Faire ses valises, laisser les souvenirs sur le tapis, insidieusement ils se plient au creux de la lingerie soigneusement rangée pour mieux ressortir au bout du voyage. Comme un cintre ils s’accrochent à sa peau, sur cette île un clown blanc aveuglé du rayon de soleil ne voit plus la ronde de la nouveauté et passe la ligne d’horizon.
Elle était funambule, elle a traversé la vie sur un fil, fil de rasoir, pieds nus trop longtemps suspendue sa chair s'entailla, la douleur lui fit perdre pied, elle tomba dans le néant. Seul le tocsin attira son regard, un instant de prière, les pensées vers l’autre, quelques secondes figées, elle et lui à la même heure sur le parvis se sont embrassés à la vitesse de la lumière.
Elle n’est plus de ce monde, on lui avait pourtant plâtré le cœur pour réparer les dégâts, la fissure ne se referma pas, le sang s’en est allé dans ce long tunnel dans lequel l’amour s’enfonce, un tube rétrécissant à chaque inspiration mais il continuait d’avancer cet amour pour voir jusqu’où il pouvait voir et l’air a manqué dans l’étroitesse de son cerveau comateux.
Elle était acrobate, la vie lui a joué des tours, de pirouette en galipette elle retombait toujours sur ses pieds laissant un peu de sa force derrière elle, une traînée de poudre rosée d’un cœur effrité. Elle a tant virevolté des années durant un saut périlleux de trop lui fit perdre la raison, elle tomba dans le néant sans filet et devint poussière.
Cœur blanc à trop saigner elle était le clown triste, de ses cabrioles à la face du monde elle trompait son monde à tour de bras et ses doigts en cachette essuyaient l’amertume, la larme imbibée de sang, elle était cirque à elle seule au théâtre de la vie.
Une vie c'est tellement court, l'attente c'est tellement long, et au dernier saut les regrets du non vécu, mais il est trop tard, c'est l'heure de s'éteindre et de tomber dans le néant. Un dernier saut, un pied de nez, voulant faire volte-face elle reste là en suspension et contemple, un trou béant.
lutin - 12-02-2006
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