Est-ce un crime ?
Oeuvre de Rodin
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Comment savoir si les mots tombent dans les mains
quand les flocons blanchissent la peau
comment savoir si les traits de la main ont un avenir
quand les gants de neige habillent les lignes du cœur et de la chance
Paumes offertes je n’ai plus d’empreinte au bout des doigts
involontairement j’ai écrasé un oiseau
et mes mains ne rêvent plus
On ne retrouvera pas ma trace où sommeille la terre
criminelle anonyme inhumée au Panthéon sous les célestes pierres
on a changé de plaque pour une autre crise d’identité
Le sang coule - c’est le bec ou la bouche - ou le Saint Esprit
la magie noire sur un fond de glace
les tables tournent - danse sensuelle – les hanches se déchainent
font danser la poussière
On a brouillé les cartes - elles étaient si mauvaises et malfaisantes
la terre s’affole sous les pas en contre-jour
crisse le verglas écrasé par le mensonge
va mourir en strates – se dévorent entre elles
La métamorphose du regard, elle bondissait – cette folie qui manquait
Les mots sont dans l’air ou derrière les arbres avec l’œil
on voit basculer les heures trahies dans le fossé
une odeur de chlorophylle en accessoire d’urgence sous la langue
Comment savoir si les moufles de laine ont des histoires quand on les retourne
des images sous scellés tombent dans un cliquetis métallique
racontent les sous bois sans leur couvercle
Cloches sont les mains sans les gants de la forêt
gravent le silence
le bois est encore dur, les nœuds si tendres
Comment savoir si d’autres on fait la même chose dit l’oiseau
comment savoir si c’est toi que j’aime où ce que tu pourrais être
Je danse, la danse du feu, au ventre nu de l’hiver
pliant le corps jusqu'à la cassure
Est-ce un crime ?
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lutin – 09-02-2010
Man striding
Giacommetti - l'homme qui marche
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Il y a ce lit
sillon en plein vent
ruban de soie autour du cou
iceberg dans le ventre
le jeu de la pierre et du ciseau
la main se serre
se ferme le poing
sans fin fouille au cœur
Dormir à la verticale
fil à plomb insomniaque
cœur percé au sabre
sous l'armure d’acier
tenir debout
l’épée au bout des rails
Un fou-rire dans un hall de gare
l'écho de soi entre les trains
la lumière des yeux qui s’éteint
sous la morsure de l'outil
c’est écrit sous la peau
les pas dans le métal
qui fondent en prison de fer
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lutin - 06-02-2010
Parfum de femme
Ulysse raillant polyphème de william turner
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jusqu’aux falaises
transportée par la caresse et son chant
je voudrais mourir
là où l’on voit les parfums et les arbres
Trahison
le cerf et la biche
le bonheur c’est cela
la terre et ses fleurs après le déluge
Dans la forêt nos pas incrustés
je suis l’arbre comptant les heures
les pulsations sous la chair
Visage penché au bord des lèvres
je ne suis pas la mère, ni le père
au milieu d’un nuage planent leurs têtes
Femme, j’attends l’eau
la musique des fontaines
où l’on chante l’amour
dans le chuchotement du papier peint
Il y a tant à découvrir dans un ventre
je ne serai source que d'un seul homme
Emportée dans la mer
du lit jusqu’à tes bras comme un bateau j’avance
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lutin - 01-02-2010