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Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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29 octobre 2007

Lévitation

main_20divine_20feu

        Je suis dans la chambre juste à côté, la porte entrebâillée laisse filtrer la lumière de l’écran bleu, cliquetis des touches, ventilation de la carcasse qui n’en peut plus de la profusion des mots, j’entends tes mots chuchotés, j’entends le froid de ta main, la crispation de ta nuque, tu as quitté le jour, tu as quitté la nuit, tu es entre deux mondes, ni mort ni vivant, un vêtement vide sur la chaise, le corps en suspension, un ovni gravitant autour de son cerveau, un manteau de feu quand l’esprit va plus vite que les doigts sur le clavier, un volcan en effervescence laissant couler sa lave dans le débordement des heures de la nuit. Tu es l’écrivain qui fera de son lecteur un prisonnier de l’image, le tortionnaire de son cerveau.

Dans le noir je te vois flairant ma respiration sous les draps, tu as baissé la télévision, mis le casque sur tes oreilles. Il est trois heures quinze du matin, les aiguilles de la montre se superposent à l’horizontal, il est l’heure de te coucher. Electrisé tu refuses l’avancée de la nuit, la dureté de la sonnerie du matin, tu espères l’extension de cet état d’apesanteur. Je me détends la tête sur l’oreiller, les yeux  fermés, j’entends le vent, j’entends ton souffle,  j’entends la pluie tomber,  j’entends les hallebardes que tu laisses tomber en caractères de feu liés les uns aux autres, une tempête en toi qui semble ne jamais pouvoir s’arrêter. Trois heures trente, une aiguille du réveil pique du nez le tien aussi sur le clavier, je t’écoute  t’essouffler dans ta relecture, ta voix perd de la vitesse dans le triangle à angle droit de l’horloge et de l’écran, contre les volets le vent perd de sa puissance, à croire que tu faisais corps avec les éléments.

Dernière lutte tu ouvres le frigo, mange un yaourt, il n’y a plus de jus d’orange, tu vas aux toilettes, encore un regard sur l’ordinateur, derniers cliquetis Ctrl S – Ctrl C – Ctrl V, couperet d’une nuit en lévitation, tu donnes en pâture ce qui a secoué tes tripes plusieurs heures durant, tu seras le bourreau du lecteur ficelé à son écran. Dans le noir je devine tes gestes, tu enlèves ton slip, ton tee shirt, tes gestes sont lents, tu respires calmement, lentement tu soulèves la couette, tu te glisses contre moi, me prends par la taille, tu fais le mort pour ne pas me réveiller à quatre heures du matin. La pluie tape contre les volets, tes doigts ne bougent plus, tu deviens mort dans ton sommeil, à l’heure du glas dans trois heures le réveil sera sans pitié, le lecteur aussi.

Lutin – 29-10-2007

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26 octobre 2007

Epitaphe

un_ange

Main en éventail, le bras tendu

plombée par un ciel trop bas, je me cogne la tête

les arbres comme des sabres lancent leurs tiges amaigries

un parterre de feuilles mortes

coupées de la sève se souvient

courent les mots sortis de ma bouche

des lettres de sang forment une épitaphe

il était là, c’était sa destinée

il a marché à reculons pour effacer ses pas

un saut de l’ange,  auréolé de lumière

c’était son cri

et reste l’empreinte à jamais

une flèche de glace vue du ciel

vers la fenêtre accrochée au balcon le noir s’est installé

les ombres dansent à mon chevet

en requiem la musique tourne en boucle

.

.

lutin- 26-10-2007

21 octobre 2007

Un jour d'exception

DSCN1297

Aujourd'hui j'écrirai peu

les mots me manquent noués tout au fond de la gorge

les yeux ne sont que flaque d'eau, mare, étang, océan

de cette étendue d'eau je vous en livre le sel :

Une grande joie

mais aussi une grande douleur

les absents sont encore plus absents

le chagrin encore plus immense la main froide dans le vide

la vie continue... qu'elle soit heureuse

Putain pourquoi tant d'absences

sa main n'est pas là pour réchauffer la mienne, hier aussi elle était froide

ce froid humide de la peur

.

Trop d'absents oui bien trop...

une envie de crier

alors je vous le livre ce cri

STOP … !

Je plonge sous l'eau confier mes mots

là où personne ne peut m'entendre

DSCN1296

.

