Renverser la table ne sert à rien le ciel n'en n'est pas proche pour autant et je repars me mordre les doigts en leur lieu de naissance de ce qui s'est passé le long des routes vides les lumières rouges vertes et jaunes les volets clos de l'espérance je marche, je marche les sonnettes luisent tel un navire dans une flaque d'eau pour ne jamais se poser sur terre au loin le sifflement de l'autoroute j'entends qu'il pleut pleure la pluie au bout de mes pieds
C'est déjà mort le nom sur les plaques d'égouts et lacent mes chevilles par trop de jours je n'aime pas le vent et les roseaux j'aime la nuit les banderoles qui me suivent le silence de la rue de l'Hermitage de la rue Berthier qui l'embrasse les vélos attachés aux panneaux interdits les selles encore chaudes c'est le ballet des béquilles le long du parc elles s'arriment la nuit reines le long des trottoirs
Voilà quelques images murmurées lors de mon périple au travers des fenêtres nous sommes dans la solitude je voulais être animal dans la nuit sans lune promenant mon silence, évitant la voie ferrée juchée sur des talons aiguilles ce fut mon erreur les arbres me regardent un chien promène son maître ou l'inverse qui renifle dans mon dos et la mouche se hâte au cul d'un camion ce soir j'ai regardé le temps qui palpite il y a trop de monde quand je lève les yeux
J’ai aimé mon ventre les petites bulles prémices de ta vie à la recherche de mon oxygène avant que la mer ne forme ses vagues soulevant ma robe d'été à fleurs ton dos contre ma peau souvent côté cœur ton sang se nourrissait du mien cette chair tendre appelée placenta tu buvais à la paille mes envies de fraises ton poing frappant mon nombril gourmand de chocolat la faim te faisait bondir je regardais mon ventre Mappemonde transparent tant la peau se tendait alors je t’ai vue au travers de mon miroir soleil de printemps à l’intérieur le soir ma grotte mystérieuse illuminée la lune veillait nos rêves de nous toucher les heures de sommeil étaient communion calme, calme... ce n'est pas l'heure du premier baiser, de la première toilette mes mains comme des étoiles caressaient la mère les rondeurs du sein comptaient les mois et les heures l’enfant que l’on poserait sur mon ventre ton premier cri fut ma première larme avant d'autres coulant ton bain de mes joies nos bécots sur le bout du nez toujours
C'était presque hier ce désir d'enfant quand on se berçait
Derrière les feuilles naissantes les marronniers et les tilleuls les écureuils, le roux du panache le plus grand des frissons ne tardera à éclore milles pensées assaillent jusqu'à l'abîme au noir de velours
On plante des tuteurs aux branches fragiles on enterre les cheveux au creux des troncs tourbillonnent le fouet, la natte immuable les oiseaux filent vers le nord une algue serpente à l'aplomb du soleil
Depuis les marais où repose le sel c'est la guerre bêchent les pieds comme des crocs
Voici mes mains liées sur ce front rempli de sueur je plongerai où la fleur pousse au fond d'un miroir ivre qu'importe les bois aux saveurs barbouillées la grande scie a nettoyé la langue blanchie de l'hiver