Gong
Le sommeil est posé sur le canapé, les lumières bleues se sont éteintes, léger souffle, la chemise respire la nuit, elle dit calmement que la paix s’est installée en dessous au rythme du pouls.
Tiraillée sur le velours de ce lit de fortune l’étoffe du vêtement baille. Tu laisses ainsi le poids des souffrances de ce monde. Enfant tu redeviens, la main près du visage, le pouce si près de la bouche mais le sommeil n’est pas assez profond alors il résiste. Encore quelques minutes et ce doigt retrouvera la saveur du petit garçon roulé dans son lit.
La jambe abandonnée à l’équerre raconte dans sa mollesse la profondeur des rêves qui te puisent et t’épuisent. Au creux de l’oreiller laisse tes peurs.
Fluidité du cil contre la joue et soudain la crispation du nerf, l’orage de tes jours froisse la peau. Le doigt jusqu’à présent inerte tremble sur le tissu, soubresaut imperceptible alors que l’ouragan devrait transpercer le tissu qui t’habille. Il faut chasser ses peurs dans le sommeil réparateur, les expulser dans la sueur des draps pour se retrouver aussi léger que la plume.
La guerre est couchée sur ce lit de repos. L’armée a ravagé une tête d’ange, les canons ont réveillé les paupières et les voilà agitées comme si l’obus avait atteint le cœur laissant un cratère béant. Tes lèvres expulsent quelques éclats, traîtresse la nuit a pris possession de toi alors que le corps n’aspire qu’aux plaisirs sans contrainte comme le cheval au galop sur la plage.
Un pied s’agite voulant chasser les sorcières de tes cauchemars, comme c’est drôle de regarder tes orteils enveloppés de chaussettes noires, elles sont en accordéon, un petit trou découvre un ongle. Tu es donc l’enfant de tes rêves, des châteaux de sable naissent de tes mains.
lutin - 27-01-2007