L'odeur bleue
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Il y a des odeurs au milieu d’une tempête qu’est la maison alors que le vent soufflait terriblement dans notre dos. On remplit des sacs, on les ficelle. Vouées aux ordures on se défait des heures volées, et si le bleu était une odeur, quelle serait-elle ? Un bleu d’espérance, celle de la chambre, le bruissement des pas dans l’herbe, les yeux laissés dans l’autre que l’on embrasse doucement jusqu'au prochain jour. Et si l’odeur était le téléphone laissant un secret sur la bande passante quand la colère tombe comme la pluie, ou le fracas d’un verre pilé, ou juste le vrombissement du moteur de la voiture se garant sur le parking. Derrière la fenêtre l’ombre fait un signe de paix.
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L’odeur je ne peux pas la partager quand la nuit fouille au corps, elle m’appartient quand je floue le sol de mes bottes marchant sur les cendres de mauvais esprits et m’affaiblit. Nous étions voluptueux enlacés si prés du ciel comme si le vent était un escabeau pour mieux l’atteindre. Dans ce ciel le monde est grand, le voyage a commencé, l’odeur de toutes nos mains, de chiens sous la pluie, de sang colmaté contre la veine brisée, de fer face à la chaise vide après le cliquetis de la clef dans la serrure se propulsant jusqu’au cœur. Comment fera-t-on pour la nommer la lame de fond ?
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C’est difficile l’odeur des livres dont tu parles, les désirs pris en faute dans la fiction d’une lumière artificielle. Il me faudra un peu de temps pour apprivoiser le langage sans mascarade et les images si brutales avec trop de photos autour sans visage, ou faire semblant d’y croire. Une brèche s’est ouverte dans un couloir marécageux, les paupières frémissantes prendront-elles l’habitude ? Avec mes doigts je tourne les pages, c’est vers où le temps perdu, tu avais l’air sincère, c’est quoi cette odeur fluide entre les dents entre les yeux autour de ta langue où tu m’entraînes infiniment. Le vent souffle terriblement ce soir dans ma tête.
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lutin - 01-03-2010