Maille à maille
Sueur, mascarade, volants bleus dessus-dessous, poupée de chiffon, peau de chagrin tu avances montgolfière. Ma vue est en train de mourir, elle n’est plus une voix mais un œil égaré qui regarde le ventre à l’air l’arc en ciel des couleurs où s'éteignent les lumières en terre ennemie. Je compte sur mes doigts les gestes, les pas en avant, les mains en arrière, je multiplie, je coupe et je divise les mots, la tonalité de la jambe à l'équerre, le bras qui se lève prenant Dieu à témoin. On n’opère pas la mort, on n’opère pas le ventre, on n’opère pas le sexe ni la bouche dans le sexe, on n’opère pas la sève qui monte, la soif, le sexe dans le sexe, on n'opère pas l'envie. Il fait chaud, l’herbe se rétracte, tout se rétracte, le ventre, les ongles, la main dans la poche, la poche comme la voile sans vent. J’ai pris des coups de soleil, j’ai fait le trottoir dans l’herbe verte, j’ai foulé le sol déhanchée. Le baladeur dans les oreilles j’ai fait l’amour à la terre. Les yeux cachés derrières des lunettes noires j’ai baisé la terre, le monde, les cris. Les fesses dans la terre j’ai laissé monter le plaisir des corps qui se séparent. J’ai bu les rêves détruits, les mensonges révélés, la laideur amère, j’ai applaudi sur la table de marbre.
Danse avec moi mon corps la contorsion du cirque, danse avec moi mon corps le morcellement des convergences, danse avec moi parole dans la déchirure du corps. Le robinet fuit, il m’épuise maintenant le cloc cadencé des mots qui donnent vie au corps, il me creuse la tête ce pas minuté. Ma vue est en train de mourir quand les mains me secouent, sueur, tueur de la nuit, mensonge dessus-dessous clairvoyant on le respire le fouet sur la peau. Le claquement s’accélère, le cœur derrière l’arbre se couche, la pluie sous l’escalier ne respire plus quand les chevaux se cabrent dans le bronze. Les bougies vont s’enflammer, ne parle pas trop fort, ne respire plus, les trottoirs sont prisonniers des passants assis sur l’autre rive, écoute les rires des sans cœurs le livre dans la poche pour se donner contenance.
J’ai fait l’amour dans ma tête, j’ai fait la rue et ses parallèles dans l’herbe et le macadam. J’ai bu un perrier menthe la paille dans la bouche, sur la table un livre en attente, sous les pieds la guerre fait crier les graviers. Comment aimer un jardin hanté, les trèfles à quatre feuilles en friche, la musique toujours la même, danse avec moi blessure suspendue à mes lèvres. Ma mère répondez-moi avant que je ne me jette à l’eau, sueur et sel de bain. Marie je l’ai vu plus sombre que le noir de la mort le chat navigant sur les eaux. Au travers des barreaux j’ai tout compris sous un ciel bleu, rubans volants démodés, dessus-dessous, herbes folles au pilori. Maille à maille je détricote les feux d’artifice sur la table quand ses doigts fouillent mon corps.
J’écris au chevet de mon ventre.
lutine - 20-08-2011
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L'écho
Le ciel porte-il un nom au dessus de la conversation ?
la terre porte-t-elle un nom dans le bac à sable ?
angoisse pétunias et myosotis
j'ai écrasé un moustique contre le barreau de la chaise
ce bruit qui efface l’écriture
dans le reflet des vitres
Prends garde à toi
il reste la table où nous sommes si nombreux
les fleurs et les miettes
sous les ongles bat l’horloge contre la peau
le bruit de l’eau et les yeux vagabonds
Le long de l’archet
l’araignée tisse sa toile
me tranche la gorge
claque et se rétracte prisonnière de la nappe
Que reste-il des livres écrits ?
que reste-il du silence ?
