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Un nouveau regard, les mots qui se détachent
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21 novembre 2005

Ta peau sur ma peau

Ta peau sur ma peau, notre différence écorche comme le frère en lutte avec l’inceste. Le besoin torturé d’en rajouter une couche, dans le noir, j’ai enfilé ton manteau, ta peau sur ma peau, j’ai éteint la lumière, une inspiration, l’odeur de ta peau, la présence de l’au-delà, ma main à la fenêtre, le voile glisse à fleur de peau là où l’empreinte est restée. Je regarde avec tes yeux au loin, des yeux noirs. L’emblème de notre ville brille, l’église où nous nous sommes rendus en famille tant de fois et une dernière fois. Je prie, je t’explique la vie d’ici, tes yeux si près. Des yeux bleus, l’emblème de notre amour, absents, et je mélange le passé et mon présent, mon vide. Des ombres dans l’obscur de mes pensées, je tâtonne, le pas hésitant, mes mains frôlent les murs, à chaque porte mon cœur palpite, la peur de l’ombre et l’envie, un mélange, la peur de la main qui me touche celle du mort ou du vivant, la sueur au bout des doigts je continue, la cuisine dans le noir, des odeurs de tartes aux pommes, de pain grillé, l’enfance jetée à la figure. J’ai ton manteau sur le dos, ton enveloppe charnelle.

Comme un fantôme aux cheveux noirs je parcours mon bien resté en l’état, ma chambre à droite je m’en souviens, les tentures bleues, mes enfants respectent notre vie, la chambre à gauche est vide, je pleure les lits de mes enfants, à la fenêtre je les cherche au loin. Dans mon manteau je suis le temps d’un instant la vie, sortie de l’au-delà dans la peau d’une autre. J’ai des lacunes dans cette vie terrestre, un trou blanc qui m’échappe, que s’est-il passé, peut être enlever cette peau tissée qui n’est plus mienne, rejoindre les morts, laisser les vivants faire leur œuvre.

J’ouvre l’armoire, dans le noir je sens la lavande, les effluves de leur vie, le linge bien rangé, je remonte son col contre mes joues, j’étrangle ma taille de sa ceinture, j’aime me faire mal, j’attends les émotions, les larmes, l’étouffement autour du cou, l’écorchure de la peau. Je reste plantée là dans ce couloir, le point de rencontre dans la bousculade du matin quand le réveil de ses aiguilles dit que nous sommes en retard pour l’école. Mes oreilles sifflent à trop vouloir entendre les voix, je serre le tissu de ton vêtement, te coller à la peau, je ferme les yeux dans le noir pour que le noir soit plus noir. De l’eau sur ma peau quand je me rapproche, j’ai froid aux mains, je pleure, un mélange, notre passé, mon passé, mon présent, un échec. Je resserre la ceinture de ton manteau, je fais un double nœud, sur mon ventre il se plaque et ma main tendue dans le noir tremble à attendre un souffle, et ma main tendue dans le noir attend une main secourable. Imprégnée de vous j’allume la lumière, je suis seule dans cet appartement froid. Avez-vous senti ma présence le temps d’un instant, je ferme délicatement la porte à clef, rejoindre mon vide à moi, mon appartement, fermer les yeux, attendre la couleur de tes yeux bleus dans ce monde peut être. Prendre du recul dans la lumière.

lutin - 20-11-2005

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Commentaires
D
Ou découdre le manteau ? Mais c'est long et c'est aussi absurde. "Elle" porteuse de l'homme, pas porte-manteau...
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