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Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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7 novembre 2010

Je me prépare au voyage

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Photo0346

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Ces feuilles à demi-mortes près de mes pieds me frôlent comme des mains, c’est une descente du corps jusqu’aux mots que je tords contre la peau alors que grimpent leurs brisures le long de la jambe. Ces couleurs d’or que je serre dans mes bras je les emporte fragiles, elles crépitent encore à mes oreilles, ainsi circule le frottement des pensées jusque dans les veines. Ces odeurs couvertes de poussière insensibles aux prières je les coiffe d’un bonnet de laine, je nous enferme à double tour, elles disent qu’il fait froid et humide alors que l’écharpe du vent m’habille et me noue le cou, me glace les mains. J’attends que ralentisse le battement de mon cœur, c’est ainsi que l’on hiberne.


La nuit on dit le temps s’arrête alors pourquoi se lève le jour, tombent les années autour des arbres et les étoiles de nos yeux. L’été s’en va comme nos mots projetés vers le ciel, nos espoirs dégoulinent dans les jardins, il pleut les dépouilles des vœux non exhaussés, des amours inachevés, des promesses non tenues, le noir des arbres apporte la vision de la mort, elle nous fouillera jusque dans l’écriture prenant la couleur du temps, l’odeur de la cendre, on ne s’adapte pas on se recroqueville dans sa main.


Alors que les vitrines brillent, alors que l’ombre s’entoure de lettres rouges qui clignotent, alors que la nuit m’habille de sa robe de deuil ma chambre s’orne d’un miroir, je cherche un large pinceau, je tends le bras, quand le bras s’assouplit, quand mon corps se détend,  je me prépare au voyage, je peins le ciel avant qu’il ne se décharge, avant que je n’oublie son parfum dans cette partie de la toile.


Je meurs de ne pas savoir oublier la trame tendue, digérer le trou béant que je fends, je suis la mer qui retourne les feuilles dans ses rouleaux, le gémissement des vagues qui s'accrochent à la grève, dans la chambre l'odeur de la terre se mêle à mes pas, à mes gestes se mêlent les voix, combien de temps avant que la peinture ne sèche au ciel ?

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lutin - 07-11-2010

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Commentaires
L
J'ai suivi le lien, et je rapporte cela<br /> <br /> "sentir comme on regarde,<br /> penser comme l’on marche,<br /> écouter comme on a peur.<br /> <br /> Le mot beauté couvre ces choses"<br /> <br /> oui je te rejoins
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M
Le Lutin trottine sur une croix sans cesse renouvelée. Le mot beauté couvre cette chose en échange du plaisir qu’elle lui donne, et pourtant...<br /> <br /> Et pourtant je lis une lucide tristesse dans tout cela, comme si la beauté n'existait pas mais que le mot beauté n'était qu'une récompense - malgré les feuilles - malgré le noir - malgré le temps.<br /> <br /> On peut voir cela autrement et considérer tous ces changements comme la seule possibilité de beauté :<br /> http://www.maisoublanco.fr/wordpress/?p=900
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L
Merci Renaud de ta lecture, alors demandons à Dieu toutes les saisons, mais ce qui désagréable que cela se passe la nuit quand nous dormons, par exemple la pluie
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L
Cette photo est de moi, c'est là où je cours presque chaque jour et la perspective on ne la quitte pas durant ce périmètre en forme de croix de 6,5kms, je ne me lasserai jamais. J'en ai fait beaucoup voulant mémoriser ces couleurs dans le but de faire une peinture durant l'hiver, faire vivre le temps au bout de son pinceau et oublier l'hiver que je n'aime pas. Tu as bien compris, mais j'aime la prose poétique aussi alors quelquefois je m'y lance. Je ne sais pas ce que je préfère, il me semble les deux selon les moments, là j'avais ressenti beaucoup de choses alors j'ai préféré la prose poétique.
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H
Tout d'abord j'aime beaucoup la photo (je ne sais pas si c'est toi qui l'a prise ou si tu l'as eu quelque part, mais - même si je n'y connais rien en photo - je trouve, du point de vue technique, du point de vue de ce qui est rendu, qu'elle est assez forte) ; la perspective - très marquée - est très évocatrice du temps qui passe.<br /> <br /> La critique que je vais faire de ton poème est à la fois une mauvaise et une bonne :<br /> - "mauvaise" parce que j'aime plutôt les poèmes courts, synthétiques, avec peu d'idées<br /> - bonne pour les mêmes raisons. Personnellement je suis incapable (ou exceptionnelement) d'écrire des poèmes aussi longs. Mais j'y ai compris le sens et la progression : 1ère strophe le spectacle des feuilles, 2ème strophe ce qu'il évoque : l'automne, fin et mort d'une année, le douloureux constat du temps qui passe et avec lui, ce qui ne reviendra jamais, 3ème et 4ème la conjuration (par l'acte de la création, l'acte de peindre) de cette malédiction.<br /> Personnellement, c'est la deuxième que je préfère (question de goût et d'affinité personnels).<br /> <br /> Sinon à la place de "La nuit on dit le temps s’arrête" j'aurais écrit "On dit que la nuit le temps s'arrête" et j'aurais mis une ponctuation différente pour ralentir le flux de ces belles phrases ou bien même encore, je les aurais composé en vers... <br /> Mais voilà, c'est ma conception de la poésie, et c'est ton poème, et rien ne m'autorise à penser que j'ai raison ;-)
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