DSCN1307

http://www.dailymotion.com/video/x1q36c_edith-piaf-non-je-ne-regrette-rien_family

lutin - 20-10-2007

18 octobre 2007

Grève

vitrine

Au volant de sa voiture une femme
lunettes noires face au pare-brise brouillé
le soleil blanc l’aveugle
elle lit rapidement les numéros de la rue
la peur de dépasser l’immeuble
dans le flux des voitures qui la pousse

Que regardent ses yeux, les passants n’en sauront rien
dans l’habitacle, masquée et fermée elle n’est qu’un mannequin
un coup d’accélérateur à l’orange
un geste de la main pour s’excuser, pardon d'exister
non elle a encore le temps
noirs et blancs sont vos chemins tracés, rouge est mon sang qui court

Les vitrines exposent la mode de l’hiver, elle a chaud
ouvre la fenêtre
le bruit l’agresse
les moteurs en furie se jettent à ses oreilles
la pollution dénature son parfum

Tout est mouvement dans sa voiture
elle enlève l’écharpe blanche
freine face au passant râleur
accélère dès que le pied dépasse le capot
le ronflement du moteur démontre son agacement

Elle roule vite, elle a rendez-vous
défilent les enseignes jusqu’au numéro 235
un coup d’œil à la montre
une heure d’avance l’épaule contractée
le ventre noué

Deux euros pour un ticket
elle gare sa voiture
se fond dans la foule à grands coups de bottes
au numéro 233 elle pousse la porte
calmement se pose en vitrine

Elle regarde les passants agités
inspire en trois temps, des postures de yoga dans la tête
expire en six temps
posément elle plie son écharpe blanche, ôte ses lunettes noires
son blouson sur le dossier de la chaise
elle demande un thé à la menthe au serveur

Sa main plonge dans son sac
le téléphone à la main, elle articule d’une voix suave
chéri je suis en bas

.

lutin - 18-10-2007

10 octobre 2007

Amnésie/Amnistie

DSCN1153

Il ne faut plus réfléchir
les balançoires vides tanguent leur tristesse au vent de la nuit
l’herbe a laissé la marque de leur va-et-vient
les pieds ont imprimé une dernière page
si vous les revoyez ils pourront vous lire la fin de l’histoire sous le réverbère du jardin clos
les mots crisseront sous la dent


Il y avait l’attente si belle, la paillette sous la paupière
des bas de dentelle qui laissent la chair paraître dans le mouvement
Il y avait aussi le sein caché
dans le pull croisé noir près de son cœur
une main sur la peau, un semblant d’oubli pour mieux revenir
le baiser sur la main


Le soir est si doux quand on ne pense plus dans la chambre
quand la plume d’oie laisse l’empreinte du livre que l’on pose
les yeux mi-clos dans l’attente de l’ombre qui s’allonge
sur l’oreiller le poids de la tête dessine les rêves
tanguent les mots, s’agite le corps dans les draps


Il y avait un grand trait noir sous l’abat-jour du ciel à l’heure de la nuit
des jambes longues et silencieuses dans l’ouverture de la hanche
des pas si lents au croisement de la paupière
un genou à terre embrasse la main tenant le livre
repos forcé pour supporter l’attente
les instants sont doux  dans l’amnésie/amnistie du fil du temps

Inspiration venant du film : Je vais bien je t'en fais pas :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18638624&cfilm=108818.html





lutin – 10-10-2007

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4 octobre 2007

Extrême onction

Encercle_20bronze

.

Elle sort de sa peau

pour d’autres cieux

donnez-lui le pas

sur ce lit de roses

fleur rouge offerte

à jamais fermée

elle s’est laissée mourir

au fond

elle n’a pas bu la dernière goutte

Au point de non-retour

pétales fripés

elle s’est couchée dans l’attente

de l’extrême onction

donnez-lui le vent

donnez lui la force

de pousser les nuages

fleur rouge à  jamais fermée

elle expire son dernier air

dans l’attente d’un mirage

Au point de départ

donnez lui la vue

elle veut voir ses amours

avant de fendre la matière

en fusion

le ciel est si bas

elle a peur de se cogner la tête

La mèche de cheveux vers d’autres cieux

elle contemple ce ventre énorme

qu’est le ciel

là haut on emprisonne les morts

là haut on emprisonne l’amour

là haut on ne respire plus

alors d’où vient le vent

peut-être la dernière expiration du dernier venu

Les nuages  l'appellent

elle a aimé le ciel

plein de promesses

au rythme saccadé d’une fin de vie

ils lui racontent des histoires d’enfant

le lapin aux grandes oreilles

l’ours en peluche éventré

on lui a arraché le cœur

donnez lui la force de partir

statufiée dans une peau de bronze

.

.

lutin - 04-10-2007

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