Zoom
la chute d'Icare - http://manosuelta.files.wordpress.com/2008/07/pieter_brueghel_de_oude_-_de_val_van_icarus.jpg
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Je pense à ces petits papillons noirs qui valsent dans les yeux quand la tension monte, ils sont nombreux et volent très vite sans accident. Quand tout se calme ils se posent loin des yeux comme s'ils n'avaient jamais existé, d'autres disent que ce sont des mouches, des objets non identifiés, quand on leur raconte ils répondent qu'ils ne croient pas aux ovnis collés au plafond ou volés en éclats. Je pense à Icare pris au piège dans un vent ascendant. Je pense à ma mère m’expliquant qu’en s’approchant du soleil on se brûle les ailes.
Etait-ce moi, était-ce une autre, je crois bien que c’était moi l’enfant passant des heures à fixer les murs de la chambre tapissée en toile de Jouy, je n’étais plus une petite fille, j’étais une Reine, mon esprit courait le long des murs et mon imagination allait bon train. Les portes intérieures de l'armoire étaient capitonnées du même imprimé, ma chambre était un livre rempli d'histoires. Dans le meuble en noyer se trouvaient mes fantasmes, mes yeux se faufilaient entre les robes suspendues, ma chambre était mon jardin d'Eden sous un ciel blanc. Oui de tous ces zooms mémorisés ont peut raconter une histoire, mais la mienne ne sera pas celle des autres. On me demande souvent « à quoi penses-tu » je réponds « à rien » je suis sincère et en m’épanchant ainsi je me rends compte du mimétisme de mon corps enfermé dans les pages de mes dix ans, oui je fixe encore un mur jaune sans ennui.
Dans les méandres imaginaires des motifs je n'utiliserai pas le mot "explications" jusqu'au jugement dernier, on les trouve dans les écrits dits officiels, Michel Ange en a couvert les plafonds entre autres à la chapelle Sixtine mais "interprétations". Par exemple le fleuve dans sa force entraîne tout sur son passage (le déluge), un corps veut remonter mais on ne peut rien contre les éléments. Quant au sixième zoom on peut penser au retour de l'homme à ses origines, le voilà en train de pêcher sa nourriture. Home crie le ventre. Paix crie le sang. J’entends alors sa voix, un souffle à mon côté : Veux-tu que j’éteigne la lumière ? Dans le noir elle demeure au bord des paupières, figée, brillante, la voix.
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lutine - 09-06-2009