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Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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8 juin 2009

Zoom

800px_Bruegel__Pieter_de_Oude___De_val_van_icarus___hi_res

la chute d'Icare - http://manosuelta.files.wordpress.com/2008/07/pieter_brueghel_de_oude_-_de_val_van_icarus.jpg

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Je pense à ces petits papillons noirs qui valsent dans les yeux quand la tension monte, ils sont nombreux et volent très vite sans accident. Quand tout se calme ils se posent loin des yeux comme s'ils n'avaient jamais existé, d'autres disent que ce sont des mouches, des objets non identifiés, quand on leur raconte ils répondent qu'ils ne croient pas aux ovnis collés au plafond ou volés en éclats. Je pense à Icare pris au piège dans un vent ascendant. Je pense à ma mère m’expliquant qu’en s’approchant du soleil on se brûle les ailes.

Etait-ce moi, était-ce une autre,  je crois bien que c’était moi l’enfant passant des heures à fixer les murs de la chambre tapissée en toile de Jouy, je n’étais plus une petite fille, j’étais une Reine, mon esprit courait le long des murs et mon imagination allait bon train. Les portes intérieures de l'armoire étaient capitonnées du même imprimé, ma chambre était un livre rempli d'histoires. Dans le meuble en noyer se trouvaient mes fantasmes, mes yeux se faufilaient entre les robes suspendues, ma chambre était mon jardin d'Eden sous un ciel blanc. Oui de tous ces zooms mémorisés ont peut raconter une histoire, mais la mienne ne sera pas celle des autres. On me demande souvent « à quoi penses-tu » je réponds « à rien » je suis sincère et en m’épanchant ainsi je me rends compte du mimétisme de mon corps enfermé dans les pages de mes dix ans, oui je fixe encore un mur jaune sans ennui.

Dans les méandres imaginaires des motifs je n'utiliserai pas le mot "explications" jusqu'au  jugement dernier, on les trouve dans les écrits dits officiels, Michel Ange en a couvert les plafonds entre autres à la chapelle Sixtine mais "interprétations". Par exemple le fleuve dans sa force entraîne tout sur son passage (le déluge), un corps veut remonter mais on ne peut rien contre les éléments. Quant au sixième zoom on peut penser au retour de l'homme à ses origines, le voilà en train de pêcher sa nourriture. Home crie le ventre. Paix crie le sang. J’entends alors sa voix, un souffle à mon côté : Veux-tu que j’éteigne la lumière ? Dans le noir elle demeure au bord des paupières, figée, brillante, la voix.

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lutine - 09-06-2009


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Commentaires
L
"Personne ne veut me croire, mais dans mon placard, il y a de la lumière qui palpite comme le monde à sa naissance."<br /> <br /> ton placard en poupées russes est un journal intime à l'envers, c'est lui qui raconte. Merci pour ce texte si bien écrit
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V
"Les Dieux n'existent pas et c'est de cette absence que naissent les temples, les guerres et les tombeaux" ALAIN <br /> ...<br /> <br /> Lorsque j'avais quinze ans j'avais écrit ce truc. Et c'est ta robe suspendue qui m'y a fait penser. <br /> ...<br /> <br /> Je sais que personne ne me croit.<br /> Pourtant, c’est vrai.<br /> Dans mon placard, il y a un autre placard et encore un autre et puis<br /> <br /> J’ai essayé de le leur faire visiter, <br /> mais ils ont refusé de se pencher si bas pour atteindre la porte qui ne s’ouvre que la nuit.<br /> <br /> Mon placard est vivant.<br /> <br /> En y rentrant la première fois j’y ai fait connaissance d’une robe de linon doux et blanc suspendue et frémissante. Quand j’ai posé mes mains sur elle, elle s’est enturbannée autour de mes doigts, comme pour m’avertir :<br /> “ Ne reviens pas ici!!”<br /> Mais la curiosité me reconduit chaque nuit à apprivoiser la robe. <br /> Une nuit, elle s’écarte, me laissant entrevoir une autre porte d’où s’échappe un rai lunaire. La lumière de ce lieu sans limites apparentes, dont je pressens qu’il est un sas vers autre chose, est assez vive pour me laisser entrevoir, à mes pieds, une petite trouée d’où s’échappe une lueur incandescente .<br /> <br /> Mon bras s’y immisce, <br /> Derrière lui je m’étire, aspirée ..<br /> Je suis dans la matrice.<br /> <br /> La lumière est d’eau froide, viscosité <br /> Eblouissante que pétrissent mes doigts <br /> Sans rencontrer de bornes à leur curiosité.<br /> <br /> Depuis, chaque nuit, j’y retourne. <br /> Qui pourrait me dire ce qui se cache <br /> Au-delà de cette pulpe de fluor liquide?<br /> <br /> Personne ne veut me croire, mais dans mon placard, il y a de la lumière qui palpite comme le monde à sa naissance.
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