Cube d'eau
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Je vais couper l'essentiel qui me semblait être et partir, je ne serai jamais tranquille entre deux bassins, du réel à l'irréel, je me perds. Amère je le suis à l'étroit dans une combinaison qui ne me convient pas, le buste aplati, l’épaule bloquée dans un bleu trop épais. Je suis liane et me voilà enchaînée alors que je devrais être lame de rasoir dans la pliure de la matière. J'ai retourné ma peau, elle ne transpire plus et ralentit mon expression. Invulnérable je me suis accrochée comme un lierre et me voilà feuille étiolée dans une maison sans étoile.
J'avais creusé le sillon jusqu'au podium tant de fois, préparé le nid, élagué les ronces craignant la peau écorchée. Dans ma voracité j'ai fait plus blanc que blanc légère comme une plume d’oiseau et me voilà fleuret brisé d'ennui dans un monde sans vague, dans une eau mazoutée. Je vais gonfler mes poumons et atteindre des sommets ailleurs, peu importe si je ne croise pas le fer, l'important est de respirer sans perdre la tête.
Je vais casser la vague émoussée avant l'heure, on s’est trop applaudi pour supporter la plage sans rouleaux. Comment fendre cet habit de lumière et glisser dans le gant de l’océan ? Un doigt oui juste un doigt sans anneau non. Le corps déshabillé du fourreau contre l’aiguille du temps se meurt.
Il y a une ligne d'eau qui mène à l’exil, dans mes bras je l’ai longtemps serrée, je l’ai usée suspendue à la gloire. Le feu s’est éteint dans un cube d’eau.
lutin - 12-08-2008