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....Ce sont les mains au centre du sommeil qui mettent le corps en transe et sous la peau cela tape, cela siffle, cela danse dans les yeux alors que les doigts racontent au même rythme. Ils sont pianiste et tortionnaires, entre le pouce et l'index c'est l'orage et la peur. C’est l’absence de respiration, entre les murs cela chuchote comme de minuscules ressorts qui se meurent. Cela s’écrit en noir sans visage et à sang l’alphabet du jour écrasé comme des mouches à la lampe du soir.
On tire et on efface, c’est magique l’ardoise, machiavélique. En transparence tout se lit jusqu’au lit qui se retourne et les murs rétrécissent comme un plastique que l'on fond alors qu’ils étaient montagne ou ventre, pile et face. On inspire et on expire c’est mécanique, automatique si le sable ne brouille pas l’engrenage. Elle vide ses poumons, colle sa main sur la bouche, colle blanche sortie du cartable, jusqu’à être animal fouillant l'amour dans le coussin, bilboquet sur la plage comptant la chute des lettres mortes, chat botté à la recherche du vent entre poumon droit et poumon gauche. La main dans le sac vert, les yeux fermés, petit a, petit b, c’est bête quand on a tout jeté jusqu’à la dernière lettre jusqu’au numéro d’urgence, K comme Koala, je veux mourir en noir et blanc avec mon enfance.
L’apnée jusqu’au matin est-ce possible, le grand bleu sans le téléphone filaire et les sirènes. Scaphandre les poumons y sont enfermés comme elle a fermé les volets et les portes. Caisson de décompression sous la chétive enveloppe d’un ciel nocturne où tout s'amplifie, attention aux paliers, au plomb et à l’acier, vite mais pas trop vite, c’est cérébral le réveil, la forme est à débattre pas à abattre, un œil puis l’autre, serait-ce explosion ou implosion comme à la télévision ? on en parlerait dans les faits divers.
Quand les draps plissent ou se plient de rire la portière claque et l’on parle fort. Tu clignes une fois pour le oui, tu clignes deux fois et tu dis non. On en fera une histoire de ta peau qui écrit sous les cils, de tes mains qui battent l'air, de ta bouche qui crie NON quand tout se lie. Un homme au milieu des herbes saute à la corde, plante ses pieds dans le gravier, et voilà que ses jambes crèvent l’air, sa main avide disparaît dans la chair, ce sont les oiseaux que l’on tue, le travail du jardinier que l’on détruit, et l’air, l’air qui n’est plus et ta chair qui fait mal. Il ne reste que le silence et la gorge qui se noue, pâte à modeler que l'on pétrit. Il ne s’agit pas d’être feu mais liquide dans un fleuve et partir. Un homme au milieu des herbes folles plante sa rage. C’est écrit au goutte à goutte dans un crachat de la nuit comme le trajet d’une voiture d’un point A au point B, stop, stop dit le panneau et l'on culbute. On boit de l’eau mais le liquide n’efface rien, c’est écrit dans la boue et sous les coudes.
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lutin - 04-06-2010
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