Le cri
Les mouettes c’est beau, j’aimerais être mouette, regardez elles se laissent porter, une valse à quatre temps selon l’amplitude des vents. Quelquefois elles donnent l’impression de faire du sur place. Comme j’aimerais être suspendue entre le ciel et l’eau. Quand la faim les tenaille elles prennent une autre forme, comme une fusée elles fendent l’eau, une nourriture providentielle à tout moment pour mieux reprendre la liberté celle qui nous manque jusqu’à l’oppression. Nous terriens nous sommes si peu de chose, des prisonniers de la vie devant la rame du métro.
Le triangle des Bermudes certains l’ont côtoyé, quelquefois sans succès, certains y ont laissé leur peau, nous terriens nous sommes si peu de chose affublés de notre costume trois pièces, l’attaché case à la main, la liberté en moins. J’aimerais être un oiseau migrateur, passer les saisons au gré des vents et du climat sans croiser l'homme prédateur.
Avez-vous déjà écouté le cri des mouettes ? est-ce un cri ? Non c’est un rire je vous le jure, le rire moqueur de l’oisiveté, celle qui nous manque dans cette camisole que l’on nous enfile le jour de la naissance. Ces oiseaux blancs non bagués dévalent sur les plages en escadron pour mieux nous narguer. Regardez les, ils ont l’oeil du vainqueur sur ce monde.
Pourquoi ai-je les yeux baissés lorsque mes pieds frôlent les vagues, tout simplement parce que je me sens si fragile, lilliputienne face à l’immensité. Prends ma main, mes pas dans les tiens, nus suspendus l’un à l’autre, nous laisserons des traces nouvelles vite effacées quand la mer fera son œuvre. Seuls nous vaincrons.
lutin - 11-09-2006