peinture
des graffitis
à la Basquiat
lutine
Marathon 2
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Lentement le tapis roulant monte leur tête
et les corps
jusqu'à l'apparition des pieds
présentes sur un sol plat les jambes défilent
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A chacun son théâtre
certaines mains se hissent
d'autres fuient des idées en tête
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Au tapis roulant suivant les pieds disparaissent
les corps aussi
leur tête rentrant sous terre
comme si rien n'avait existé
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C'est un couloir fantôme
on y monte
on en descend
dans le ventre de la terre
les jambes tournent en rond
jusqu'à demain
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lutine - 07-12-2008
Marathon1
Là je n'ai plus le temps quand je me redresse
pour cela il me faut trois semaines
tout bouge
et la plume pourra encore plier
arme blanche
puissance du monologue
les yeux défilent
les pas
les bruits
fragments des heures
spectatrice des jambes
j’ouvre la boîte à images
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Là je n'ai plus plus le temps quand je me redresse
pour cela il me faut attendre
la musique
du coffret à bijoux
une valse dans le miroir
du couvercle relevé
les mots en toupie
enfermés
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Là je n’ai plus le temps quand je me redresse
un bracelet au poignet
je noue les gestes
une chaîne autour du cou
je suspend à mes lèvres
la vitesse de mes voix
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lutine - 05-12-2008
Magie noire
Je cherche la flamme
la ronde dans le brasier
la phobie du feu en nous
Est-ce qu'on s'aimera mieux
notre âme dans la magie noire
ventre liquéfié
Quand on fait l'amour tout se déchaîne
l'ombre du serpent dans la tête
une odeur de mort plane
Dis plus bas est-ce qu'on s'aimera mieux
dans les cendres est-ce qu'on se reconnaîtra
pépites de sang séché entre les doigts
Est-ce que tu crois à l'oubli
est-ce que tu peux nager loin
épaule contre rien
notre jardin là haut il y fait froid
Membres déshabillés de la main
un coussin sur le ventre
au fond un fleuve qui déborde
à l'intérieur c'est la chaleur de l'enfer
Des silex se frottent
bras mutilés derrière la nuque
en cavale il faut craquer l'allumette
on peut vivre poussières
Sur des brindilles de bois séché il faut se coucher
se consumer
dans le feu s'unir
et ne plus vivre demain
lutine
Recto-Verso
Bouche décousue
coupée en deux
mots plus bas
plus haut la voix
cisailles ouvertes
voilà
attends un peu
ne ferme pas les yeux
en eau forme la haine
à coups de rasoir
et crache
papier buvard
saturé
c’est le sang dans la voix
injecté dans la salive
langue pointue du serpent pris au piège
c’est du mercure au chrome sur la plaie de l’autre
le venin antidote sous-cutané
cargo de mots puants
projetés dans la tête lacérée
tissu de chair vivante
émietté dans l’assiette
entre deux couteaux
tempête pulvérisée dans un verre d’eau
mensonges
en médicament de rémission
embryon de mort
glissant dans la salive avalée
un clou au fond de la gorge
dans l’œsophage un marécage
s’enfonçant dans l’estomac
un cri au bout de la langue
l’écho dans le ventre
sans oxygène
cherchant la porte de sortie
vers le bas
la haine sur le visage
le crachat est authentique
on l’apprend dans la rue
on l’offre à la pute
ramassis de fiente humaine
crachats sur la mèche de cheveux
bouche laquée du fiel de l’homme
le nerf sectionné
elle ne sourit plus
lèvres en suspension
une balle
trois balles
plombée d’écume rouge
plus bas la voix
arrêtez la musique
capsule blanche pour quoi faire
sous la langue sèche
et si c’était la fin
embrasse Marie pour moi
lutine