Langue effacée
Je ne pense pas
pas aimantés vers le fleuve
je n’attends plus
la langue effacée
les chiens et les nuages ne changeront rien
ni la musique du Titanic engloutie
accoudée je regarde la surface se défaire
devant les marelles de glace on joue à cloche-pied
Aujourd’hui je parle aux flocons de neige
à la glace éphémère sous le soleil
au froid qui fait son manteau sur mes épaules
il n’y a plus de liaison entre les chemins
jusqu’aux lignes de la main disparues
pas de gare ni pont levis
nous dansions sur place
espérant un lit de plumes sur lequel se coucher
Je n’entends pas le silence
j’ai fermé les yeux
j’écoute au-delà de la nuit
la faible voix de la terre
comme peut le faire un rêve
les trains et les rails continuent leur fuite
les aéroports font croire au septième ciel
les bras séparés agitent des feux de détresse
sous les néons blafards je regarde la vie se transformer
les micros métalliques annoncent qu’il est trop tard
lutine