Les heures suspendues
Elle peut tout imaginer
l'horizon plus gris que la lumière du jour
grises les voitures en contrebas
grise l’éclaboussure des flaques d’eau
Les insectes aux ailes mouillées
prisonniers de la fente
elle peut les entendre crisser
alors qu'un papillon se brûle sous l'abat-jour
En se penchant un peu elle ne voit pas
elle dit que rien n’est visible
mais entend les détails de la rue
tantôt lisse à la manière d’un tronc élagué
tantôt déchirée
Cette ombre occupe mon dos
je suis l’obstacle
toujours devant
toujours immobile
elle voulait me quitter
me devancer dans le sommeil
La douleur devint lancinante
quand elle prit ma place
lutine
La vie circule - suivi d'une lecture de C.
Viens, tu crois ne rien voir
c'est le ciel qui t'inonde
tu es venu tête nue comme un avenir rebondit
un corps et ses gestes puérils
tu es venu déposer de l'autre côté du rideau
ta pelote de laine et ses mailles
rumeur d'écume.
Qu'y puis-je s'il me semble te voir
liant les branches de nos premiers pas
et c'est le ventre qui bouge
la peau se gonfle si peu mais doucement
alors je te dessine un lit
sous la robe blanche
une source où l'ombre persiste.
Viens, ne crains pas les sons qui se voilent
le silence
l'écho énigmatique des ténèbres
le chiffre des jours dont la fleur se défait.
Je t'écris de ma table
comme je m'adresserais au brouillard
fluide entre mes mains
lorsqu'il me libère
tes lèvres se vêtent d'un sourire
gorgé d'attente
lutine
un écho de c. ici
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La vie circule
Viens, tu crois ne rien voir et c'est le ciel qui t'inonde. Tu es venu tête nue comme un avenir rebondit des pieds aux épaules, un corps et ses gestes puérils, tu es venu déposer de l'autre côté du rideau ta pelote de laine et ses mailles, rumeur d'écume.
Qu'y puis-je mon rêve s'il me semble te voir liant les branches de nos premiers pas et c'est le ventre qui bouge, la peau se gonfle si peu mais doucement, alors je te dessine un lit, un repas chaud sous la robe blanche, une source où l'ombre persiste.
Viens, ne crains pas les sons qui se voilent, le silence, l'écho énigmatique des ténèbres, le chiffre des jours dont la fleur se défait. Je t'écris de ma table comme je m'adresserais au brouillard fluide entre mes mains, lorsqu'il me libère tes lèvres se vêtent d'un sourire gorgé d'attente.
lutine - 29-01-2013
Langue effacée
Je ne pense pas
pas aimantés vers le fleuve
je n’attends plus
la langue effacée
les chiens et les nuages ne changeront rien
ni la musique du Titanic engloutie
accoudée je regarde la surface se défaire
devant les marelles de glace on joue à cloche-pied
Aujourd’hui je parle aux flocons de neige
à la glace éphémère sous le soleil
au froid qui fait son manteau sur mes épaules
il n’y a plus de liaison entre les chemins
jusqu’aux lignes de la main disparues
pas de gare ni pont levis
nous dansions sur place
espérant un lit de plumes sur lequel se coucher
Je n’entends pas le silence
j’ai fermé les yeux
j’écoute au-delà de la nuit
la faible voix de la terre
comme peut le faire un rêve
les trains et les rails continuent leur fuite
les aéroports font croire au septième ciel
les bras séparés agitent des feux de détresse
sous les néons blafards je regarde la vie se transformer
les micros métalliques annoncent qu’il est trop tard
lutine
L'arbre aux trois visages
Lorsque s'éclaire la lune
dans un grand silence
que rien ni regard
au travers d'un brouillard de plomb
ne voit au fond des yeux
l'arbre aux trois visages
solitaire dans ses bras ouverts
tisse une roue de lumière
au milieu de l'eau
sa forme n'est jamais vaine
aux heures interdites
la lente chute de ses membres humides
comme une question arrachée au ciel
te surprend à parler une autre langue
inflexion de voix pour qu'elle devienne musique
ce ne sont que des mots insufflés
l'inscription d'une présence
qui n'a pas de nom
ses paupières clignent
fidèles à la nuit
lutine - 06-01-2013