une tasse de porcelaine livrée aux fourmis
des airs de musique
chauve-souris
yeux de chouettes et noctambules
petites cuillères à dormir debout
dans le sucre glace
Entends-tu les montagnes dans le ciel
l'écho des trottoirs vides
poursuivis par les ombres
les pelouses sèches au fond du cimetière
le sel le poivre sont orphelins
la rose blessée se pose à genoux
Petite flamme il est minuit
les aiguilles restent à la verticale
ébréchées
lutin – 12-08-2011
Mots blancs
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C'était un rêve
Chemin noir, paroles noires
secrets diaboliques
dans la chambre déraison
les portes de l’enfer ne mènent nulle part
contre peau des couloirs sans fin
Sur la peau toute mouillée
c'est un jeu entre les cordes
la langue de l’amour
la vengeance du fouet
creuse la chair comme s'effrite une île
Jusqu’où s’étend l’ombre de papier
les pages offertes aux étoiles
dans le rêve retenu si longtemps
jusqu’où brûle la nuit
sur les pas de la lune
traversant les flammes
C’était un leurre
chaud comme le miel
le poison distillé lentement sous la peau
auréolé d’éphémères
de la poudre aux yeux sous les jets du désir
lutin - 06-08-2011
Enigme d'un visage
Est-ce que la nuit a des portes
quand la lune ronde fuit
le tonnerre gronde
saigne dans le jour tournant
C’est lourd le mâchefer
l’embûche sous les pas
la circulation de l’eau
les odeurs chimiques et organiques
au milieu des décombres
sous les doigts avides on se donne rendez-vous
L’air pesant fait partie des errants
le vol des abeilles autour de nos corps
tout s’arrête
il est temps de lancer les dés
dans un brouillard de plomb
et combattre la violence des êtres
Le ciel s’appuie contre un ballon gonflé d’hélium
d’en bas je ne vois pas la vie
les sourires masqués près de la bouche
c’est l’océan que j’entends
écoute ! ses sabots résonnent
L’été se noie comme l’énigme d’un visage
et se referme
encore une saison s’efface
suit la ligne indécise des pensées
Nous aimerions ne pas porter la haine
mais l’orage gronde si fort galopant
sans courage se rabat dans l'ornière
suspendues au grain de ses coups
les mains se croisent et se décroisent
lutin – 03-08-2011
Roulette russe
Le vent n’a pas fini de discourir
comme s’il me réconciliait avec ma bouche
dans le décor que j’habite
Je parle aux arbres
aux murs qui mangent ma voix
alors que l’endroit se vide
à la vitesse du cheval au galop
comme les vagues se retirent
La vie s’arrête brusquement sur une terre labourée
dire, que dire qu’elle ne sache déjà
qu'elle ne transpire déjà
assoiffée de l'avenir
l'eau n'a pas fini de couler
L’épaisseur de l’air s’est enroulée autour de moi
dans la tête c’est le tocsin
une aspiration vers le ciel
et la main qui désigne la nuit
le voyage accompli en profondeur
amas de promesses et de cendres
Il s’agit de renouer l’envie
à grands coups d’étincelles
roulette russe, amie ou ennemie
foudre quoi qu'il advienne
On efface tout de la mer et de la terre
le sable devient lisse, beau et pur
quand la mémoire est là macérée
comme une perle dans son écrin
Il faut en faire des pas et des pas
jusqu’aux marches à l'angle d’acier
les peaux gommées à l’usure de la trame
ouvrant l'horizon en miroirs successifs
vers l’autre rive
lutin
Il n’y a pas de soleil sur les ombres il n’y a
Il n’y a pas de soleil sur les ombres
il n’y a que des poupées de chiffon noircies
des cheveux monochromes arrachés
quand une nouvelle saison se lève
Notre corps est un livre
on déchire la souffrance
les morts ne volent pas
les morts ne salissent pas
On déplie son corps encastré dans le vide
à l’angle des raies de lumière
on relève la tête
on enfourne ses doigts dans la bouche
hors d’haleine on en extirpe les mots
les morts ne parlent pas
Rien qu’un verre d’eau pour laver le linge
de l’eau sucrée-salée
rien qu’une épaule pour expulser le froid
une main sur le ventre
on lui lave les pieds
on lui lave le sexe
la toilette faite on le caresse
L’escalade des doigts pousse les heures
il n’y a que les corps vivants
les armes au poing
qui se souviennent
lutin
Fallait-il s'absenter ?
Je t'ai cherché derrière les arbres
sous mes pas
dans la terre
parmi les nuages
entre le ciel bleu et la pluie où tu me cherchais
le sol ici montre la mer invisible
On a changé d’année une fois de plus
la lampe ne s'est jamais éteinte
dans l'ombre et l'heure du repos
les voyages sont toujours les mêmes
juste dispersés dans le jardin
le temps est incertain et nous restons à l’orée
Je te retrouve au revers d'un dimanche
pair ou impair selon comme toujours
je ne sais quand l'heure dit qu'il n'est pas l'heure
quand le virage nous plie dans son ombre un autre jour
on dirait qu’elle travaille pour nous
comme les aiguilles de la montre
J'ai tes mots dans ma poche
les traces de tes mains que je retourne
tes appels cloués au fond du métal
jamais effacés
tes pas contre les miens
le souffle le long de la jambe
Expire que je te happe
On est là à dire nos poèmes
le long des routes toujours les mêmes
jusqu'à la fenêtre qui nous aspire
jusqu'au rideau que l'on tire
incertitude de deux mains se prenant le corps
demain que seront nos envies
certitudes je le sais
avalanches d’heures volées
Fallait-il s’absenter ?
lutine - 15 - 07 -2011