Langue effacée
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Je ne pense pas
pas aimantés par le fleuve
je n’attends pas
et la langue s’affaisse dans les eaux du passé
les chiens et les nuages ne changeront rien
ni la musique du Titanic engloutie
accoudée je regarde la surface se défaire
le vent du sud égraine lentement ses degrés
devant les marelles de glace on joue à cloche-pied
Aujourd’hui je parle aux flocons de neige disparus
à la glace éphémère sous le soleil
au froid qui fait son manteau sur mes épaules
il n’y a plus de liaison entre les chemins
jusqu’aux lignes de la main effacées de ses voyages
pas de gare ni pont levis si ce n’est la voie normale
nous dansions sur place à chaque hémisphère
espérant un lit de plumes sur lequel marcher
Je n’entends pas le silence
j’ai fermé les yeux à des milliers de kilomètres
j’écoute au-delà de la nuit
la faible voix de la terre
comme peut le faire un rêve
les trains et les rails continueront leur fuite
les aéroports feront croire au septième ciel
jusqu’aux bras séparés agitant des feux de détresse
sous les néons blafards je regarde la vie se transformer
les micros métalliques annoncent qu’il est trop tard
lutin – 17-01-2010