Fissure
.
.
.
Elle a ôté la poussière sur l’étagère, l’objet posé là a crée la fissure de l’esprit. Il a suffi d’une bonbonnière, ce n’est pourtant pas la lampe d’Aladin, charivari entre quatre murs.
Elle a pensé à la mer et à rien, elle a senti le sucre, le poison, une envolée d’illusions à l’ouverture du couvercle de porcelaine. Lentement des odeurs d’amande enveloppent la chambre comme une barbe à papa, écheveau de sucre tissant sa toile, et le sucre se dissout, douceur de la langue, douleur de la dent sensible, coup de poignard quand la main potelée de l’enfant se calque sur l’empreinte incrustée. Chat écorché chaque jour est un hiver quand la fissure charnelle l’entraîne dans un monologue de la pensée.
On peut écrire la peau n’est pas neuve, drôle d’expression entendue dans le vent de la maison quand ses doigts agiles déplient le papier d’argent dans la nuit du silence, habile elle le défroisse en fait un carré lisse pour effacer la fissure.
Elle a mis sous clef ses instants d’amertume, elle ne pense plus… elle vit, apprivoise l’amour. Elle a jeté les fleurs qui nourrissent ses pensées et ne regrette rien. Sur le carré de lumière elle déplie ses membres. Pour attirer son attention elle se pare de lumière, joue avec les ombres, recherche l’angle, oui elle est folle d’un homme, consume le temps entre ses bras. Elle a pensé à la mer et à son regard bleu, elle a ôté la bonbonnière de l’étagère, dans la maison un vent léger a effacé les odeurs d’un passé qui ne rimaient plus à rien.
Elle a mis toutes ses affaires contre les siennes. Elles ont fermé la blessure. Il a suffi d’un mot magique.
Lutin – 10-04-2007