La mort
J’ai vu la mort en face, aujourd’hui, un corps dans une caisse, une toile cirée le recouvrant, via la chambre froide, portes fermées pour les autres, et moi j’étais là au cœur de ce mouroir.
En douce, comme honte on le transportait ce corps dans sa caisse à roulettes, dans l’anonymat ce corps doit disparaître, ne pas déranger ceux qui sont sur le pas de la porte, il faut cacher l’échec, d’un coup de balai le faire disparaître pour faire croire à ceux qui luttent qu’ils seront les vainqueurs.
Quand elle vous a trouvé, la mort, elle ne vous lâche plus et vous suce jusqu’à la moelle.
La peur panique, le dégoût du sang sont pour celui qui observe la dégradation.
La sensation des os qui se brisent est pour celui qui attend cette mort pour mieux rentrer dans la caisse.
Pourtant sur la corde raide il s’est accroché et la vie s’est dérobée, pour mieux le faire tomber dans la boîte, et d’un coup de clac le faire passer de vie à trépas.
Je l’ai vue elle est si étroite qu’il faut bien qu’ils se brisent ces os pour se réduire dans cet habitacle.
A force de lutter on tombe d’épuisement mais la fin se fait attendre. Tu enfanteras dans la douleur, mais ce que l’on ne te dit pas c’est que le pire est pour la fin, elle se fait attendre, désirer, la mort, est-ce pour mieux apprécier le passage quand les os se brisent pour rentrer dans la boîte et surtout refermer le couvercle pour mieux oublier le passage d’une vie.
Tout ceci pour te dire qu’avant d’en parler de la mort, il faut que tu saches qu’elle n’est pas propre au fond de nos mouroirs.
Vis à fond la caisse dès maintenant de toute ta hauteur, car elle te rattrapera un jour, la mort, pour te briser les os pour mieux rentrer dans sa boîte.
Lutin 10/05/2005
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