Eau déflorée
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On a étendu l’eau comme un drap à rayures sur le lit, on la regarde comme la chambre virginale en attendant l’union
On la défroisse, on prend sa température, comme l’enfant au bord de l’eau on la surveille protégeant l’abîme géant
Pudiquement on y met les mains portant les doigts aux lèvres, on bénit son sein avec quelques mots de tendresse
On la berce pour calmer sa soif d’exister, on la prépare à devenir épouse dans la lumière
On la rassure tissant un pacte entre silence et sang bouillonnant, des yeux on plonge dans ses entrailles pour la dompter
C’est épuisant la fébrilité nouant le ventre, on la borde pour la nuit, dans l’attente de l’engagement seule sous le drap on se retourne dans des rêves agités.
Il y a des nuits qui vous relèvent épuisée
On est debout les doigts croisés dans le dos nattant des prières à genoux dans la tête
On tremble, c’est l’heure de la défloraison, il y a l’appréhension du premier contact, sans mot comme une flèche on la pénètre
C’est fini la caresse, on vit une fusion plus profonde, violemment on la bague, on la boit.
C’est terrible cet instant, dans la seconde qui suit on sait si le corps prend forme dans la jouissance ou l’enfer
lutin - 16-08-2008